Le 13 novembre, la Zambie est devenue le sixième gouvernement à faire défaut en 2020 après l’Argentine, le Belize, l’Équateur, le Liban et le Suriname. D’autres pays pourraient les imiter. Trente-huit pays sont menacés d’un défaut de paiement d’ici la fin de l’année soit deux fois le nombre constaté au mois d’octobre 2009 en pleine crise des subprimes.
Le risque de défaut est d’autant plus élevé que le nombre d’acteurs intervenant sur la dette des Etats les plus pauvres est important. Les 73 pays les plus pauvres doivent près d’un cinquième de leur dette extérieure, une centaine de milliards de dollars, à des créanciers privés comme des banques, des compagnies d’assurances ou des fonds.
la Chine a plus de 76 milliards de dollars de créances sur les pays pauvres
Au niveau des Etats prêteurs, la Chine arrive loin en tête avec plus de 76 milliards de dollars de créances sur les pays pauvres. Le solde est entre les mains des autres grands Etats et des prêteurs multilatéraux comme la Banque mondiale.
Avec un tel éclatement de la dette, il est difficile de conclure des accords équitables d’allégement. Toute débâcle de la dette oppose les intérêts des emprunteurs à ceux des prêteurs, mais oppose également les prêteurs les uns aux autres.
Dans le cas de la Zambie, les prêteurs chinois (qui ont accepté de différer certains paiements) et les détenteurs d’obligations privées (qui ne l’ont pas fait) se reprochent mutuellement l’impasse. Le problème se posait également au niveau des créances détenues par les Etats.
Le Fmi toujours pivot du système
En effet, jusqu’à maintenant, la Chine ne participe pas au Club de Paris qui réunit les créanciers publics afin de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement de pays endettés. La Chine avait tendance à percevoir les intérêts et les remboursements d’emprunts des pays ayant fait l’objet d’un rééchelonnement dans le cadre du Club de Paris quand les Etats qui en sont membres acceptent des reports ou des annulations.
Dans le cadre du G20 qui s’est tenu en visioconférence, le sujet de la dette des pays pauvres a été abordée. Les Etats membres dont la Chine, l’Arabie saoudite et l’Afrique du Sud, ont signé un « cadre commun » permettant un traitement uniforme des dettes. Cet accord prévoit également d’associer les créanciers privés, qui ne participaient pas au moratoire, selon le principe de la « comparabilité de traitement ». Le débiteur se voyant offrir une restructuration de sa dette par un créancier public devra exiger le même traitement de tous ses créanciers.
Le Fonds monétaire international (FMI) sera « le pivot » du système, les pays demandant à bénéficier d’une restructuration devront se soumettre à un programme macroéconomique visant à assurer la « soutenabilité » de leur dette.
Les crises de la dette favorisent l’innovation financière
Au-delà des plans du Club de Paris, les crises de la dette favorisent l’innovation tant sur le plan financier qu’au niveau institutionnel. La crise de la dette latino-américaine des années 1980, par exemple, n’a finalement été résolue que lorsque les prêts bancaires illiquides ont été transformés en obligations négociables dites « Brady », du nom de Nicholas Brady, alors secrétaire au Trésor américain.
La crise actuelle pourrait redonner du crédit aux obligations dont le remboursement varie en fonction du cours des matières premières ou de l’énergie. Les obligations pourraient être indexées au taux de croissance du PIB (le capital ou les intérêts ne pourraient être dus qu’à partir d’un certain taux de croissance).
La voie des « obligations flexibles » permettant à l’emprunteur d’allonger leur échéance (et de reporter les paiements d’intérêts) en échange d’intérêts supplémentaires. Des obligations similaires existent déjà sur les marchés de la dette d’entreprise, ce qui pourrait faciliter l’acceptation d’une version souveraine par les investisseurs.
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