Cette semaine la communauté des Français du Luxembourg a perdu une, si ce n’est la plus engagée de ses membres, Monique Dejeans. Ses mandats démontrent d’eux-mêmes l’attachement qu’elle portait à son pays de naissance mais aussi à celui qui l’accueillait de 1968. Elle était, en effet, ancienne membre de l’Assemblée des Français de l’étranger et conseillère des Français du Luxembourg, ancienne responsable communication de l’Office des publications de la Commission européenne mais aussi membre de la section grand-ducale du Parti socialiste français comme du LSAP luxembourgeois. Elle était d’ailleurs candidate sur les listes socialistes aux élections communales dans la capitale en 2023, comme en 2017.
La soudaineté du décès de Monique Dejeans fut un choc immense pour tous les membres de la communauté des Français de l’étranger. Mais bien sûr, nos pensées vont avant tout à sa famille qui a partagé avec pudeur sa douleur sur les réseaux sociaux.
Un grand merci
À la rédaction, nous sommes aussi particulièrement attristés par cette disparition. Et nous tenions à lui dire « Merci madame ». Car Monique Dejeans nous a accompagnés tout au long de notre aventure. Et en particulier à la fondation de notre journal, il y a maintenant 6 ans.
Par sa générosité, sa patience, son goût du partage, elle nous a permis de faire progresser la qualité de nos contenus. Respectueuse de la liberté de la presse et grande défenseuse de la pluralité comme de la laïcité, nous partagions de nombreuses valeurs même si aussi nous pouvions avoir des avis différents. Mais Monique Dejeans aimait le débat, les échanges d’idées, et ce fut, pour chacun d’entre nous, un immense privilège de partager ces moments avec elle.
Une socialiste européenne
Monique Dejeans s’est installée au Luxembourg dès 1968, où elle est arrivée avec ses parents à l’âge de 13 ans. Après ses études, elle reste au Grand-Duché où elle consacra une grande partie de sa carrière à l’Office des publications de l’Union européenne, l’institution de la Commission européenne établie dans le pays.
Militante dans l’âme, elle s’engagea auprès de la communauté française expatriée au Luxembourg. Cette femme de gauche, socialiste, a représenté le PS sur le territoire luxembourgeois, en particulier lors de l’élection présidentielle en 2017, où elle soutenait le candidat Benoît Hamon. En 2022, elle était encore sur le terrain mobilisant sur la candidature d’Anne Hidalgo.
Dans le Grand-Duché, à deux reprises d’ailleurs, en 2017 puis en 2023, Monique Dejeans s’était portée candidate sous les couleurs du LSAP aux élections communales à Luxembourg-Ville. En 2017, elle avait récolté 2.228 suffrages sur la liste de Marc Angel et de Cathy Fayot. L’an passé, sur la liste de Gabriel Boisante et Maxime Miltgen, elle avait recueilli 3.083 voix. Insuffisant à chaque tentative pour siéger au conseil communal.
Au service des autres
Conseillère consulaire pour les Français du Luxembourg, mais également membre de l’assemblée des Français de l’étranger (2014-2021), elle était l’une des voix de la communauté française au Grand-Duché, souvent impliquée dans la défense de ses intérêts et dans l’organisation d’événements culturels.
Sa place, souvent centrale, était aussi et peut-être dû à son caractère et à sa bonne humeur permanente qui nous manquera beaucoup. Une philosophie qu’elle garda jusqu’au bout comme le confient ses 3 filles, là encore sur Facebook : « Fidèle à elle-même, elle a été forte, souriante et drôle jusqu’au bout ».
Cet engagement est aujourd’hui, spontanément saluait par tous. Évidemment à gauche, comme avec la sénatrice Hélène Conway-Mouret qui déclare : « Immense tristesse à l’annonce du décès soudain de Monique Dejeans, une femme exceptionnelle, pleine de vie et d’énergie et qui incarnait la joie de vivre et l’amitié. Sa disparition laisse un grand vide. Pensées affectueuses à sa famille et ses proches.) ». Même Ségolène Royal (elles ont travaillé ensemble lors des sénatoriales de 2021) a voulu lui rendre hommage avec ces quelques mots : « Moi aussi je n’oublie pas son soutien et son engagement, son idéal et sa gentillesse. On a fait une belle campagne, honnête et sincère Repose en paix chère Monique ».
Mais les hommages sont aussi venus de la droite, avec, par exemple, Thierry Consigny (élu au Japon) qui publie : « Mon cœur pleure à l’annonce du décès de Monique Dejeans avec qui j’ai siégé à l’Assemblée des Français de l’étranger à la Commission des Affaires sociales pendant 5 ans. Je présente mes condoléances à sa,famille. ». Ses anciens « opposants » saluent tous son sens de l’écoute comme nous le rappelle l’ancienne sénatrice des Français de l’étranger et Présidente de l’assemblée des parlementaires de l’OTAN, Joëlle Garriaud-Maylam avec cette publication : « Nous ne partagions pas les mêmes opinions politiques mais elle n’avait aucun sectarisme et j’avais un très grand respect pour la sincérité de son engagement. C’était une très belle personne et son départ laissera un grand vide. RIP »
Seul grand absent des réseaux sociaux, le député des Français du Bénélux (dont le Luxembourg), Pieyre-Alexandre Anglade mais qui a écrit dans le cadre privé à la famille de Monique Dejeans. On note, aussi, la réaction publique d’un membre du camp présidentiel, Jerémy Michel, président du conseil consulaire des Français de Belgique, élu sur une liste commune au titre du parti d’Edouard Phillipe, qui a commenté ainsi cette disparition : « Triste nouvelle, mes sincères condoléances. J’appréciais la volonté de Monique de faire avancer les choses. J’aimais le respect qu’elle avait avec celles et ceux qui, comme moi, ne pensaient pas comme elle. Elle essayait bien de me convaincre avec son éternel sourire, mais elle écoutait aussi les différents arguments. La politique perd une dame comme il n’y en a plus beaucoup. Puisse trouver maintenant son idéal là où elle repose dorénavant. »
Pour tous ceux qui veulent lui rendre hommage et qui sont au Luxembourg le 12 avril 2024, jour de son anniversaire, un hommage lui sera rendu à 16h, à l’hôtel Parc Belair.
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