La présence française en Afrique est un sujet permanent de polémiques. La « françafrique », objet de tous les fantasmes, masque une réalité qui est celle d’une très grande variété de situations. Retraités, ingénieurs, baroudeurs, enseignants et bi-nationaux, les Français d’Afrique sont à l’image du continent : d’une riche diversité.
Les Français d’Afrique dépendants du contexte politique local
La situation des expatriés dépend largement du contexte socio-économique et politique dans les pays de résidence. Ainsi, la communauté française de Côte d’Ivoire, autrefois poumon économique du pays, a largement déserté lors des troubles de la guerre civile entre 2002 et 2011. Si la situation est depuis pacifiée et la croissance retrouvée, de nombreux Français n’ont pas pris le chemin du retour, et ceux qui sont restés ou revenus sont discrets. Le contexte est particulier une partie de la population et des élites politiques considèrent encore l’opération Licorne menée à l’époque par la France comme une ingérence post-coloniale. Les «Grands quelqu’un qui a gros l’argent», comme sont surnommés ceux qui affichent sans complexe leur fortune, sont de moins en moins présents. Il n’y avait plus que 16 429 Français inscrits en 2015, avec 60% de bi-naitonaux mais aussi des chiffres en hausse constante depuis la fin du conflit.
De la même manière, la présence française dans le Maghreb a fortement été impactée par le printemps arabe et les attentats à Tunis notamment. Les troubles en Algérie ont donné des sueurs froides au Quai d’Orsay quant aux 250 000 franco-algériens présents dans le pays.
« Les vieux blancs » de Libreville dans des situations parfois précaires
Au Gabon, le nombre de Français expatriés est passé de 40 000 dans les années 80 à moins de 10 000 en 2017 selon le Consulat, prenant en compte que certains ne s’y inscrivent pas. La cause ? Un Etat Gabonais largement défaillant qui rechigne de plus en plus à payer les entreprises, y compris françaises, qui y font des affaires. Beaucoup de ceux qui sont sur place travaillent dans l’industrie pétrolière, qui reste, et de loin, la principale source de revenus du pays.
Il y existe cependant, et comme dans d’autres pays d’Afrique francophone, un autre phénomène particulier. Celui des « vieux blancs ». Ce sont des expatriés qui ne sont ni issus des vieilles familles de l’époque coloniale restées, comme par exemple la diaspora libanaise en Côte d’Ivoire et au Sénégal, et qui ne sont pas non plus des ingénieurs détachés pour une période limitée. Les vieux blancs ont un profil plus baroudeur, souvent dans le pays depuis plusieurs décennies, parfois anciens militaires, devenus traceurs de pistes, gérants de bars, au service de sociétés de sécurité. Leur situation, l’âge avançant, devient souvent précaire. Les « vieux blancs », pour la grande majorité d’entre eux, n’ont jamais cotisé auprès d’un régime de retraite et n’ont pas d’assurance maladie.
Les Français moins présents en Afrique anglophone
Dans les anciennes colonies britanniques, de l’Egypte à l’Afrique du Sud, la présence française se fait plus rare. Pour autant, le Président Macron, comme ses prédécesseurs, a décidé de mettre l’accent sur les deux locomotives du continent : le Nigéria et l’Afrique du Sud. L’Egypte, allié de la France et acheteur du Rafale, est également un pays prioritaire. Il est estimé que seulement 1,1% des 2 à 2,5 millions de Français de l’étranger résident dans l’Afrique noire non francophone contre 6,5% en Afrique du nord et 7,3% en Afrique noire francophone.
Notons enfin une dernière catégorie d’expatriés, les retraités et les personnes fortunées souhaitant vivre au soleil. Le Maroc ( 51 000 ressortissants en 2015, à la 10ème place) et l’Ile Maurice(10 000 ressortissants), y ont majoritairement leur préférence. Pays largement francophones, avec un environnement politique stable et des infrastructures efficaces, Maurice est le pays le plus riche du continent avec 25 000 $ de revenus moyens par an par habitant, ils séduisent quand d’autres sont des repoussoirs.
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