Depuis plusieurs années, le sujet de l’expulsion des migrants en situation irrégulière crispe les autorités françaises. Cependant, l’’annonce semble avoir été une surprise totale pour les autorités des trois pays du Maghreb( Algérie, Maroc, Tunisie) En effet, la France a décidé de réduire de 50 % le nombre de visas accordés aux ressortissants marocains et algériens, et de 30 % ceux octroyés aux Tunisiens.
« C’est une décision drastique, c’est une décision inédite, mais c’est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France »
Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, mardi 28 septembre sur les antennes d’Europe 1.
La décision de Paris, justifiée par le refus des pays maghrébins de rapatrier leurs ressortissants en situation irrégulière sur le territoire français entraine de nombreuses réactions des questions à nos compatriotes résidant dans ces pays.
Incompréhension en Algérie, au Maroc et en Tunisie
Du côté marocain, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a indiqué avoir pris connaissance de cette décision qu’il a qualifié de « non-justifiée pour plusieurs raisons ». Le ministre note que « le Maroc a toujours géré le dossier de l’immigration avec responsabilité et sur la base d’une logique d’équilibre entre la facilitation de mobilité des personnes, que ce soit les hommes d’affaires, étudiants, ou autres, et la lutte contre l’immigration clandestine et l’intransigeance avec les personnes en situation d’illégalité ». Mieux, Bourita estime que le Maroc sur la base de cette approche responsable, avait donné des instructions claires « Je pense que nos différents consulats ont délivré, rien qu’au cours des 8 derniers mois, quelques 400 laisser-passer pour des immigrés refoulés », a-t-il noté le ministre.
Pour l’Algérie, c’est Amar Belani, l’envoyé spécial chargé de la cause du Sahara occidental et des pays du Maghreb arabe en France, indique que son pays « prend acte de cette décision disproportionnée », qu’il « déplore ». « Dans la forme, elle est malencontreuse car elle intervient à la veille du déplacement d’une délégation algérienne à Paris dans le but de faire le point sur tous les cas en suspens et de déterminer le mode opératoire le plus satisfaisant en vue de renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l’immigration irrégulière », a-t-il expliqué, avant d’ajouter : « Sur le fond, la dimension humaine est au cœur des spécificités de la relation algéro-française et du partenariat d’exception qui lie les deux pays. »
En Tunisie, le gouvernement étant en cours de formation et l’Etat d’urgence étant instauré, les réactions ne furent pas nombreuses. Un député de la majorité, Yadh Elloumi, s’est aventuré à réagir : « La France est-elle consciente des conséquences de ces actes sur l’amitié et la collaboration entre les deux peuples ?« .
Les élus des expatriés inquiets
Les représentants des Français de l’étranger ne pensent pas que nos compatriotres soient en danger. Mais il est évident que les gens avec qu’ils partagent le quotidien s’interrogent. En effet, des principes fondamateaux semblent être battus en brèche.
En particulier le principe de l’étude au cas par cas des demandes de visa. L’ étude réalisé par les services consulaires et le ministère de l’intérieur devrait faire l’objet d’une instruction objective de la situation du demandeur, sa nationalité étant un critère d’analyse de sa situation, mais pas un motif de refus de visa. Est ce finalement l’introduction d’une politique de quota ?
Autre source d’inquiétude, les étudiants ? Ils sont nombreux à venir étudier sur les bancs des universités françaises, quelle politique leur sera appliquée ?
Le spectre de la présidentielle
Ils sont nombreux à penser que la décision du gouvernement a été prise surtout dans le cadre de l’élection présidentielle et de la percée d’Eric Zemmour. Alors que de nos confrères d’Europe 1 lui faisaient remarquer que le polémiste et candidat putatif à la présidentielle Éric Zemmour avait émis l’idée d’un tel durcissement, Gabriel Attal a souligné que le gouvernement n’avait « pas attendu qu’Éric Zemmour en parle pour (lui)-même en parler », les « premières réunions » sur le sujet datant d’ « il y a plus d’un an ». Réagissant à cette annonce sur France Inter, le président par intérim du Rassemblement national Jordan Bardella a affirmé qu’ « on jugera le résultat », déplorant qu’Emmanuel Macron ne soit pas parvenu, comme promis selon lui en campagne en 2017, à « 100 % d’exécution des OQTF ».
Entre sécurité du territoire français, crise économique, présidentielle, les expatriés se retrouvent en première ligne pour expliquer cette décision à leurs amis, employés, prestataires et fournisseurs de ces nationalités. Et lorsqu’on demande à la majorité présidentielle de donner quelques éléments de language, via le député des Français du Maghreb, Mjid Guerrab, il nous indique qu’étant Burkina fasso… Lui qui a prévu sa réélection l’année prochaine en promettant à tous les binationaux des visas pour leur famille est d’un coup bien silencieux.
Pour certains la solution serait de créer un seul droit d’asile pour l’Europe entière.. la France va président l’Union européenne pendant 6 mois à partir du premier janvier.
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