Ursula von der Leyen a souligné jeudi soir (23 mars) les limites du soutien de l’UE à l’énergie nucléaire dans le cadre du règlement pour une industrie « zéro net » qui vise à soutenir la production domestique de technologies propres.
« Le nucléaire peut jouer un rôle dans notre effort de décarbonation, c’est important », a déclaré Mme von der Leyen à l’issue de la première journée du sommet européen de Bruxelles ces 23 et 24 mars, au cours duquel les dirigeants ont discuté de la réponse de l’UE aux subventions vertes américaines.
« Dans notre règlement pour une industrie “zéro net” [Net-Zero Industry Act], un large éventail de technologies propres — y compris le nucléaire de pointe — ont accès à des règles simplifiées et à des incitations », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse jeudi soir (23 mars).
« Mais seules les technologies à zéro émission que nous jugeons stratégiques pour l’avenir — comme les panneaux solaires, les batteries et les électrolyseurs, par exemple — ont accès à l’ensemble des avantages et des bénéfices », a-t-elle ajouté.
« Le nucléaire de pointe est donc présent dans certains domaines, mais pas dans tous. » Une situation qui a le don d’agacer Paris.
Nucléaire oui, mais pas « stratégique »
Le Net-Zero Industry Act, présenté la semaine dernière, cite l’énergie nucléaire parmi les huit technologies censées apporter « une contribution significative à la décarbonation » en Europe.
Encore que le texte ne prend en considération que les « technologies avancées pour produire de l’énergie à partir de procédés nucléaires avec un minimum de déchets issus du cycle du combustible » et de « petits réacteurs modulaires ».
De plus, il ne figure pas dans une annexe distincte du règlement, qui définit des « technologies stratégiques à zéro émission » qui « bénéficieront d’un soutien particulier » et seront soumises à un « critère de production nationale de 40 % » afin de promouvoir l’industrie européenne.
Pour ces industries « stratégiques », les besoins d’investissement totaux devraient s’élever à environ 92 milliards d’euros sur la période 2023-2030, avec des besoins de financement public de 16 à 18 milliards d’euros, a déclaré la Commission dans un document de travail publié en même temps que le règlement.
Le nucléaire n’y est pas mentionné une seule fois.
Ce n’est donc pas pour ravir la France à la tête d’une campagne visant à obtenir une plus grande reconnaissance du nucléaire dans le cadre des efforts déployés par l’Europe pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050.
Le mois dernier, Paris a même lancé une alliance de 11 pays pour promouvoir le nucléaire comme source d’électricité à faible teneur en carbone et travailler sur des « projets industriels communs ».
Mais l’octroi d’un financement européen à des projets nucléaires constituerait un pas de trop pour des États comme l’Allemagne, l’Autriche ou le Luxembourg, opposés à l’énergie atomique.
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