Les écoles françaises à l’étranger sont-elles en péril ? Comment réformer le réseau de l’AEFE qui comprend 612 établissements scolaires dans 138 pays ? Pour éclairer ces questions, Lesfrancais.press a interrogé Jean Hervé Fraslin. Élu des Français de Madagascar, il préside la commission en charge notamment de l’enseignement à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) ? Pour lui, au sein de l’AEFE, « il est possible de faire mieux pour moins cher ». Au cours de ce podcast, il esquisse plusieurs pistes de changements.
Écouter le podcast avec Jean-Hervé Fraslin
AEFE : une véritable inquiétude pour les parents ?
Alors que la 43e session plénière de l’AFE se tient actuellement à Paris, les 90 élus de l’Assemblée examinent plusieurs dossiers touchant nos expatriés. Si la nouvelle ministre déléguée chargée des Français de l’étranger, Éléonore Caroit, a déjà sur son bureau de nombreux sujets, l’un d’eux prend une ampleur croissante : la réforme des écoles françaises à l’étranger au sein du réseau de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) pourrait devenir une des priorités.
« Les raisons de s’inquiéter de la situation de l’AEFE existent.
Elles sont même assez nombreuses et elles ne sont pas récentes »
Jean-Hervé Fraslin, président de la commission de l’enseignement AFE
Depuis plusieurs mois, parents, élèves et enseignants alertent sur la situation de leurs écoles françaises à l’étranger. Ont-ils raison de s’inquiéter de l’avenir de leurs collèges et lycées hors de France ? Notre invité répons sans ambages « Oui, malheureusement, les raisons de s’inquiéter existent. ». Et il ajoute également qu’« elles sont même assez nombreuses et elles ne sont pas récentes ».
Quelles réformes pour l’AEFE ?
Alors qu’il siégeait au conseil d’administration de l’AEFE, Jean‑Hervé Fraslin dit avoir « identifié les difficultés structurelles liées à la conception même de cette agence et aux méthodes de gestion qui ne (me) semblent pas adaptées à l’époque contemporaine ». Pour y remédier, « plusieurs pistes pourraient être explorées », précise notre invité, dont il évoque quelques‑unes au cours de l’interview. Il souligne également que la place des parents devrait être mieux reconnue, notamment au regard de leur contribution au budget de fonctionnement des établissements.
À ce stade, la réforme de l’AEFE n’a pas été détaillée. Les élus des Français de l’étranger seront‑ils associés ? « Pour l’instant, nous ne sommes pas formellement sollicités » nous confie le président de la commission de l’Enseignement de l’AFE, qui appelle à l’ouverture d’un débat. Reste une question : avec quel interlocuteur ? Selon certains observateurs, le pilotage de la réforme ne relèverait plus de l’AEFE, mais plutôt de la DGM (Direction générale de la mondialisation) au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. En écoutant ce podcast, vous découvrirez la position de Jean‑Hervé Fraslin.
AEFE : vers une gestion ouverte à d’autres acteurs ?
Au cours de cet échange, Jean‑Hervé Fraslin s’appuie, entre autres, sur son expérience à Madagascar : « J’ai constaté que les acteurs les plus vertueux en matière de gestion n’étaient pas forcément ceux que la direction de l’AEFE appréciait le plus », glisse‑t‑il. Il évoque également de possibles liens entre la hausse des frais de scolarité et l’obtention de subventions.
« Je crois que l’on peut développer notre réseau de l’enseignement français à l’étranger, à la condition de changer de paradigme, et de ne pas penser qu’il y a un modèle vertueux, unique, celui qui est piloté par la gestion publique »
Jean-Hervé Fraslin, président de la commission de l’enseignement AFE
S’appuyant sur les résultats obtenus grâce à une gestion associative de parents, à but non lucratif, notre invité affirme « qu’au sein de l’AEFE, il est possible de faire mieux pour moins cher ». Reste‑t‑il pour autant optimiste quant à l’avenir du réseau d’enseignement français à l’étranger, alors que certains s’inquiètent même de la survie de l’AEFE ? « Je crois que l’on peut développer notre réseau de l’enseignement français à l’étranger, à la condition de changer de paradigme, et de ne pas penser qu’il y a un modèle vertueux, unique, celui qui est piloté par la gestion publique ». Ce message passera-t-il ?
Auteur/Autrice
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Jérémy Michel est rédacteur en chef adjoint du média Lesfrancais.press. Il est également coach en développement personnel et formateur en communication. Jérémy a auparavant travaillé au sein de diverses institutions politiques françaises et européennes. Il a aussi été en charge des affaires publiques d’un grand groupe spécialisé dans la santé.
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