Inondations à Valence : les témoignages de Français

Inondations à Valence : les témoignages de Français

« Horreur, cauchemar, désolation, chaos » ! Ce sont ces mots que la plupart des personnes utilisent pour décrire ce qu’ils ont vécu face à cette catastrophe climatique en Espagne. Après les pluies torrentielles, les inondations meurtrières ont touché une grande partie de la population de Valence et de sa région. Nos compatriotes français, sur place, n’ont pas été épargnés. D’ailleurs le bilan humain de cette tempête appelée « Dana » s’alourdit d’heure en heure. Et, en parallèle certaines interrogations enflent. Comment cela a-t-il pu arriver ? Comment tous ces drames auraient-ils pu être évités ? Mais, avant cela, ce sont des milliers de plaies qui sont à panser. Lesfrancais.press a pu recueillir les témoignages sur place de nos compatriotes, et d’élus Français les représentants.

Le 112, le numéro d’urgence

Tout d’abord, à l’heure où les recherches continuent et que des situations graves peuvent encore surgir, l’Ambassade de France en Espagne rappelle qu’en cas d’urgence, le 112, est à composer sur son téléphone. Même si des coupures de réseau existent, ce numéro reste le plus souvent accessible. Et, si vous souhaitez signaler la disparition d’une personne dans la communauté de Valence, le numéro d’appel est le suivant : +34 900 365 112. Dans ce même communiqué, les autorités françaises présentes en Espagne appellent également à la vigilance et « à la plus grande prudence ». Elles demandent aussi à tous les Français se trouvant dans la région de Valence d’«observer strictement les consignes des autorités espagnoles ».

Mais alors que l’on aurait pu s’attendre à une coordination entre l’Ambassade de France, le consulat et les élus locaux, appelés les Conseillers des Français de l’étranger en Espagne, pour l’organisation d’actions communes afin d’aider et de soutenir notre communauté touchée par les intempéries, la liaison n’a, semble-t-il, pas encore été établie ces dernières heures. C’est ce que nous a en effet confié une des élues consulaires : « nous n’avons pas été contactés par les services de l’ambassade ou consulaires, que ce soit pour nous tenir au courant de la situation et son évolution comme on le ferait en gestion de crise, ni même pour essayer de mettre en place des actions communes et créer des synergies. »

Les élus consulaires impliqués : une situation catastrophique

Ce n’est pourtant pas le travail qui manque, à la fois pour informer, écouter, guider, et secourir nos compatriotes. Selon Gaëlle Lecomte, élue des Français d’Espagne au conseil consulaire à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE), en contact « avec des relais qui vivent à Valence et sa région », elle nous informe que « la situation est catastrophique tant par l’ampleur des pertes humaines, matérielles et les dégâts environnementaux ». Son collègue, élu au conseil consulaire de Barcelone et également à l’AFE, Renaud Le Berre, présente une situation similaire : 

« La catastrophe est terrible et le bilan des victimes est toujours provisoire. Le travail de reconstruction, de nettoyage et de remise en état des infrastructures va être long et douloureux. ». Renaud Le Berre, conseiller des Français d’Espagne, élu à l’AFE

Lors de notre échange, celui qui est aussi président de la Commission des Finances à l’AFE, a aussi souhaité « passer un message de solidarité et de condoléances à (nos) amis valenciens ».

La communauté française à Valence : premier bilan après les inondations  

Parmi ces Valenciens, des Français vivent dans cette ville et aux alentours. On estime à environ 10.000 le nombre de nos ressortissants vivant à Valence et dans sa région. Ils ont, bien évidemment, aussi été touchés par les pluies et les inondations. Selon Renaud Le Berre « beaucoup de (nos) compatriotes sont franco-espagnols et leurs problèmes sont les mêmes que les Valenciens ». Et quant à leurs attentes immédiates, nous partage l’élu consulaire, « ils demandent une prise en charge rapide. Ils ont tout perdu et réclament le retour à une certaine normalité. Certains sont privés d’électricité et d’eau, les routes commencent à être dégagées mais leur situation reste compliquée. »

Baudouin de Marcellus, élu consulaire et également représentant des Français de la péninsule ibérique à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE), nous partage aussi le témoignage de certains de nos compatriotes qui « se sont retrouvés bloqués dans leur voiture et ont réussi à trouver un abri sécurisé dans un bar le temps de pouvoir rentrer chez eux. ». Sa collègue, Stéphanie Le Vaillant Vignancour, conseillère élue des Français d’Espagne et également membre de l’AFE, indique à notre rédaction que « la ville de Valence a en grande partie échappé à la « gota fría » mais les principales voies de communication sont aujourd’hui coupées ».

