Nous démarrons cette campagne avec beaucoup d’humilité et d’enthousiasme.
LF.P : Bonjour Nicolas Barnier, vous êtes Français, vous avez 33 ans et vous avez décidé de vous présenter aux élections européennes, à la troisième position, sur les listes du Mouvement Réformateur, parti centriste de tendance libérale belge.Pouvez-vous nous expliquer ce choix, et quel est votre lien avec la Belgique?
Tout d’abord, la Belgique est un grand peuple européen. La Belgique est également un pays frère et voisin de la France. Les bonnes relations entre le Premier Ministre Charles MICHEL et le Président de la République Emmanuel MACRON démontrent que le lien qui unit nos deux pays est unique et sacré. Il est à part. Chaque pays garde bien naturellement ses spécificités culturelles mais nous sommes des pays alliés et amis.
Or, il y a un élément que nous partageons tout particulièrement, c’est l’envie de voir le projet européen se réformer et réussir. C’est vital pour les générations futures. C’est le sens de mon engagment. Une très large majorité de belges souhaitent mieux comprendre le projet européen et veulent y apporter leur contribution. C’est parfaitement légitime et nous devons répondre concrètement à leurs aspirations. Il faut écouter chaque personne. Ce sera donc une campagne de terrain et d’écoute. Le projet européen doit se rapprocher des peuples qui le constituent afin de se construire avec eux. Nous avons la capacité de créer un agenda européen positif. J’ai confiance dans cet avenir collectif.
En ce qui concerne mon engagement pour le projet européen, j’ai comme tout le monde soumis ma candidature à la Commission Nationale d’Investiture en France. J’ai été auditionné puis, comme d’autres candidats, j’ai été sélectionné au mois de février 2018. J’ai été contacté à ce moment-là par le Premier Ministre belge, Charles Michel, qui m’a demandé de venir le rencontrer à Bruxelles. Nous avons parlé de la crise des gilets jaunes, de la situation en Belgique et aussi de cette idée de liste transnationale proposée auparavant par Emmanuel Macron. Après plusieurs échanges sur le programme du Mouvement Réformateur avec son cabinet et Olivier Chastel, notre tête de liste, j’ai accepté de porter les couleurs du MR car nous défendons une ligne moderne, ambitieuse et résolument européenne. Nous sommes conscients que le projet européen doit se réformer et nous nous engageons pour être à la hauteur de ces réformes futures.
Par ailleurs, c’est une idée innovante qui s’est faite naturellement. En effet, la Belgique est ma deuxième patrie et j’y ai vécu pendant de nombreuses années. Bien naturellement, je vivrai en Belgique si nous arrivons à préserver le troisième siège qui est une place de combat car non acquise.
Nous démarrons cette campagne avec beaucoup d’humilité et d’enthousiasme.
LF.P : Pouvez-vous également nous en dire plus sur vous et votre parcours, vous êtes actuellement assistant parlementaire d’un député LREM, vous êtes donc depuis longtemps déjà dans la politique?
Non, je ne suis pas depuis longtemps dans la politique puisque mon premier engagement a été en novembre 2016 pour Emmanuel Macron. J’ai beaucoup apprécié la manière dont il s’est adressé à notre génération, celle des trentenaires. De voir un candidat à la présidentielle dire qu’il a confiance dans la jeunesse de son pays et qu’il souhaite la voir s’engager a été un déclic.
Je me suis donc engagé dans ses équipes avant de diriger la campagne d’un jeune entrepreneur, Grégory Besson-Moreau dans la première circonscription de l’Aube. La victoire était loin d’être acquise. Nous sommes partis d’une page blanche. Nous avons constitué une équipe formidable que je remercie encore pour leur confiance et leur fidélité. Après une campagne de terrain et d’écoute, nous avons gagné cette élection. Il est désormais député français. Cette expérience fondatrice et forte humainement m’a permis de faire mes preuves et d’être là où je suis par moi-même. Contrairement aux raccourcis faciles que certains veulent bien faire faute d’arguments.
Ainsi, à l’issue de l’élection, nous avons choisi de continuer à travailler ensemble et je suis devenu son collaborateur parlementaire à l’Assemblée nationale.
Concernant mon parcours, je travaillais auparavant dans le développement des voitures électriques en libre partage afin de rendre les villes plus propres. Je suis très sensible à l’impératif écologique. Nicolas Hulot avec qui je suis proche a dit un jour : « L’écologie est une magnifique occasion, peut être même l’ultime occasion, de redonner du sens au progrès ». Il a totalement raison.
Plus largement, j’ai toujours travaillé dans le privé et la décision de m’engager politiquement est un choix personnel et indépendant. Maintenant, je souhaite consacrer toute mon énergie à la campagne et aux rencontres que nous faisons en Wallonie et à Bruxelles.
Vous étiez un temps pressenti sur la liste Renaissance en France, sous la bannière du parti allié de LREM Agir, et certains pensent que votre arrivée sur la liste MR est issue d’un accord au plus haut niveau entre Emmanuel Macron et Charles Michel le premier ministre belge. Alors, êtes-vous le ciment de l’alliance entre Renaissance et le groupe ALDE au Parlement européen et comment cela s’est-il passé en pratique?
