Le Japon ferme un peu plus ses portes

Le Japon ferme un peu plus ses portes

Le Japon est un pays où l’immigration ne représente que 2,8% de la population et pourtant là aussi, les étrangers sont coupables de tout et l’archipel s’apprête à un peu plus serré la vis. Lors de son premier discours de politique générale devant le Parlement, la dirigeante conservatrice de 64 ans, Sanae Takaichi, première femme à accéder au pouvoir au pays du soleil levant, a dénoncé l’importance de l’immigration face à la pénurie de main-d’œuvre dans le pays, tout en soulignant les « inquiétudes » des Japonais.

Le Japon d’abord

Alors que le Japon est confronté à la diminution et au vieillissement de sa population, la deuxième plus âgée au monde après Monaco, Mme Takaichi a reconnu que « certains secteurs ont besoin de main-d’œuvre étrangère ». Elle avait adopté pendant sa campagne des positions fermes sur l’immigration et les touristes étrangers, dont le comportement irrite parfois certains habitants.

Les dernières élections en juillet ont ainsi signé l’essor d’un petit parti d’extrême droite sous le slogan « Le Japon d’abord », qui blâme les étrangers pour une multitude de problèmes, de la hausse des prix de l’immobilier à l’insécurité routière. « Si nous nous opposons clairement à la xénophobie, le gouvernement réagira avec détermination » en cas de manquements aux règles, a promis la première ministre. La ministre de la sécurité économique qu’elle a nommée cette semaine a ainsi vu ajouter à ses attributions la mission de veiller à une « société de coexistence ordonnée et harmonieuse avec les ressortissants étrangers ».

Des manifestants brandissent une banderole pour s’opposer à l’immigration
Des manifestants brandissent une banderole pour s’opposer à l’immigration devant le bâtiment de la Diète dans le quartier de Chiyoda à Tokyo, le 15 avril 2025. ©Mainichi/Asako Kamihigashi

Entre Washington et Pékin

Sur le plan diplomatique, « l’alliance nippo-américaine reste la pierre angulaire de notre politique étrangère et de sécurité », a lancé Sanae Takaichi dans son adresse, régulièrement ponctuée de cris et d’applaudissements de ses soutiens. « Je rencontrerai moi-même le président Trump lors de sa visite au Japon » attendue à partir de lundi, « afin d’établir une relation de confiance et d’élever les relations nippo-américaines à de nouveaux sommets ». La nouvelle dirigeante était une proche de l’ancien premier ministre Shinzo Abe, assassiné en 2022, qui avait multiplié les efforts pour entretenir des relations cordiales avec Donald Trump lors du premier mandat de celui-ci.

Mais en même temps, Sanae Takaichi affirme que les « activités militaires » de la Chine, de la Corée du Nord et de la Russie constituaient à ses yeux « une grave préoccupation », elle a plaidé en faveur d’un dialogue avec Pékin, « un voisin essentiel » de l’Archipel, via un « dialogue franc », notamment sur les « préoccupations sécuritaires ».

Manifestation du partie "Le Japon d'abord"
Manifestation du partie "Le Japon d'abord" en septembre 2025 ©KYODO / MAXPPP

Soutien de la population

Le gouvernement Takaichi recueille 71 % d’opinions favorables selon un sondage publié jeudi 23 octobre 2025 par le quotidien Yomiuri, contre 34 % en septembre pour celui de son prédécesseur, Shigeru Ishiba. Il s’agit du cinquième meilleur score pour un nouveau gouvernement depuis la mise en place de statistiques comparables en 1978.

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