Grève dans les raffineries françaises

Grève dans les raffineries françaises

Sur fond de crise énergétique, les mouvements sociaux se poursuivent dans les raffineries françaises. En parallèle, le gouvernement a pris des mesures pour juguler les tensions dans les stations essence.

Lundi soir (10 octobre), 29,4% des stations essence françaises rencontraient des problèmes d’approvisionnement, selon la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

Depuis deux semaines, les raffineurs des groupes TotalEnergies et Exxon font grève et réclament des hausses de salaires. Trois raffineries de pétrole sur les sept que compte la France, sont à l’arrêt, tout comme le dépôt pétrolier TotalEnergies de Flandre, proche de Dunkerque, ainsi que la bioraffinerie de La Mède.

De leur côté, le gouvernement et les raffineurs dévoilent leurs premières mesures d’apaisement. Lundi dans la soirée, la Première ministre a réuni les ministres concernés pour discuter de la situation. Le gouvernement souhaite que les parties prenantes trouvent une solution.

Dans le cas contraire, il pourrait lever les piquets de grève ou procéder à des réquisitions de personnel.

« Une mobilisation pareille, c’est du jamais vu », déclarait au média Révolution permanente le secrétaire de la CGT de la raffinerie de TotalEnergies en Normandie, Alexis Antonioli.

Depuis quelques jours en France, les services de transports en commun sont pris d’assaut, les files devant les stations essences s’allongent jusqu’à tard dans la nuit, voire tôt le matin, tandis que certains bus scolaires restent à quai.

Même les itinérants sont priés de ne pas utiliser leur voiture, confie à EURACTIV France un responsable commercial, alors que la pénurie « perturbe les travaux des agriculteurs » affirme la présidente de la Fédération nationale des syndicats exploitants agricoles (FNSEA).

C’est dans le nord du pays que le problème est le plus pressant (Hauts-de-France), avec plus d’une station sur deux restreinte en carburant. Les agglomérations parisienne, lyonnaise et marseillaise sont également fortement perturbées.

Malgré les appels à l’apaisement du gouvernement, les grévistes des raffineries de TotalEnergies et Exxon en Normandie, qui représentent plus de 30% des capacités de raffinage du pays, sont toujours à l’arrêt, rejoints mardi matin (11 octobre) par les employés des 15 stations-service de la filiale de TotalEnergies, Argedis.

Pour le moment, les salariés d’Exxon ont rejeté les propositions de la direction qui n’étaient pas à la hauteur de leur demande, soit a minima une augmentation des salaires au niveau de l’inflation (6-7% sur l’année 2022).

Côté TotalEnergies, le pétrolier a déjà accepté d’anticiper à octobre les négociations salariales qui étaient prévues pour novembre, « sous réserve de la fin des blocages ».

« Ces négociations permettront de définir comment les salariés pourront bénéficier […] des résultats exceptionnels générés par TotalEnergies« , déclare le pétrolier.

Le gouvernement prend des mesures

« Lundi nous aurons un rythme de réapprovisionnement très intense », a affirmé la ministre de la Transition énergétique pour BFMTV dimanche (9 octobre).

Le même jour, le gouvernement a augmenté de 20% les livraisons par rapport aux flux habituels grâce à l’acheminement de l’essence par des transporteurs qui ne sont, en temps normal, pas habilités à le faire.

L’augmentation s’élève à 35% dans les Hauts-de-France et 50% en Île-de-France, dont une partie ravitaillée depuis le Benelux, si l’on en croit la ministre chargée des PME et du Commerce, Olivia Grégoire.

Le gouvernement a également libéré des stocks stratégiques de pétrole et ouvert les dépôts pétroliers normalement fermés le week-end.

Néanmoins, les perturbations pourraient se poursuivre, notamment parce que les automobilistes se ruent vers les stations-service, de peur de manquer d’essence.

La consommation de carburant augmente

En conséquence, la ministre de la Transition énergétique affirmait ainsi sur BFMTV dimanche (9 octobre) que la consommation de carburant avait augmenté de 30 à 35%, en comptant les automobilistes faisant des stocks.

Stocks et surfréquentation compliquent de fait le retour à la normale des niveaux d’essence des stations.

La ministre de la Transition énergétique demande donc depuis lundi que les préfets prennent des mesures « pour empêcher les stockages inutiles ».

En ce sens, la préfecture des Ardennes, dans le Grand-Est, a pris une mesure lundi soir pour interdire le remplissage de jerricans d’essence, celle de l’Hérault en Occitanie va mettre en place des files réservées pour les services prioritaires (police, infirmière, etc.) dans plusieurs stations du département.

Grève injustifiée ?

En vue de la situation, certains observateurs et politiques commencent à s’agacer de la situation.

« Une grève, c’est lorsque l’on a épuisé toutes les mesures de discussions », insiste en ce sens François-Xavier Bellamy, chef de file Les Républicains (PPE) au Parlement européen, sur franceinfo lundi matin.

Pour lui, « tous les Français constatent aujourd’hui l’irresponsabilité de la CGT », pointant particulièrement le rôle du syndicat dans la situation actuelle de grève.

Même Laurent Berger, patron du syndicat CFDT, deuxième plus grand syndicat de France, soutient le gouvernement.

« La CFDT n’est pas tellement pour les grèves préventives », déclare-t-il sur France Inter samedi (8 octobre).

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