Depuis début février est célébrée la 3ème édition de l’Ivoire Black History Month en Côte d’Ivoire. L’événement a été créé sous l’impulsion de jeunes Ivoiriens qui se sont inspirés du Black History Month né aux Etats-Unis en 1976 et qui commémore chaque année la culture et l’histoire de la population noire du pays. Une manifestation annuelle qui s’étale sur l’ensemble du mois de février, pour mettre en lumière la richesse culturelle de leur pays.
“Les figures ivoiriennes de la résistance”
L’édition 2022 est consacrée aux figures ivoiriennes de la résistance. Pour l’occasion, les organisateurs font, par exemple, découvrir l’histoire de Rubino, un colon blanc, tué par le peuple Abbey.
L’histoire remonte au XXème siècle. Rubino travaille pour la compagnie française de l’Afrique occidentale, loge régulièrement dans le pays et est connu pour maltraitance envers les locaux. Le 7 janvier 1910, les Abbeys se révoltent contre les colons et font sauter le chemin de fer, symbole colonialiste, qui traverse leurs terres. Rubino est l’un des passagers. Ils le capturent et le tuent.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, et connaît plusieurs modifications en fonction du conteur. Officiellement, d’après les récits coloniaux, Rubino aurait été décapité ou affreusement torturé par les sanguinaires et cannibales Abbeys.
Selon les anciens du village, leurs ancêtres auraient découpé les mains du tortionnaire français pour les cuisiner et les servir aux soldats blancs venus après le déraillement du train. S’en serait ensuivie une guerre entre soldats et Abbeys.
Déconstruire les préjugés coloniaux
Si les organisateurs du Ivoire Black History Month ont programmé une visite dans le village de Rubino, c’est pour montrer aux jeunes Ivoiriens que l’histoire a toujours plusieurs versions. Pour Serge-Alain Niango, l’un des fondateurs de l’événement, “l’histoire ivoirienne est remplie de préjugés coloniaux” importants à déconstruire. Il invite les visiteurs à s’interroger sur l’histoire, afin de savoir ce que nous gardons en mémoire ou non.