Dans deux semaines, la station balnéaire de Biarritz deviendra la capitale diplomatique du monde en accueillant, sous les auspices d’Emmanuel Macron, un sommet du G7 qui s’annonce chargé, entre guerre commerciale entre Washington et Pékin, tensions autour de l’Iran et bras de fer sur le Brexit.
Du 24 au 26 août, ce sont plus de 5 000 personnes – dirigeants, délégués, journalistes et forces de l’ordre – qui voisineront avec habitants et touristes de l’élégante cité des Pyrénées-Atlantiques, placée sous très haute sécurité en pleine saison estivale.
Trump et Merkel, mais aussi Modi et Sissi
Au total, 24 délégations étrangères sont attendues, avec en têtes d’affiche les dirigeants du G7: l’Américain Donald Trump, l’Allemande Angela Merkel, le Japonais Shinzo Abe, le Canadien Justin Trudeau, le Britannique Boris Johnson et l’Italien Giuseppe Conte. Ils seront accueillis par Emmanuel Macron le samedi 24 août pour un dîner informel dans un majestueux palace qui domine l’Atlantique.
Ils devraient ensuite être rejoints par leurs collègues des pays invités, comme l’Indien Narendra Modi, l’Australien Scott Morrison, le Chilien Sebastian Pinera, l’Espagnol Pedro Sanchez et six homologues africains: Abdel Fattah al-Sissi (Egypte), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Macky Sall (Sénégal), Paul Kagame (Rwanda) et Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso).
Participeront aussi aux débats les représentants de l’Union européenne et des grandes organisations internationales, comme l’ONU, le FMI ou l’OMC.
Divergences au menu
Le sommet tombe à pic pour échanger sur les grands dossiers de l’actualité qui fâchent: la taxation des géants du numérique, sur laquelle s’opposent Donald Trump et Emmanuel Macron, la guerre commerciale entre Washington et Pékin, qui inquiète capitales et marchés, ou les tensions américano-iraniennes menaçant d’enflammer le Golfe…
Pour tenter de déminer une partie d’entre eux, le chef de l’Etat français recevra le 19 août son homologue russe Vladimir Poutine afin, a-t-il expliqué, d’« explorer toutes les formes de coopération sur les grands sujets de déstabilisation ou de conflit, sans naïveté, mais sans que la porte ne soit fermée ».
Le retour de la Russie au sein du G7, dont elle a été exclue en 2014, est conditionné par les Occidentaux à des avancées de Moscou en vue de régler le conflit ukrainien.
Boris Johnson très attendu
Le nouveau Premier ministre britannique sera au centre des attentions. Les Européens veulent discuter avec lui du Brexit, qu’il a promis de mettre en oeuvre au 31 octobre, y compris au prix d’un divorce sans accord avec l’UE.
Très attendu aussi, le tête à tête avec Donald Trump, qui s’est dit « impatient » de rencontrer Boris Johnson, qu’il voit comme un allié sur la scène internationale. Tous deux partagent l’ambition de conclure au plus vite « un accord commercial ambitieux », une fois le Royaume-Uni ayant quitté l’UE.
Macron essaie un « nouveau format »
A l’issue du dernier G7, au Canada fin 2018, qui s’était terminé par un coup de sang de Donald Trump, Emmanuel Macron avait affiché sa volonté de « réformer le format » de ce rendez-vous annuel qu’il avait qualifié de « théâtre d’ombres et de divisions ».
La décision a été prise de supprimer la déclaration finale et de favoriser l’émergence de « coalitions de pays acteurs » désireux de « proposer des solutions concrètes sur les grands défis », comme la lutte contre les inégalités – priorité affichée de Paris -, la lutte contre le réchauffement climatique ou la coopération avec l’Afrique.
Pour lancer le débat, Emmanuel Macron organisera le 23 août à l’Elysée « une journée de dialogue » sur ces thèmes avec « la société civile » (experts, ONG, associations…).
Biarritz « sous cloche »
Pour ce premier G7 organisé en France depuis 2011, les autorités ont prévu « une mobilisation exceptionnelle » des forces de l’ordre, selon le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. A Biarritz, où une « zone rouge » ultra-sécurisée sanctuarisera les lieux de rendez-vous, mais aussi dans les villes voisines de Bayonne et Anglet et jusqu’à la frontière espagnole.
« On se prépare à l’hypothèse (de) contre-manifestations. Si elles sont violentes, nous les neutraliserons », a averti M. Castaner, en visite à Biarritz le 4 juillet.
Plusieurs dizaines de groupes opposés au sommet ont prévu de mener des actions de « désobéissance civile pacifique », notamment durant un contre-sommet du 19 au 23 août à Hendaye et Irun (Espagne), à une trentaine de km de Biarritz.
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