La Banque de France sans illusion sur la croissance 2025

La Banque de France sans illusion sur la croissance 2025

Le 16 décembre dernier, la Banque de France a présenté sa dernière projection économique avant l’adoption de la motion de censure. Le scénario retenu prévoit une croissance moins forte que prévu pour 2025, avec un déficit public estimé entre 5 % et 5,5 % du PIB.

Une faible croissance attendue pour 2025

Selon la Banque de France, la croissance resterait faible en 2025. Le PIB augmenterait d’environ un quart de point par trimestre, soit 0,9 % en moyenne annuelle. La demande intérieure serait affectée par les mesures de consolidation budgétaire ainsi que par l’incertitude qui les accompagne. Après une stagnation en 2024, la consommation devrait enregistrer une légère progression en 2025. La contribution de l’investissement privé resterait négative, mais dans une moindre mesure qu’en 2024. Le commerce extérieur contribuerait toujours positivement à la croissance. Mais dans une proportion moindre qu’en 2024, en raison de la normalisation des importations après un recul marqué.

En 2026, la croissance pourrait atteindre 1,3 %, grâce à la baisse des taux d’intérêt, qui stimulerait l’investissement. La consommation des ménages progresserait également, soutenue par une réduction modérée du taux d’épargne. En 2027, la croissance annuelle avoisinerait celle de 2026. Avec un rythme trimestriel se normalisant pour atteindre une progression du PIB de 1,2 % sur un an fin 2027, contre 1,4 % fin 2026.

Par rapport à sa projection de septembre, la Banque de France a repoussé d’un an la reprise de la croissance, laquelle s’avérerait, par ailleurs, plus modérée.

Une inflation durablement inférieure à 2 %

Selon l’estimation provisoire d’Eurostat, l’inflation IPCH atteindrait 1,7 % en novembre 2024 (glissement annuel), en légère hausse par rapport à octobre 2024 (1,6 %). L’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) serait de 2,2 % en novembre, après 2,1 % en octobre. Les Jeux olympiques et paralympiques ont entraîné une hausse temporaire des prix. L’INSEE anticipe une légère augmentation du taux d’inflation en fin d’année, liée aux effets de base des prix de l’énergie.

Sur l’ensemble de 2024, l’inflation totale devrait diminuer, passant de 3,0 % au premier trimestre à 1,9 % au quatrième trimestre. L’inflation sous-jacente resterait cependant au-dessus de 2 %. Atteignant 2,3 % au dernier trimestre 2024, contre 2,5 % au premier. En 2025, l’inflation totale reculerait à 1,6 %, après 2,4 % en 2024. Cette baisse s’expliquerait notamment par le repli des prix de l’énergie. En lien avec la diminution des tarifs réglementés de l’électricité et la baisse du prix du baril (68 euros contre 76 euros en 2024).

Banque de France @Adobestock
Banque de France @Adobestock

En 2026, l’inflation totale et l’inflation hors énergie et alimentation atteindraient respectivement 1,7 % et 1,9 %.

Des hausses salariales supérieures à l’inflation

En 2024, le salaire mensuel de base (SMB) progresse moins vite qu’en 2023, en raison de revalorisations plus modestes du SMIC et de hausses salariales moins importantes dans les accords de branche. Les primes de partage de la valeur (PPV) sont également en baisse. En 2025 et 2026, les salaires nominaux continueraient d’augmenter malgré la baisse de l’inflation, soutenus par le retour de gains de productivité. En 2027, la hausse des salaires convergerait vers 2,7 % en rythme annuel. L’emploi total se contracterait à partir du quatrième trimestre 2024 jusqu’au début de 2026, les entreprises ajustant leurs effectifs pour restaurer leur productivité.

Le taux de chômage atteindrait 7,8 % en 2025 et 2026, avant de redescendre à 7,4 % en 2027, grâce à une reprise plus soutenue de l’activité.

Un pouvoir d’achat en progression continue

Le pouvoir d’achat de la masse salariale progresserait de manière continue de 2024 à 2027. En 2024, il augmenterait de 0,7 %, soutenu par l’emploi salarié et la progression des salaires réels. En 2025, la progression atteindrait 0,9 %, malgré un tassement de l’emploi.

Une reprise de l’investissement des ménages et des entreprises

Pénalisé par la hausse des taux en 2023 et 2024, l’investissement des ménages repartirait à la hausse en 2025, avec un rebond significatif attendu en 2026 et 2027. L’investissement des entreprises, atone en 2025 en raison des incertitudes budgétaires et fiscales, reprendrait à partir de 2026, porté par les besoins en équipements informatiques.

Des déficits publics élevés et un endettement croissant

En 2024, le déficit public atteindrait -6,1 % du PIB, après -5,5 % en 2023. L’absence d’adoption des projets de loi de finances avant la fin de l’année rend les projections difficiles. Selon la Banque de France, le ratio dette/PIB passerait de 112 % en 2024 à 117 % en 2027. Pour éviter un emballement de la dette, la France doit supprimer son déficit primaire, actuellement à 3 points de PIB.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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