Les dirigeants des nations les plus développées du monde ont convenu jeudi 24 mars de travailler ensemble à la mise en œuvre des sanctions actuellement en vigueur contre la Russie afin qu’elles ne puissent pas être contournées par les entités russes. Ils n’ont toutefois pas convenu de nouvelles sanctions à l’encontre de Moscou.
Au lieu de cela, les dirigeants du G7, réunis à Bruxelles entre un sommet de l’OTAN le matin et un sommet de l’UE plus tard dans la journée, ont réitéré leur condamnation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et ont exhorté les pays producteurs de pétrole à augmenter leur production et leur approvisionnement sur les marchés internationaux, qui sont perturbés par la guerre, les sanctions et la hausse des prix de l’énergie.
Au lieu de proposer une nouvelle série de sanctions, ils ont déclaré vouloir se concentrer sur une coopération plus étroite dans la mise en œuvre de celles déjà en place. « Nous avons décidé d’une mise en œuvre sans faille des sanctions », a annoncé le chancelier allemand Olaf Scholz, dont le pays préside le G7 cette année, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue du sommet.
Combler les failles
Les sanctions étant désormais en vigueur depuis quelques semaines, certaines failles sont apparues.
Par exemple, la Banque centrale de Russie a pu stabiliser le rouble après sa chute initiale, bien qu’une grande partie de ses réserves internationales soient gelées. Les prix élevés des matières premières et la demande continue d’énergie russe en Europe et dans le reste du monde ont contribué à soutenir la demande de roubles.
En outre, la Banque centrale semble encore pouvoir utiliser ses réserves d’or pour stabiliser le rouble, ce que les dirigeants du G7 tentent d’empêcher.
« Nous chargeons les ministres concernés d’une initiative ciblée visant à surveiller la mise en œuvre intégrale des sanctions et à coordonner les réponses liées aux mesures de contournement, notamment en ce qui concerne les transactions en or de la Banque centrale de Russie », indique une déclaration convenue lors du sommet du G7.
La déclaration indique également que les dirigeants du G7 inciteront d’autres gouvernements à adopter des mesures restrictives similaires.
Alors que le G7 ne s’est pas mis d’accord sur de nouvelles mesures, les États-Unis ont unilatéralement ajouté d’autres personnes russes à leur liste de sanctions et ont également visé des entreprises de défense russes.
« J’ai perçu le G7 comme une [véritable] entité aujourd’hui », a déclaré M. Scholz après la réunion. Le gouvernement allemand est l’un des principaux opposants à des sanctions plus strictes qui concerneraient également l’énergie russe — dont son industrie est encore largement tributaire — et a donc réussi à défendre sa position également au sein du G7.
La position actuelle de l’UE, qui consiste à ne rien faire qui puisse nuire de manière substantielle à l’économie européenne, reste inchangée.
Les priorités de l’Allemagne
Les priorités du gouvernement allemand à l’approche du sommet extraordinaire étaient claires, selon certains proches du gouvernement bien informés.
D’une part, il voulait renforcer la condamnation de la guerre contre l’Ukraine par les nations industrielles les plus développées du monde.
D’autre part, Berlin cherchait à obtenir des actions concrètes de la part des autres membres du G7. Premièrement un renforcement de l’aide humanitaire en faveur de l’Ukraine et des pays voisins qui croulent sous les réfugiés ukrainiens, l’accueil de réfugiés par les États du G7 et ensuite la réduction de leur dépendance vis-à-vis de l’énergie russe.
Concernant les réfugiés, les conclusions indiquent que les États du G7 s’engagent « à accueillir, protéger et soutenir les réfugiés et les personnes déplacées en raison du conflit. Nous sommes donc tous prêts à les accueillir sur nos territoires ».
En outre, les États-Unis se sont engagés à accueillir 100 000 Ukrainiens qui ont dû fuir leur pays en guerre.
Les principales priorités de la présidence allemande du G7 ont donc été concrétisées, mais c’est peut-être à la fin des 19 conclusions du sommet extraordinaire que l’on peut lire le point le plus marquant de la réunion.
« Nous appelons les pays producteurs de pétrole et de gaz à agir de manière responsable et à augmenter leurs livraisons sur les marchés internationaux, en notant que l’OPEP a un rôle clé à jouer », peut-on lire dans la conclusion, ce qui accentue encore la pression sur les pays producteurs de pétrole pour qu’ils augmentent leur production, alors qu’une crise mondiale des prix de l’énergie fait trembler les industries et les gouvernements.
De nouvelles sanctions seront prises « si nécessaire »
La réunion des chefs d’État et de gouvernement du G7 n’ayant pas débouché sur un renforcement des sanctions à l’encontre de la Russie, il est peu probable que les chefs d’État et de gouvernement de l’UE s’entendent sur de nouvelles sanctions lors de leur réunion à Bruxelles ce soir.
Néanmoins, les dirigeants du G7 ont averti la Russie qu’ils n’hésiteraient pas à imposer davantage de sanctions si celle-ci devait provoquer une nouvelle escalade dans le conflit, sans pour autant définir clairement une ligne rouge dont le franchissement pourrait déclencher ces sanctions plus sévères.
« Nous renforcerons les sanctions si nécessaire », a déclaré M. Scholz.
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