Fin d’adolescence difficile pour les réseaux sociaux 

Fin d’adolescence difficile pour les réseaux sociaux 

Facebook fête ses vingt ans. Le bel âge ? Pas tout à fait … Le premier réseau social mondial a, sans nul doute, révolutionné la communication en permettant à tout un chacun de développer des liens avec des connaissances, des amis, des membres de la famille en partageant des informations. Avec le temps, Facebook comme les autres qui sont nés dans son sillage ont évolué en système de communication de masse permettant la diffusion d’informations, de musiques, de vidéos, de publicités et d’annonces diverses et variées. Le concept de communauté d’amis a explosé. 

Les réseaux se sont transformés en télévision interactive ouverte à toutes les influences et manipulations. La place du village des débuts a cédé la place à une jungle, un bar du commerce où tout ou presque est autorisé. Les réseaux sociaux sont accusés de favoriser la diffusion d’idées complotistes, d’être la porte d’entrée de nombreux trafics (drogue, prostitution, pédophilie, etc.). Les dérives des réseaux sociaux conduisent certains internautes à en sortir comme Anne Hidalgo, la Maire de Paris, l’a fait avec X (ex Twitter). Pour autant, Facebook, X, Instagram, etc. sont devenus incontournables tant pour les grandes marques, les stars de la musique que les femmes et les hommes politiques. 

Les réseaux sociaux font-ils encore rêver ?

Les applications sociales occupent près de la moitié du temps d’écran mobile des internautes. Ces derniers passent un quart de leur vie éveillée au sein de ces réseaux, soit 40 % de plus qu’en 2020. L’épidémie de covid a provoqué une augmentation sensible de l’utilisation des réseaux sociaux. Deux décennies après sa création, Facebook, reste néanmoins le premier mondial, avec plus de 2 milliards d’utilisateurs quotidiens soit le quart de la population mondiale. Ce nombre a progressé de 6 % en 2023. Mais, son aura est en baisse. Il est devenu de plus en plus un repère de seniors. Les adolescents le boudent. 

Aux États-Unis, le nombre d’adolescents sur la plate-forme a diminué de 13 % en deux ans. En France, si, en 2018, 65 % des élèves de seconde déclaraient utiliser Facebook, ils ne sont plus que 31 % en 2023. Les jeunes privilégient YouTube, Instagram, Snapchat, TikTok et les boucles WhatsApp ou Telegram. Pour eux, Facebook est le réseau de leurs parents et de leurs grands-parents. 

Facebook est également devenu le réseau des classes populaires. Les cadres, les indépendants, les professions libérales l’utilisent de moins en moins. Facebook fait l’objet de nombreuses polémiques qui ont nui à son image. Il est ainsi accusé d’utiliser les données de ses abonnés à des fins personnelles, pratique qui est également d’usage au sein des autres réseaux. 

Le Président directeur général de Facebook, Mark Zuckerberg, a dû présenter des excuses à des familles de victimes, lors d’une audition au Sénat américain sur la question de la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs.

réseaux sociaux
Mark Zuckerberg ©Stockadobe

Des réseaux sociaux de moins en moins sociaux

Malgré l’accumulation de problèmes, Meta, la société mère de Facebook, vaut plus de 1 000 milliards de dollars en bourse. Les réseaux sociaux qui au départ reposaient sur des modèles ludiques sont devenus des affaires lucratives pour leurs propriétaires. Les médias sociaux sont de moins en moins sociaux et de plus en plus professionnels. Les algorithmes sont bâtis en fonction du comportement de visionnage de l’utilisateur, et non de ses connexions sociales. Ils sélectionnent désormais toutes les informations présentées aux abonnés que ce soient les vidéos et les publicités. L’information adressée aux membres des réseaux est de plus en plus orientée. Ses membres mettent de moins en moins d’informations personnelles sur les réseaux par crainte d’exploitation ou par le fait qu’elles ne sont plus visibles par leurs proches. Ces informations transitent désormais sur des plateformes fermées, telles que WhatsApp et Telegram. Il n’y aurait plus que 28 % des Américains qui auraient mis, en 2023, des informations personnelles sur Facebook contre 40 % en 2020. 

Les algorithmes encouragent le sensationnel, la montée aux extrêmes. Un message choc sera plus consulté et mis en avant par l’algorithme. Le recours à des titres racoleurs est monnaie courante pour générer du flux.

Un avantage certain aux provocateurs en tout genre

Des sociétés se sont spécialisées dans la réalisation de messages provocateurs, complotistes, avec des intentions pas toujours avouables afin de peser sur la constitution des opinions. Auparavant, pour être placés en première page, les messages devaient être republiés ; dorénavant, ce sont le nombre de personnes qui l’ont regardé qui compte ce qui modifie bien évidemment la donne. Ce changement donne un avantage certain aux provocateurs en tout genre. 

Les réseaux informent de moins en moins. Ils sont de plus en plus le relais de marques commerciales. Les actualités ne représenteraient plus que 3 % des messages regardés par les abonnés. Les seniors sont les derniers à partager des informations sur les réseaux tout en le faisant de moins en moins. 

Si les jeunes de moins de 25 ans déclarent que l’information sur les plateformes n’a aucun intérêt, ils indiquent cependant que ces dernières sont leur principale source d’accès à l’actualité. 

Les applications de messagerie avant les réseaux sociaux

Les responsables des différents réseaux ont été appelés par les pouvoirs publics à surveiller et à réguler les messages, les informations qui y sont placés. Face à la mise en œuvre d’une certaine forme de contrôle sur les grands réseaux, les internautes sont de plus en plus amenés à adhérer à des groupes privés sur des messageries comme WhatsApp ou Telegram. Cryptées, ces messageries sont moins surveillées que les places publiques que sont Facebook ou LinkedIn. Les conversations dans des groupes sont assimilées à des appels téléphoniques et soumises à la règle du secret mais quand une boucle Telegram rassemble 200 000 personnes, celle-ci s’apparente à un réseau non réglementé. 

Ces groupes sont utilisés par des organisations criminelles pour vendre de la drogue ou par des responsables politiques pour véhiculer des fausses informations sur leurs concurrents. Au sein des dictatures, en revanche, ces groupes sont des outils indispensables afin de permettre aux populations de communiquer, autant que possible, librement. 

Le monde du numérique est en permanente modification rendant sa régulation compliquée. Aujourd’hui, le danger provient plus des boucles privées que des applications sociales traditionnelles. La question des limites de la liberté de publier et de communiquer se pose une fois de plus. Autrefois, la presse écrite fut accusée d’inciter au crime en pratiquant la diffamation et en véhiculant de fausses informations.

Les cibles d’officines en lien avec des services secrets et des réseaux mafieux

En France, un cadre légal de la presse a été institué avec la loi du 29 juillet 1881. Cette loi a défini les libertés et responsabilités de la presse française. Avec Internet, le problème est mondial rendant plus complexe les modalités de contrôle et de régulation. Or, aujourd’hui, les applications sociales sont devenues les cibles d’officines en lien avec des services secrets et des réseaux mafieux. Les pouvoirs publics sont condamnés à instituer un cadre légal faute de quoi ils pourraient être remis en cause. La démocratie est en première ligne car son principe est d’autoriser toutes les opinions même celles qui s’opposent à elle.

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