En quelques années, Sam Bankman-Fried appelé SBF a réussi à créer la troisième plus grande plateforme de cryptomonnaies, FTX, et a accumulé une fortune de près de 30 milliards de dollars. Au début de la baisse des cours des cryptoactifs, il accordait des prêts aux entreprises de ce secteur en difficulté. Il a ainsi accordé des prêts à Voyager et BlockFi et a récupéré des actifs de Three Arrows, un fonds spéculatif crypto devenu insolvable. Ces interventions semblaient prouver la force de sa plateforme. SBF était devenu, au fil des années, un mécène recherché. Il soutenait des campagnes politiques sur la réglementation de la cryptographie et affirmait vouloir céder tout ou partie de sa fortune à des œuvres de bienfaisance pour sauvegarder l’avenir de l’humanité.
Le bitcoin a perdu 20% en trois jours
Tout l’édifice de FTX s’est effondré en quelques jours. Les rumeurs d’insolvabilité de l’entreprise ont conduit des clients à retirer 650 millions d’actifs le 7 novembre logés chez FTX, provoquant l’arrêt des opérations sur les cryptoactifs menées par cette société. La valeur d’un FTX Token, un actif de partage des bénéfices de l’entreprise, a perdu 90 % depuis le 4 novembre.
Après avoir eu l’intention de reprendre FTX, Changpeng Zhao, le dirigeant de Binance, la plus grande place d’échanges de cryptoactifs s’est dédit le 8 novembre, au regard des pertes potentielles chiffrées à plus de 8 milliards de dollars. Selon Bloomberg Wealth, FTX valait moins d’un milliard de dollars le 10 novembre, soit une baisse de 94 % en un mois. Cette chute a provoqué une nouvelle baisse du bitcoin qui a perdu près de 20 % de sa valeur entre le 9 et le 12 novembre 2022, descendant ainsi à 16 000 dollars.
FTX occupait une position importante au sein du monde des cryptos. Sa banqueroute peut en entraîner d’autres. Peu d’entreprises ont la possibilité sur ce marché peu réglementé de reprendre les activités de FTX et d’assainir le marché.
Effet domino
La chute de SBF est liée à un processus assez classique de pyramide de Ponzi. Bankman-Fried possède trois sociétés : FTX, une plateforme jouant le rôle de bourse mondiale pour les cryptoactifs ; FTX.us, la plateforme centrée sur les États-Unis (une sorte de bourse américaine) ; et Alameda Research, un fonds de crypto-trading. En théorie, ces sociétés sont distinctes. Le 2 novembre dernier, CoinDesk, un site d’information, a rapporté que les jetons émis par la place de marché représentaient les deux cinquièmes des actifs d’Alameda et valaient 5,8 milliards de dollars. Alameda aurait emprunté une somme à FTX pour garantir la valeur de ses jetons. Binance, le concurrent de FTX, en annonçant vouloir se séparer des jetons FTX qui valaient alors plus d’un demi-milliard de dollars a révélé la pyramide et provoqué un effet domino. Certains estiment que le dirigeant de Binance qui avait l’intention de reprendre FTX a provoqué sciemment cette panique pour en déprécier la valeur. Le changement de position de ce dernier à la découverte des pertes de FTX semble indiquer que le problème de cette société ne se limitait pas à des échanges de jetons et de prêts entre les sociétés de SBF. La plateforme semble avoir permis à Alameda d’emprunter en se gageant sur les actifs des clients par un dépôt de jetons FTX, émis par la plateforme elle-même en garantie. La baisse de la valeur des jetons FTX a conduit à ce que l’entreprise n’ait plus assez d’actifs pour couvrir les dettes qu’elle avait contractées auprès de ses clients.
Enquêtes et législation
Les régulateurs surveillent les conséquences de la faillite de FTX pour apprécier les risques d’effet domino. La Securities and Exchange Commission, le principal régulateur financier américain, avait lancé, il y a quelques mois, une enquête sur la gestion des fonds par FTX, ainsi que sur les liens entre les entreprises appartenant à SBF. Le ministère américain de la Justice enquêterait également sur l’entreprise FTX. En France, l’Autorité des Marchés Financiers a envoyé une liste de questions à une cinquantaine d’acteurs en lien avec la plateforme afin d’apprécier les conséquences pour leurs clients.
Les start-ups intervenant sur le marché des cryptoactifs essaient de rassurer leurs clients. Coinbase, une autre place de marché, a communiqué pour souligner qu’elle n’avait pas de lien avec FTX. Cette communication n’a pas empêché une diminution du cours de son action de plus de 20 %.
Le secteur des cryptoactifs craint un durcissement de la législation avec une présence plus marquée des autorités de régulation. La faillite de FTX devrait laisser des traces durables dans le monde des actifs numériques en plein essor.
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