Israël, Iran, Liban : le point sur les communautés françaises

Israël, Iran, Liban : le point sur les communautés françaises

Alors que l’armée israélienne a annoncé le déploiement de plusieurs unités dans le Sud-Liban ce mercredi 02 octobre, la région retient son souffle. Un embrasement général est-il possible ? Une question qui trotte dans la tête des 80 000 Français installés dans ces 3 pays.  On fait le point sur les communautés françaises dans les 3 pays au cœur de ce conflit.

Israël : la plus grande communauté

Il faut savoir qu’Israël accueille une importante communauté francophone (environ 20% de la population). Les Français sont 56 000 inscrits au registre consulaire mais les estimations tablent sur près de 100 000 personnes disposant de la nationalité française au sein de l’État hébreux.

Évidemment, c’est dans la dynamique Tel Aviv que s’installent la plupart des Français comme les autres étrangers, sans doute aussi parce que c’est l’une des plus tolérantes : on peut vivre ici sans problème même si l’on n’est pas juif, si l’on ne mange pas casher, si l’on est homosexuel…

A quelques dizaines de kilomètres de Tel Aviv, une petite station balnéaire, Netanya, attire de plus en plus de Français qui travaillent dans tous les secteurs, qui ont aussi choisi de passer leur retraite en Israël. On retrouve aussi des Français à Jérusalem, Ashdod. Et quelques milliers d’entre eux vivent dans des colonies israéliennes, en Cisjordanie occupée

Israël, Iran, Liban : le point sur les communautés françaises
Ambassade France-Israël

Économiquement, la communauté française est particulièrement présente dans les secteurs de la banque, l’agroalimentaire, le tourisme, les transports, le maquillage, l’informatique, la communication, le luxe et le médical.

Les 60 000 Français sont représentés à Paris par Caroline Yadan, la députée des Français de la VIIIème circonscription. Au niveau local, 11 élus sont répartis dans deux conseils consulaires, un à Tel-Aviv présidé par Mme Daphna Poznanski-Benhamou et un à Jérusalem présidé par M. Eric Bellaiche.

Liban : des liens historiques

L’histoire entre la France et le territoire qui deviendra le Liban est d’abord une histoire de religion. Au moment de la première croisade, à la fin du XIe siècle, le « Mont Liban » (la chaîne de montagnes qui donnera son nom au pays) est habité par les maronites, l’une des plus importantes communautés chrétiennes du Proche-Orient. Au début du XIIe siècle, le territoire est intégré aux États latins d’Orient, répartis entre les chefs croisés.

Près de trois siècles plus tard, François Ier s’allie avec Soliman le Magnifique. Si le roi de France cherche avant tout un soutien contre le Saint-Empire de Charles Quint et des privilèges au sein de l’Empire Ottoman, ce rapprochement fait de nouveau de la couronne de France un protecteur des chrétiens d’Orient.

Depuis, la France a joué un rôle majeur dans la naissance du Liban tel qu’il existe aujourd’hui. Le premier acte se déroule en 1860. Faisant jouer son rôle de protecteur après des massacres perpétrés, sur le Mont Liban et en Syrie, par les Druzes musulmans contre les Maronites chrétiens, Napoléon III envoie, conjointement avec les autres puissances militaires européennes, un corps expéditionnaire pour aider l’Empire Ottoman à rétablir l’ordre. L’opération aboutit, l’année suivante, à la signature d’un accord avec Constantinople instituant une autonomie partielle du Mont Liban, qui persistera jusqu’en 1915.

Le deuxième acte a lieu à la suite de la Première Guerre mondiale. Le territoire de l’Empire ottoman, allié à l’Allemagne durant le conflit, est partagé entre la France et la Grande-Bretagne, conformément à un accord secret signé avant même la capitulation de Berlin. Le Mont Liban se retrouve dans la zone sous administration directe française, avec à sa tête un général d’armée, Henri Gouraud.

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Ambassade France - Liban

En septembre 1920, celui-ci proclame la création du « Grand Liban », dont les frontières sont similaires à celles connues aujourd’hui. En 1926, les autorités locales françaises dotent le pays d’une Constitution, créant les postes de président et de Premier ministre. Le français devient, avec l’arabe, langue officielle.

Ains, la présence française est constante dans l’histoire libanaise. Et dans l’histoire moderne, ce sont autant les Libanais qui demandent aux Français de s’impliquer, que les Français qui s’ingèrent dans les affaires libanaises comme lors de la visite d’Emmanuel Macron après l’explosion du port le 04 aout 2020, un engagement réaffirmé ces derniers jours.

Ces relations entrelacées expliquent la frilosité de la France d’organiser une évacuation du pays, comme d’autres nations l’ont fait. Un départ des 20 000 Français du Liban signifierait surement la fin de l’influence française dans le pays, le seul francophone de la région (avec l’élite syrienne). Les Français du Liban, comme de l’Iran, sont représentés à Paris par Amélia Lakrafi et à Beyrouth siège un conseil consulaire.

Iran : des relations compliquées

Combien y-a-t-il de Français au Iran ? Cette donnée est opaque, entre 500 et 5000 selon les sources. En tout cas, les binationaux sont les plus nombreux mais se font discrets.

Car aujourd’hui, la France est considérée comme un ennemi de l’Etat iranien. Pourtant il n’en fut pas toujours ainsi. A l’époque du Shah, la France était montée dans le capital de la compagnie pétrolière à hauteur de 10%. Une influence qu’elle jugeait insuffisante et qui l’a poussé à soutenir L’ayatollah Khomeyni. Ce dernier était installé à Neauphle-le-Château jusqu’à son retour en Iran, le 1er février 1979, où il devient le Guide de la Révolution.

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Photo d'archives prise en juin 2009 devant l'ambassade de France à Téhéran, où des manifestations avaient eu lieu à la suite des élections qui avaient reconduit Mahmoud Ahmadinejad. @AFP_ATTA KENARE

Et la France n’en fut pas pour autant la nouvelle puissance occidentale du pays. Bien au contraire, depuis les relations se sont dégradées rapidement. Dès les années 80 et la guerre Iran-Irak, les distances furent prises. Puis ce fut les années marquées par les prises d’otage et les attentats à Paris téléguidés depuis Téhéran.

Et plus récemment, c’est le nucléaire qui voit les deux nations s’opposer. L’Iran a aussi développé la politique des otages, dont bon nombre de Français ont été victimes comme Benjamin Brière.

Aujourd’hui, l’Allemagne a appelé ses ressortissants à quitter le territoire, la France n’a émis aucune consigne pour les Français installés sur place mais déconseille fortement aux autres citoyens de se rendre dans ce pays.

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