Gilets Jaunes : "Ils ne sont pas fatigués"

« On n’est pas fatigué »: les « gilets jaunes », dont la mobilisation est en baisse depuis un mois, ont réinvesti la rue samedi pour leur « acte 15 », avec des manifestations sous le soleil dans les grandes villes et un pique-nique à Chambord. Tandis que Clermont-Ferrand accueillait ce samedi 23 février sa première manifestation de Gilets jaunes d’envergure régionale.

Les manifestants étaient 46.600 dans toute la France , contre 41 000 samedi dernier, selon un décompte du ministère de l’Intérieur, contesté par les « gilets jaunes ». Ils étaient 5.800 à Paris, mille de plus qu’il y une semaine, selon la même source.

« A tous ceux qui pensent que la mobilisation s’essouffle je dis +regardez, ouvrez les yeux+, a dit à l’AFP Céline, une Toulousaine de 46 ans. C’est une immense colère et il n’y a pas de retour en arrière possible. Si on rentre chez nous, on meurt, la France meurt ».

Ils ont généralement défilé dans le calme, sous haute surveillance policière. Mais à Clermont-Ferrand, barricadée pour l’occasion dans la crainte de la présence de casseurs, des heurts ont éclaté en milieu d’après-midi.

Des affrontements ont eu lieu dans une artère commerçante de la ville entre une trentaine de « gilets jaunes » et les forces de l’ordre qui ont tiré au LBD, ont constaté des journalistes de l’AFP. Une personne a été blessée au pied, selon la préfecture. Plusieurs incidents se sont également produits aux alentours du palais de justice, selon la même source.

Selon une source policière, 13 personnes ont été interpellées, dont cinq placées en garde à vue à Clermont-Ferrand, notamment en possession de boules de pétanque. A Paris, 14 personnes ont été interpellées selon la préfecture de police, 12 placées en garde à vue à Lyon, selon la préfecture.

– « Marche des beaux quartiers » –

En pleines vacances scolaires et après des insultes contre l’intellectuel Alain Finkielkraut, traité de « sale sioniste » lors de l’acte 14, partout, les manifestants ont réaffirmé leur détermination et le caractère protéiforme de leur lutte contre la politique d’Emmanuel Macron, hors du champ politique traditionnel et sans chef.

Manu, « gilet jaune » de la première heure, a quitté son rond-point d’Orange Sud pour participer au cortège de Montpellier: « En trois mois, je constate que le mouvement s’installe durablement ».

A Bordeaux, la marche s’est ébranlée derrière une grande banderole « Nous n’avons pas d’armes, vous n’avez pas d’âme ». A Marseille, deux retraités, Jean-Louis et Annie Bertocci ont arpenté le Vieux Port avec leur gilet jaune et un carton « ni raciste, ni antisémites, ni homophobes, anticapitalistes » épinglé dans le dos.

Dans la capitale, ils étaient plusieurs milliers à arpenter le pavé. La « marche dans les beaux quartiers », qui a regroupé deux défilés déclarés en préfecture, a débuté à midi sur les Champs-Elysées, point névralgique de la mobilisation parisienne chaque week-end. Quelques bombes lacrymogènes ont été tirées à l’arrivée sur l’esplanade du Trocadéro pour disperser la cortège.

« J’ai l’impression qu’on est un peu moins nombreux que la semaine dernière mais c’est les vacances, y a eu les accusations d’antisémitisme et toutes les tentatives pour nous décrédibiliser… Et on est encore des milliers. Si ça avait dû s’éteindre, ça se serait éteint avant, pas au 15e acte. On lâchera rien », a affirmé à l’AFP Luca, intérimaire dans le BPT, dans le cortège parisien.

La première journée d’action avait mobilisé 282.000 personne le 17 novembre, date du lancement de ce mouvement de contestation sociale inédit.

Le chef de l’Etat est depuis le début du mouvement la cible privilégié des slogans et des chants des manifestants. Dans la matinée, l’une des figures du mouvement, Eric Drouet s’est rendu au Salon de l’Agriculture sans pouvoir approcher Emmanuel Macron.

– Pique-nique à Chambord –

Ailleurs, les autres figures du mouvement avaient annoncé leur présence dans différents lieux de rassemblement.

Priscillia Ludosky s’est jointe au pique-nique géant (750 personnes) organisé devant le Château de Chambord, un pied de nez à Emmanuel Macron qui y avait fêté ses 40 ans fin décembre 2017. « La non-organisation du mouvement en fait sa force et sa faiblesse. On est forcément tous d’accord, avec une organisation plus stricte, on aurait été plus vite », a déclaré à l’AFP la jeune femme, tandis que des manifestants se prêtaient au jeu des photos et selfies devant le château de François Ier.

Les manifestants étaient encore très mobilisés en province, ont constaté des journalistes de l’AFP: plusieurs milliers ont marché à Bordeaux et à Toulouse, ils étaient entre 2.500 et 5.000 à Clermont-Ferrand selon les sources, un millier à Montpellier et à Marseille (selon la préfecture), quelque 200 à Nice.

A Belfort, en fin d’après-midi, une cinquantaine de gilets jaunes bloquait l’A36 dans les deux sens, selon un photographe de l’AFP.

La rédaction avec l’AFP

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