La décarbonation et l’efficience énergétique

La décarbonation et l’efficience énergétique

Les États de l’Union européenne ont pris l’engagement de réduire 55 % de leurs émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport au niveau atteint en 1990. L’atteinte de cet objectif apparaît, en l’état actuel, difficile d’autant plus que les résistances face aux mesures environnementales tendent à se multiplier. 

Depuis 1990, les émissions de gaz à effet de serre ont été réduites de 27 % au sein de l’Union européenne et de 26 % en France. Pour respecter l’engagement pris dans le cadre des Accords de Paris, d’ici 2030, les États membres de l’Union européenne devraient réduire leurs émissions de 28 % et la France de 29 %. La réduction devrait être en rythme annuel de 3,7 % au sein de l’Union et de 3,8 % en France. Or, depuis 2018, les Etats européens ont réussi à diminuer leurs émissions de 2 % par an et la France de 2,2 %. 

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L'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 pour les Etats de l'UE semble difficile à atteindre

La part des énergies renouvelables est passée de 15 à 23 % au sein de l’Union européenne de 2010 à 2022

Les pays européens comptent sur le développement des énergies renouvelables pour diminuer leur empreinte carbone. La part des énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse, biogaz) dans la consommation totale d’énergie est passée de 15 % à 23 % au sein de l’Union européenne de 2010 à 2022. Pour la France, les valeurs respectives sont de 12 % et 21 %. 

À la différence de ses autres partenaires, la France compte sur les centrales nucléaires pour respecter ses engagements. La part de cette énergie dans la consommation finale brute est de 32 % en France, contre 9 % au sein de l’Union européenne. Avec la fermeture des centrales allemandes et de Fessenheim en France, la part du nucléaire s’érode. Le programme de construction de nouvelles centrales nucléaires ne portera ses fruits qu’après 2030. 

Après l’embargo sur le pétrole et le gaz russe, plusieurs pays européens ont été conduits à remettre en service ou à maintenir en fonction plus longtemps que prévu des centrales à charbon. En 2022, la consommation en énergie a été en recul en raison d’un temps clément et de la politique de sobriété mise en œuvre par les pouvoirs publics après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Des usines ont été amenées à arrêter leur production en raison des prix élevés de l’énergie. Cette situation ne devrait pas se reproduire, ce qui provoquera une hausse de la consommation. 

En moyenne, l’élasticité de la consommation totale d’énergie au PIB (en volume) est de 0,6 dans l’Union européenne et de 0,4 en France. Si la consommation totale d’énergie continue à augmenter suivant sa tendance antérieure, il faudra réduire le taux de croissance des émissions de CO2 de 1,7 point par an dans l’Union européenne et de 1,6 point par an en France entre 2023 et 2030, ce qui représenterait un effort considérable.

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Les pays de l'UE comptent sur le développement des énergies renouvelables pour diminuer leur empreinte carbone

Une diminution de la consommation d’énergie suppose une plus grande efficience énergétique

Une diminution de la consommation d’énergie semble indispensable pour décarboner ce qui suppose une plus grande efficience au niveau de son utilisation. Si la consommation totale d’énergie reculait à partir de 2023 de deux points par an par rapport à son rythme passé, la réduction nécessaire des émissions de CO2 passerait à 0,5 point par an dans l’Union européenne et à 0,8 point par an en France. 

Le respect de l’engagement de diminution de 55 % des émissions des gaz à effet de serre suppose une amélioration de l’efficacité énergétique ; produire autant ou plus en utilisant moins d’énergie. Cela suppose un accroissement des investissements et l’arrêt des subventions aux énergies carbonées. 

Or, depuis le début de la guerre en Ukraine, les gouvernements ont eu tendance à aider les ménages et les entreprises pour atténuer l’augmentation du prix du pétrole ou du gaz. Par ailleurs, la consommation de charbon a augmenté de plus de 4 % en 2022.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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