Explosion du déficit budgétaire
Le déficit budgétaire est passé en quelques mois de -0,5 à -9 % du PIB au sein de la zone euro. Lors de la crise des subprimes, le déficit s’était élevé en 2009 et 2010 à -6 % du PIB. La dette publique pour la zone euro devrait atteindre 105 % du PIB à la fin de l’année contre 85 % fin 2019, soit une hausse de 20 points de PIB.
Entre 2007 et 2015, elle avait progressé de près de 30 points. Le risque avec des niveaux élevés d’endettement est l’effet boule de neige, les déficits s’ajoutant aux tombées de capital à financer. La solvabilité des États dépend du solde budgétaire primaire (avant paiement des intérêts) du poids de la dette, du taux d’intérêt et de la croissance. Plus l’endettement est élevé, plus l’excédent budgétaire primaire doit l’être aussi.
En 2019, la zone euro dégageait un excédent budgétaire primaire positif de 1 point de PIB. La France faisait exception en ayant toujours un déficit primaire. Echaudés par la crise de 2008, les gouvernements ne se hasarderont pas à dégager rapidement des excédents primaires. Ils craignent, en partie à raison, qu’en diminuant la croissance, une politique d’austérité avec une baisse des dépenses publiques et une hausse des impôts, provoque également une crise des dettes publiques.
Un financement compliqué
En refusant d’assainir les comptes publics, les gouvernements risquent d’alimenter les rumeurs de défauts de paiement, conduisant les investisseurs à augmenter les taux d’intérêt. Cette hausse pourrait entraîner une crise des dettes publiques. La seule voie de sortie positive est un rebond fort et durable de la croissance permettant d’atténuer le niveau de l’endettement. Elle suppose que les plans de soutien puissent générer un cycle d’expansion.
À défaut de croissance, la Banque centrale européenne est obligée de maintenir ses taux bas et de réaliser de rachats d’obligation sur une longue période.
Depuis 2015, la part de la dette publique de la zone euro détenue par la BCE est passée de 2 à 30 % du PIB. Ce processus est amené à se poursuivre. En 2020, la hausse de la dette publique non détenue par la BCE en pourcentage du PIB provient seulement de la baisse du PIB. Avec les rachats de titres publics, la BCE réduit la proportion de titres sans risque sur le marché, conduisant ainsi à la baisse des taux, d’autant plus que l’aversion aux risques des investisseurs reste élevée. Il en résulte que la hausse de l’endettement public n’aura pas d’effet sur les taux d’intérêt à long terme, en particulier sur ceux des pays du cœur de la zone euro.
La Zone euro en tension
La contrepartie des rachats massifs d’obligations par la banque centrale est l’augmentation de la détention de monnaie par les autres agents. En vendant les obligations, les banques enregistrent, en effet, depuis 2015 une forte hausse de leurs réserves à la BCE, réserves sur lesquelles elles perdent 0,5% par an. Leurs réserves sont passées de 300 à 2400 milliards d’euros de 2015 à 2020. Les autres agents économiques, entreprises et ménages, par ricochet disposent également d’encaisses monétaires croissantes. Les dépôts à vue des ménages français sont passés de 200 à 430 milliards d’euros de 2008 à 2020. Comme la demande de monnaie n’augmente pas à due concurrence de l’offre, les agents économiques l’utilisent pour l’acquisition d’actifs, immobiliers ou mobiliers (actions).
Au sein de la zone euro, le prix des logements a augmenté de plus de 65 % en vingt ans. Dans certains États, comme la France, les prix ont plus que doublé. La valorisation des actions est également en hausse, les investisseurs à la recherche de rendement n’ayant pas d’autres options.
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