Les relations internationales attirent. Près de 20 000 visiteurs ont arpenté en deux jours la Sorbonne Nouvelle pour la « Fabrique de la diplomatie », un succès qui a surpris les organisateurs. Le public était donc au rendez-vous. Entre conférences et réseautage, Lesfrancais.press était sur place pour comprendre les motivations des participants comme des exposants.
Un nouveau lien entre les Français et sa diplomatie ?
« Renouer le contact entre la diplomatie française et le public », tel était l’un des objectifs que nous avait confiés Didier Le Bret, ambassadeur et directeur de l’Académie diplomatique et consulaire, à la veille de l’ouverture de la « Fabrique de la diplomatie ». Avec 20 000 visiteurs accueillis à la Sorbonne Nouvelle, à Paris, les 5 et 6 septembre, le pari semble gagné.
Dès l’ouverture, une file d’attente de plusieurs centaines de mètres s’était ainsi formée devant les bâtiments de l’université, digne d’un concert de star ou d’un grand rendez-vous sportif. Or c’est bien pour participer à la « Fabrique de la diplomatie » que ces personnes patientaient. Nous les avons donc interrogés sur les raisons qui les avaient conduits à se rendre à ces journées proposées par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE).
La fabrique de la diplomatie : un lieu pour déposer son CV
Nombre de jeunes ont ainsi répondu présent à l’invitation diffusée sur les réseaux sociaux par le MEAE. Hugo, étudiant en master d’histoire et théorie des relations internationales à la London School of Economics and Political Science (LSE), a fait le déplacement depuis Londres pour « rencontrer des personnes » et, surtout, décrocher un stage : « j’envoie des dizaines de CV et de lettres de motivation, et je n’ai jamais de réponse » nous a-t-il dit. Pour lui, l’événement est l’occasion d’entrer directement en contact avec celles et ceux qui pourraient l’accompagner dans son parcours.
Autre étudiant croisé avant l’ouverture des portes, Axel, qui suit un master de droit international à Marne-la-Vallée. Lui aussi est venu pour « faire des contacts et déposer (sa) candidature en vue de trouver une alternance. »
Romane, quant à elle, est engagée dans le mouvement des « Jeunes européens ». C’est sa passion de l’Europe qu’elle souhaite notamment transmettre à celles et ceux qui passeront par le stand de la Commission européenne, présente lors de cet te « Fabrique ». Et si en même temps elle peut aussi poursuivre l’aventure à l’occasion d’un stage, elle ne dira pas non.
Pour Maïana et Manon, actuellement inscrites à l’Institut catholique de Paris (ICP), la motivation n’est pas celle de décrocher une expérience professionnelle, mais de valider le choix de leurs études. « On va devoir se spécialiser, alors rencontrer des professionnels va nous permettre de suivre une bonne filière ». Et ajoutent-elles toutes les deux « on veut aussi partir à l’étranger pour acquérir de l’expérience, cela nous donnera des idées ».
La fabrique de la diplomatie : le premier pas vers l’expatriation ?
S’expatrier suppose également d’avoir un projet. Pendant les journées de la « Fabrique », Maïana et Manon ont peut-être croisé les représentants de France Volontaires, notamment Charlotte Chirion, responsable de la communication de cette plateforme engagée dans la coopération et le développement. « Le volontariat, c’est un engagement de solidarité qui contribue aussi au rayonnement de la France », explique-t‑elle aux curieux comme aux plus motivés. Quelle que soit votre envie, elle insiste sur un point auprès de ces interlocuteurs du jour : « questionnez‑vous sur vos motivations et préparez votre départ ». L’objectif de cet événement est, entre autres, de partager les bonnes expériences et éviter certaines difficultés liées à la vie hors de France sur la base de témoignages.
D’ailleurs, l’un des premiers réflexes à adopter quand on s’expatrie est de s’inscrire au registre des Français établis hors de France. Présent à la « Fabrique de la diplomatie », l’espace France Consulaire a rappelé l’importance de ces services pour nos compatriotes résidant hors du territoire national.
Autre acteur majeur de la présence française à l’étranger, l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) était bien présente lors de ces journées. Outre l’accueil de 400 000 élèves dans 612 établissements répartis dans 138 pays, l’agence recrute des enseignants, des personnels d’encadrement et des fonctions support. Un site dédié, appelé « Talents », a d’ailleurs été lancé il y a quelques mois. Sandrine Demangeat en a présenté le fonctionnement ainsi que les opportunités d’emploi au sein de ce réseau mondial, y compris dans le contexte de la réforme structurelle en cours de l’agence.
La diplomatie ce n’est pas que le costume cravate
De nombreuses autres professions ont été présentées au public tout au long de ces deux jours dédiés à la manière dont la France façonne sa diplomatie, ainsi que les concours qui y mènent. Certains visiteurs ont découvert des métiers insoupçonnés, comme ceux liés à « l’évaluation de la performance et des politiques publiques ». « Oui, nous faisons partie intégrante de la diplomatie », indiquait l’un de leurs représentants venu parler de son travail. Son parcours illustrait ainsi le message affiché par le ministère des Affaires étrangères : « Un diplomate, ce n’est pas seulement un costume-cravate et des Richelieu. Nous voulons dépasser ce cliché et montrer la richesse et la pluralité de nos métiers. »
L’angle économique a également occupé une place importante, avec plusieurs conférences consacrées à ce sujet, lors de cet événement dans les locaux de la Sorbonne nouvelle. Véronique, cheffe d’entreprise dans le négoce du bois, était venue s’informer sur le commerce extérieur : « Les décisions prises ont une incidence directe sur mon activité, au-delà même des droits de douane » indique-t-elle. « Je suis aussi venue pour faire passer des messages aux décideurs ». La Fabrique de la diplomatie « ne se construit pas uniquement au Quai d’Orsay » nous a t-elle partagée.
Le succès de la « Fabrique de la diplomatie » et de ces deux journées ne fait aucun doute. L’idée d’une 2e édition est déjà sur la table. Les relations internationales passionnent, l’expatriation aussi. D’ici l’an prochain, si ces sujets vous intéressent et que vous souhaitez mieux les comprendre, adoptez le réflexe de consulter au quotidien l’actualité de nos compatriotes vivant à l’étranger sur notre média Lesfrancais.press.
Auteur/Autrice
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Jérémy Michel est rédacteur en chef adjoint du média Lesfrancais.press. Il est également coach en développement personnel et formateur en communication. Jérémy a auparavant travaillé au sein de diverses institutions politiques françaises et européennes. Il a aussi été en charge des affaires publiques d’un grand groupe spécialisé dans la santé.
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