Affluence record pour la Gay pride à Budapest

Affluence record pour la Gay pride à Budapest

Si aucun chiffre officiel n’est disponible, les organisateurs ont estimé à près de 200 000 le nombre de participants à la Gay pride à Budapest, les places et avenues le long du parcours étant noires de monde. Pour le Premier ministre Viktor Orbán et son parti Fidesz, ce succès de la Pride est très embarrassant et aura surement des répercussions politiques.

Une ambiance festive

Le cortège s’est ébranlé vers 15 h (13 h GMT) près de l’hôtel de ville de la capitale parée de couleurs arc-en-ciel, sous un soleil de plomb, et les derniers sont arrivés à destination quatre heures plus tard.

Parmi les manifestants, il y avait aussi des élus des Français de l’étranger comme Mélanie Vogel mais aussi beaucoup de simples Hongrois comme Zoltan, 66 ans qui déclare à l’AFP « Je suis fier d’être gay et j’ai très peur que le gouvernement veuille nous rabaisser. Je suis surpris qu’il y ait autant de monde ». Marcell Szanto, un étudiant de 22 ans et « allié hétéro » de la communauté LGBT+, salue « une expérience formidable », loin de « la haine caractérisant habituellement l’ambiance en Hongrie ».

Mélanie Vogel avec des acteurs locaux lors de la pride à Budapest ce 28 juin 2025 ©Mélanie Vogel
Mélanie Vogel avec des acteurs locaux lors de la pride à Budapest ce 28 juin 2025 ©Mélanie Vogel

« Défendre les droits du peuple »

« La liberté et l’amour ne peuvent être interdits ! » : le message s’affiche en grand dans une ville en pleine effervescence, sous la surveillance de la police et sans tensions à ce stade, alors que les contre-manifestants d’extrême droite étaient peu nombreux. Viktor Orbán voulait éviter les images de répression violentes : vendredi 27 juin, il avait écarté toute intervention des forces de l’ordre, tout en menaçant les éventuels participants de conséquences légales a posteriori.

Car dans toute l’Europe, les yeux sont braqués sur ce pays de 9,6 millions d’habitants qui s’est attiré les foudres de la Commission européenne avec cette interdiction rappelant celles de Moscou en 2006 et d’Istanbul en 2015. « Le danger est là. Une internationale réactionnaire arrive sous nos yeux, aux États-Unis, en Hongrie, en Italie, en Russie », a lancé le représentant de l’association Aides pendant une marche des fiertés à Paris, où des milliers de participants se sont rassemblés samedi.

Après le soutien affiché par 33 pays à cette manifestation, le ministre de la Justice a prévenu les diplomates en poste à Budapest que s’ils participaient à cet évènement interdit, ils devraient en assumer les conséquences.

Au moins 70 eurodéputés ont annoncé leur présence « pour dire à Viktor Orbán qu’on ne tolérera pas qu’il démantèle le projet européen », selon les mots du Français Raphaël Glucksmann, qui a appelé Bruxelles à « mettre un stop » au dirigeant nationaliste.

« Le Parlement européen est à vos côtés », a affirmé l’eurodéputé roumain Nicolae Ștefănuță, vice-président du Parlement européen (Verts/ALE), après avoir participé à la marche. La commissaire européenne à l’Egalité, Hadja Lahbib, s’est rendue en Hongrie et s’est exprimée en faveur de la Pride vendredi.

Des caméras avaient été installées en amont et la reconnaissance faciale pourrait permettre aux autorités de distribuer des amendes pouvant aller jusqu’à 500 euros, tandis qu’organiser ou appeler à y participer est passible d’un an de prison.

Selon le gouvernement, il ne faut pas exposer les mineurs à l’homosexualité et à la transidentité, et encore moins à des scènes de « débauche ». Outre la loi adoptée mi-mars visant à interdire de tels rassemblements, il est allé jusqu’à modifier la Constitution pour assurer ses arrières. Il y affirme l’intérêt supérieur de l’enfant pour justifier sa remise en cause de la liberté de manifester.

Pride de Budapest, en Hongrie, le 28 juin 2025. ©EPA/ZOLTAN BALOGH HUNGARY OUT
Pride de Budapest, en Hongrie, le 28 juin 2025. ©EPA/ZOLTAN BALOGH HUNGARY OUT

« But contre son camp »

« Merci, Viktor Orbán, d’avoir fait la promotion d’une société plus tolérante », a ironisé sur Facebook le maire écologiste de Budapest, Gergely Karacsony, qui avait décidé de maintenir la Pride envers et contre tout. « Au lieu de marquer des points », le gouvernement « a marqué un énorme but contre son camp en tentant d’empêcher l’évènement aujourd’hui », a renchéri un autre opposant, Peter Magyar (Tisza), en tête dans les sondages avant les législatives du printemps 2026.

Gergely Karacsony à la pride de Bucarest ce 28 juin 2025 ©AFP
Gergely Karacsony à la pride de Bucarest ce 28 juin 2025 ©AFP

Encouragé par l’offensive de Donald Trump contre les programmes de promotion de la diversité, Viktor Orbán espérait « polariser la société », selon les politologues, une recette qui avait bien fonctionné par le passé. Avant le retour au pouvoir en 2010 de Viktor Orbán, la Hongrie était l’un des pays les plus défenseurs des droits des LGBT+ dans la région : l’homosexualité y avait été dépénalisée dès le début des années 1960 et l’union civile entre conjoints de même sexe reconnue dès 1996. Mais le chef de gouvernement, chantre de  « l’illibéralisme », a petit à petit changé la donne.

Auteurs/autrices

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire