Une association mondiale de lutte contre la pauvreté, Oxam, a publié un rapport sur les inégalités qui explosent dans le monde. Une dure réalité qui se reflète aussi en France où les écarts de niveau de vie d’une ville à l’autre peuvent être inquiétants. Pour les Français de l’étranger, on fait le point en intégrant un classement de la banque suisse UBS, qui, tout en restant inquiétant, pondère l’analyse de l’association mondialiste.
L’héritage, première source d’inégalité ?
Dans son rapport, Oxam met en évidence que 60 % de la fortune des milliardaires ne provient ni de l’innovation ni du travail acharné, mais plutôt de l’héritage, du réseau ou du monopole des pouvoirs. Ce système perpétue un statu quo dans lequel les ultrariches continuent de s’enrichir tandis que la majorité peine à joindre les deux bouts. L’étude révèle aussi que des mécanismes hérités de l’ère coloniale transfèrent des richesses du Sud mondial vers les 1 % les plus riches du Nord à un rythme effarant de 30 millions de dollars (28,6 M €) par heure.
Face à ces inégalités flagrantes, le rapport plaide pour une taxation beaucoup plus élevée des ultrariches afin qu’ils fournissent une contribution plus équitable. Il recommande également des réparations pour les crimes coloniaux, une réforme des institutions mondiales pour donner la priorité aux pays les plus pauvres, ainsi qu’un renforcement de la coopération Sud-Sud.
Des USA aux Emirats
Le classement GINI publié par UBS en 2025 révèle des disparités frappantes dans la répartition des richesses à l’échelle mondiale. Les États-Unis, malgré leur statut d’économie avancée, affichent un indice de GINI de 75, avec une concentration extrême de la richesse : 1 % des plus riches détiennent près de 35 % des richesses nationales, tandis que les 50 % les plus pauvres n’en possèdent que 1,5 %. Le pays compte le plus grand nombre de milliardaires au monde, dont Elon Musk, mais aussi un taux de pauvreté élevé (18 %), illustré par des écarts d’espérance de vie importants entre États.
La France face à une fracture sociale grandissante
En 2025, la France n’échappe pas à la montée des inégalités, avec des écarts de revenus de plus en plus marqués dans certaines villes, notamment en Île-de-France. Des communes comme Neuilly-sur-Seine, Paris ou Versailles illustrent cette réalité : les 10 % les plus riches y gagnent jusqu’à huit fois plus que les 10 % les plus modestes. Ces disparités créent une ségrégation spatiale et économique, où quartiers aisés et zones défavorisées coexistent, souvent au sein d’une même ville. Malgré des politiques locales visant à favoriser la mixité sociale, les résultats restent insuffisants pour inverser cette tendance, impactant directement la qualité de vie des habitants et la cohésion sociale.
Neuilly-sur-Seine et Paris, symboles des inégalités
Neuilly-sur-Seine se distingue comme la ville la plus inégalitaire de France, avec des revenus mensuels dépassant 10 700 euros pour les plus riches, contre seulement 1 320 euros pour les plus pauvres. Paris n’est pas en reste : les 10 % les plus aisés y perçoivent en moyenne 6 000 euros par mois, soit 6,4 fois plus que les 10 % les moins favorisés. Ces écarts reflètent une division croissante entre des « ghettos de riches » et des « ghettos de pauvres », renforçant les tensions et le sentiment d’injustice. La capitale, souvent perçue comme un modèle d’opportunités, devient ainsi le théâtre de contrastes sociaux saisissants.
Une concentration des inégalités en Île-de-France et au-delà
Le phénomène n’est pas limité à Paris et Neuilly : 15 des 20 communes les plus inégalitaires se trouvent en Île de-France, mais certaines villes de province sont également touchées. Cette concentration géographique des richesses et des précarités aggrave les inégalités d’accès aux services publics, à l’éducation et à l’emploi. Les populations modestes, souvent reléguées dans des quartiers moins favorisés, subissent un isolement croissant, tandis que les plus aisés bénéficient de conditions de vie privilégiées, accentuant le clivage territorial.
Des défis persistants pour les politiques publiques
Pour répondre à ces enjeux, des initiatives locales, comme la construction
de logements abordables ou la rénovation urbaine, sont déployées.
Pourtant, leur efficacité reste limitée face à l’ampleur des disparités. Les
élus locaux et nationaux sont appelés à renforcer leurs actions et à
coordonner une approche globale pour réduire la ségrégation socio-
économique. En 2025, la lutte contre ces fractures sociales devient un
enjeu majeur, non seulement pour les résidents, mais aussi pour les
Français de l’étranger, attachés à l’équilibre et à la justice sociale de leur
pays d’origine. La question se pose : comment concilier attractivité
économique et équité territoriale pour préserver le modèle républicain ?