L’Insee a dévoilé ce mardi 31 janvier sa première estimation de la croissance de l’activité économique française en 2022, qui a résisté malgré la crise énergétique et la flambée de l’inflation, avant une année 2023 certainement plus difficile.
Après l’euphorique reprise post-Covid en 2021 (+6,8%), l’activité a marqué le pas en France l’an passé, ébranlée par la guerre en Ukraine qui a fait exploser les prix de l’énergie et une inflation qui culmine à des niveaux inédits en près de 40 ans, touchant les ménages au portefeuille.
L’Institut national de la statistique (Insee) table sur une hausse de 2,5% du produit intérieur brut (PIB) en 2022 – avec un quatrième trimestre négatif à – 0,2%. C’est un peu en-deçà des prévisions de la Banque de France (+2,6%) et du gouvernement (+2,7%).
« Ce n’est pas si mal, on est au-dessus du niveau pré-Covid », commente Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade, interrogé par l’AFP. Mais les mesures de soutien déployées à coups de milliards d’euros par le gouvernement pour contenir les factures ont joué fortement, relève-t-il.
Et la bonne tenue de l’activité française masque un tableau contrasté.
Les investissements des entreprises ont surpris par leur dynamisme et soutenu l’emploi, avec des carnets de commandes bien remplis depuis la pandémie.
Dans le même temps, la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance, a accusé le coup, frappée de plein fouet par la rapide hausse des prix.
Dans le détail, après un premier trimestre dans le rouge (-0,2%), marqué par la vague Omicron du coronavirus et l’invasion russe de l’Ukraine, puis une embellie printanière (+0,5% au deuxième trimestre), des nuages ont commencé à s’amonceler en deuxième partie d’année, avec l’atonie de la consommation des ménages au troisième trimestre (+0,2%).
Pic d’inflation
Augurant d’un net ralentissement en 2023, le quatrième trimestre s’annonce plus difficile encore, pénalisé par des grèves dans les raffineries, la maintenance de centrales nucléaires ainsi qu’une moindre consommation énergétique en raison d’un hiver clément, sur fond d’inflation tenace.
Confrontée elle aussi à la crise énergétique, l’Allemagne a annoncé lundi un recul de 0,2% de son PIB sur les trois derniers mois de 2022, un chiffre inférieur aux attentes des analystes qui tablaient plutôt sur une croissance nulle.
Une première estimation de la croissance de la zone euro dans son ensemble doit être dévoilée mardi en fin de matinée par Eurostat.
En France, le chiffre provisoire de la hausse des prix à la consommation pour janvier sera connu mardi également, après un bond de 5,2% en moyenne annuelle en 2022, et une hausse de 5,9% sur un an en décembre, dont des envolées à deux chiffres pour l’énergie et l’alimentation.
En dépit des soutiens publics, « cette inflation devrait avoir poussé les ménages à contrôler leurs dépenses au quatrième trimestre », souligne Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas.
Selon les économistes, cette inflation continuera à accélérer début 2023, notablement dans le secteur des services, pilier de l’économie française, avant de se calmer plus tard dans l’année.
L’Insee prévoit un pic autour de 7% en début d’année, alimenté notamment par la hausse des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité.
L’activité commencera aussi à ressentir pleinement l’impact du resserrement monétaire décidé par la Banque centrale européenne (BCE), qui devrait décider jeudi de relever une nouvelle fois ses taux d’intérêt.
Le tout sur fond de grèves liées à la réforme des retraites.
« Les éléments de résilience sont en train de se fissurer », affirme Maxime Darmet.
La Banque de France s’attend à une baisse de régime avec 0,3% de croissance en 2023. Elle est plus pessimiste que le gouvernement (+1%) qui compte dessus pour amorcer le redressement des finances publiques.
Mais même si les perspectives sont « incertaines », nuance toutefois dans une note Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, « on est loin d’un saut dans le vide vers la récession ».
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