Quant au lycée Français de Valence, « il n’a heureusement pas été touché mais les élèves étant en vacances, il est encore impossible de s’assurer qu’aucune famille n’ait été sinistrée. » Stéphanie Le Vaillant Vignancour, conseillère des Français d’Espagne et membre de l’AFE

Toutefois, un point avec les familles et la direction sera fait en tout début de semaine prochaine. Pour le moment, il s’agit de faire face aux premières urgences et de récolter les témoignages. C’est tout un réseau qui est ainsi sollicité. Joint par Lesfrancais.press, Renaud le Berre nous indique : « nous sommes informés par nos familles et amis qui vivent à valence et dans sa région. ». D’ailleurs son propre fils, Xavier, habite dans la région de Valence. Ce dernier nous a donc aussi partagé le vécu de ses dernières heures dans sa commune et celles avoisinantes.

Dans les villes de Castellón et de Massanassa, la boue a tout recouvert. Les voitures sont encastrées les unes sur les autres. Dans les maisons, l’eau a pu monter jusqu’à près de deux mètres de hauteur. « C’est une chose de voir les images à la télévision, cela en est une autre de le vivre », partage aussi un de ses amis. Pour faire face, les habitants demandent, entre autres, le soutien de l’armée, mais ils sont conscients que celle-ci doit être débordée.

La solidarité et l’entraide comme premiers secours  

Alors, dans de telles situations, c’est avant tout l’entraide qui devient une première solution. Annik, une retraitée de l’Education nationale, témoigne :

« Les autorités ont été prises de court. Alors c’est toute une solidarité qui s’organise. J’ai pu apporter des pelles. Et on voit aussi des files de gens qui partent à pied pour aider dans les villages aux alentours » Annik, retraitée française dans la région de Valence.

Dans Valence, « il y a un froid qui se ressent à l’intérieur de la ville » nous rapporte, de son côté, une autre française, Laëtitia Pellicier Bossis. Cette psychologue clinicienne nous explique que de nombreux habitants, même épargnés par la catastrophe climatique, sont solidaires des villes et villages proches de Valence : « il y a beaucoup d’affect, car ils sont nombreux à s’y rendre le week-end par exemple, ou bien une partie de leurs familles y vit encore ». Cette Française, engagée dans un mouvement politique défendant l’écologie, est aussi impliquée au sein de la Société de Bienfaisance de Valence. Dans les prochaines heures, des achats alimentaires vont notamment être effectués, et distribués. Ces denrées seront destinées aux villages, mais « la sécurité de la distribution devra aussi être assurée » nous dit-elle, afin d’éviter les possibles vols ou autres menaces. En effet,

« La colère est grande vis-à-vis des autorités »

Laëtitia Pellicier Bossis

Au-delà de la nourriture, notre compatriote donnera aussi de son temps pour apporter une aide psychologique, un soutien post-traumatique, auprès de nos expatriés.

Société civile, associations, élus locaux sont donc à la manœuvre pour apporter aide et réconfort. « La solidarité en Espagne et dans le pays valencien est très importante » confirme Renaud Le Berre. Stéphanie Le Vaillant Vignancour abonde aussi en ce sens : « un grand merci aussi à nos concitoyens de la région de Valence qui sont nombreux, chacun à sa façon, à venir en aide aux milliers de personnes affectées.

Tweet de Sophie Primas sur les éléctions en Espagne

Et depuis Paris, la ministre déléguée aux Français de l’étranger, Sophie Primas a également réagi sur le réseau X. La membre du gouvernement adresse ses « pensées aux victimes et à leurs familles ». Elle exprime également sa « solidarité totale avec les Français sur place. ». Le Centre de crise à Paris est aussi mobilisé. D’ailleurs, certains de nos compatriotes seront-ils contraints de revenir vivre en France ?

Comment, dès lors, seront organisés leurs retours ? Le débat sur la résidence de repli ou d’attache pourrait donc revenir rapidement à l’ordre du jour des débats parlementaires. Et dans une plus large mesure, adopter des nouvelles dispositions pour s’assurer de conditions optimales pour le retour de nos expatriés sur le territoire national. Le climat rappelant aussi que les distinctions entre nos Français vivant au sein de l’Union européenne et ceux résidant en dehors de l’espace européenne deviennent aussi caduques. La communauté française à l’étranger ne faisant ainsi qu’une en dehors de nos frontières. En attendant, ce sont les plaies de Valence et des alentours qui sont encore à panser.

Auteur/Autrice

  • Jérémy Michel a travaillé de nombreuses années pour des élus et a coordonné les affaires publiques européennes d'une grande entreprise française. Installé à Bruxelles depuis 2000, il est actuellement coach et consultant.

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