Je pense avoir répondu un peu plus haut à cette question. L’idée de listes transnationales est une bonne idée. Elle est moderne et correspond à l’essence même de ce que doit être l’élection européenne. Elle est également juste à la condition que l’engagement que l’on prend est sincère et vrai. Ce qui intéresse vraiment les belges, c’est le débat d’idées. Le projet européen c’est notre histoire, notre identité, notre horizon, c’est ce qui nous protège et ce qui nous donne un avenir. Le slogan du chacun chez soit chacun pour soit portés par les populistes est mortifère. En effet, aucun pays européen n’a la capacité ni par sa taille ni par sa population de résister aux Etats-continents comme les USA, la Chine et demain le Brésil et l’Inde. Unis nous sommes plus forts. Maintenant, il ne s’agit absolument pas d’avoir l’Europe naive. C’est le plus beau projet politique du 20èmesiècle comme le disait le Président Obama. Mais il faut le réformer si l’on veut qu’il soit durable, bénéfique et plus équitable.
LF.P : Quelles sont les priorités du Mouvement Réformateur dans ce scrutin? Et quelles sont les vôtres en tant que candidat?
Je m’inscris dans un collectif avec Olivier Chastel , Frédérique Ries et l’ensemble des candidats du Mouvement Réformateur. Cette liste est complémentaire et nous avons toutes et tous beaucoup d’énergie. Je tiens d’ailleurs à souligner la très grande victoire de Frédérique Ries sur l’interdiction des plastiques à usage unique dans l’Union européenne en 2021. Elle a porté ce combat difficile au sein du Parlement européen. Cela démontre qu’à force de travail, nous obtenons des résultats très concrets. C’est ce que les gens attendent de nous. Comment améliorer leur quotidien ? Comment réformer le projet européen pour qu’il soit plus protecteur ? Comment continuer à faire avancer la cause écologique ? Comment garantir la création d’emploi sur le continent européen ? Voilà un panel de questions auxquelles nous devons répondre.
Pour cela, le programme que nous portons à trois grands axes : la prospérité durable (économique, écologique et sociale), une Europe qui protège et le respect des valeurs européennes.
Je crois sincèrement à l’idée d’agenda européen positif. Nous avons besoin pour cela de tout le monde. Chaque citoyen doit être entendu et respecté. Il n’y a que par le travail que l’on se fait reconnaître au Parlement européen.
LF.P : Prenons des exemples concrets.
S’agissant d’économie, il apparaît indispensable de mettre en place une réforme de simplification administrative à l’égard des PME.Il faut également créer un environnement propice au développement des toutes petites entreprises, des start-up orientées vers des secteurs d’avenir et des technologies innovantes. Les emplois de demain sont ici.
S’agissant de mesures sociales, nous devons développer un meilleur équilibre vie privée/vie professionnelle : travail flexible, télétravail, accès facilité aux crèches, un congé de paternité de minimum 15 jours. Il faudra également relever progressivement dans chaque Etat membre les prestations de sécurité sociale les plus basses et le revenu d’insertion au niveau du seuil de pauvreté européen.
En matière d’agriculture, la réforme de la PAC va impliquer beaucoup d’énergie. Il est nécessaire de maintenir un budget fort de la PAC afin de pérenniser en priorité le revenu des agriculteurs. J’y suis très sensible car le travail de la terre est l’un des plus beaux métiers du Monde. Il faudra également dédier une part de la PAC plus importante à l’installation des jeunes agriculteurs, développer des mécanismes de soutien aux agriculteurs et aux prix en temps de crise, mettre en œuvre un monitoring portant sur les effets cumulatifs des accords commerciaux dans le secteur agricole et renforcer l’attractivité d’une agriculture respectueuse de l’environnement.
Je n’oublie évidemment pas les questions migratoires de défense européenne et d’écologie, des sujets sur lesquels les belges attendent des réponses concrètes et un vrai engagement. Sur la défense, nous proposons de créer un Fonds européen de défense (FED) pour développer les capacités militaires et un marché unique de l’armement européen pour développer l’armement européen et l’emploi dans ces secteurs de pointe. Sur la question migratoire, enjeu majeur pour la prochaine législature, il faut absolument revoir et harmoniser la politique d’asile, lutter contre l’immigration illégale en sécurisant les frontières extérieures et renforcer les politiques européennes de retour et les accords de réadmission notamment. Sur l’écologie, il nous faut notamment développer l’économie circulaire au niveau européen (pour mieux préserver les ressources et développer les filières de réparation et de recyclage créatrices d’emploi), développer la recherche sur le stockage des énergies renouvelables, renforcer l’efficacité énergétique des bâtiments publics et privés et développer l’attractivité et l’efficacité des transports en commun.
Le programme du Mouvement Réformateur portent des idées innovantes et qui auront un impact positif sur le quotidien des belges si nous avons l’honneur de leur confiance. Mais ce programme sera enrichi grâce aux rencontres que nous allons faire pendant la campagne. Nous écouterons les gens pour bien prendre en compte leurs préoccupations et les solutionner au mieux. Là est notre engagement.
LF.P : Il serait enfin impossible de ne pas parler du Brexit dans un entretien consacré aux européennes, tant les deux sujets sont liés, et en particulier quand on parle au fils de Michel Barnier. Alors est-ce que vous n’avez pas l’impression que le feuilleton sans fin, à Westminster, du Brexit parasite la campagne européenne et d’autres questions majeures comme la transition écologique?
Honnêtement, vous comprendez que je ne souhaite pas me prononcer sur le Brexit. C’est un vote souverain de le part du Royaume-Uni, une décision historique. Même si nous la regrettons, nous la respectons. Le Royaume-Uni est un grand pays et le plus important est l’unité des 27 pour construire un Monde meilleur et plus équitable.
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