Écouter le podcast de Franck Ferrari
Alors que le Kremlin intensifie depuis quelques jours ses attaques sur l’Ukraine, et que Vladimir Poutine accroît ses menaces sur l’Occident, quel impact cela engendre-t-il sur la vie de nos compatriotes au pays des Tsars ? Aussi, pour connaître, la situation de nos expatriés sur place, Lesfrancais.press fait le point avec Franck Ferrari, conseiller des Français de Russie. C’est « une vie au jour le jour » nous explique celui qui continue à enseigner au Lycée français de Moscou, et qui pourtant ne manque pas de projets. Il nous parle également de son positionnement en tant qu’élu. Un témoignage vérité à quelques encablures de la place rouge.
Un quotidien sans appréhension ni peur
En fin de semaine dernière, le Président Poutine a affirmé « ne pas exclure de frapper les pays dont les armes sont utilisées par Kiev ». Cette annonce a eu une certaine résonance, alors comment nos expatriés Français de Russie ont-ils réagi à cette nouvelle déclaration belliqueuse ? Pour notre invité, Franck Ferrari, élu consulaire pour les Français vivant dans ce pays,
Cette position du chef du Kremlin « on l’entend et on attend de voir, sans appréhension, sans peur »
Franck Ferrari, conseiller des Français de Russie
Et quant aux Russes, eux-mêmes, ils sont également dans ce même état d’esprit observe notre interlocuteur. C’est « un peu la vie au jour le jour » ! Au cours de cette interview, Franck Ferrari explique que cette façon d’appréhender le quotidien est ancrée chez beaucoup de Slaves. Un exemple sur l’épargne est d’ailleurs partagé par notre invité, également enseignant au lycée Français Alexandre Dumas de Moscou.
Les Français de Russie face au conflit
Cela fait presque 13 ans que Franck Ferrari vit en Russie. Et après plus de 1000 jours de conflit entre son pays d’adoption et l’Ukraine, il ressent une certaine lassitude au sein de la population locale vis-à-vis de cette guerre.
Cependant, cette nouvelle position de fermeté prise par Vladimir Poutine vis-à-vis des pays qui armeraient Kiev, aura-t-il des conséquences sur nos compatriotes en Russie ? « Pour nous simples résidents en Russie ou même en France », si une attaque de grande ampleur devait avoir lieu, « on serait les premières victimes », nous dit-il. D’ailleurs, combien de nos ressortissants vivent encore au pays des tsars ?
« Depuis deux ans, le nombre de Français en Russie reste inchangé. Ils sont environ 3.500 »
Franck Ferrari, conseiller des Français de Russie
Ce chiffre est celui du registre des Français de l’étranger, même si la liste consulaire n’est plus publique. En dépit de cette guerre, et selon notre invité, nos expatriés continuent donc de mener à bien leurs différents projets.
A l’instar de nos compatriotes, lui-même ne manque pas d’initiatives. Celui, qui travaille au sein du Lycée français à Moscou toujours en fonctionnement, s’attache, en ce moment, à développer une autre école française du réseau AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger).
« Cet été je me suis retrouvé, avec trois autres Français, propriétaire de l’école française membre du réseau AEFE située à Saint-Pétersbourg. Elle devait fermer. On a décidé de s’unir pour la reprendre, sans trop de moyens financiers »
Franck Ferrari, conseiller des Français de Russie
Au cours de cette interview, Il nous raconte comment cet établissement a pu être sauvé. Et plus de 50 élèves y sont aujourd’hui scolarisés. Si la représentation diplomatique tricolore est présente pour soutenir cette initiative, une aide supplémentaire de la France serait la bienvenue. Même en période budgétaire complexe, espère l’élu consulaire.
Mais cette décision rester vivre en Russie peut-elle avoir d’autres conséquences que de résider dans un pays en guerre ? Nous avons ainsi demandé à Franck Ferrari si ce choix de conserver sa vie à Moscou pendant le conflit avec l’Ukraine pourrait, par ricochet, lui coller une image de « Pro Poutine » ? Sans détour, il nous affirme avoir toujours essayé de « ne pas polémiquer et de ne jamais entrer dans des discussions comme celle-là ». À notre micro, il va même plus loin. En tant qu’élu consulaire pour nos expatriés en Russie, il déclare également :
« Pendant ces périodes de crise, un conseiller des Français doit mettre ses opinions de côté et être focus sur sa communauté »
Franck Ferrari, conseiller des Français de Russie
Pour autant, c’est sa propre position. Et ce n’est pas forcément un conseil qu’il partage pour les autres Français vivant en Russie. Chacun fait ce qu’il souhaite, « je suis pour la liberté de s’exprimer et de penser » assure-t-il.
Un effet Trump positif pour stopper la guerre ?
Enfin, pour Franck Ferrari, le résultat de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, pourrait « ouvrir un espoir ». Il poursuit en nous disant qu’avec l’élection de Trump, « il y a eu une petite lumière », notamment pour qu’une issue au conflit « puisse se trouver rapidement ». Enfin cela pourrait arriver uniquement après le 20 janvier 2025, jour de passation de pouvoir à la maison blanche.
Auteur/Autrice
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Jérémy Michel a travaillé de nombreuses années pour des élus et a coordonné les affaires publiques européennes d'une grande entreprise française. Installé à Bruxelles depuis 2000, il est actuellement coach et consultant.
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