Faites la guerre, pas l’amour.

Faites la guerre, pas l’amour.

Ah, les femmes, toujours les femmes ! En ces temps guerriers, divorces politiques et géopolitiques se multiplient. De zélés Trumpistes souhaitaient évincer le mot « femme » des travaux de recherche des universités. La guerre au wokisme justifierait les chasses aux sorcières, avant, sans doute, d’en venir aux autodafés. Avec un Président qui se vante de ne jamais lire, la culture se protégerait donc en interdisant les livres. Pen America, une association d’écrivains fondée en 1922 pour défendre la liberté d’expression, a recensé 10 046 livres interdits dans les bibliothèques scolaires aux États-Unis, contre 25, quatre ans auparavant.

Censurez les livres, pas les tweets. Elon, le père d’X Musk, en dicterait 26.000 par an. Machine à Tweets, robot ? Existe-t-il seulement ou a-t-il des jumeaux pour en écrire tellement ? S’est-il, déjà transhumain, cloné ? Pas étonnant que l’IA soit déjà considérée plus « intelligente » que la moyenne de la population mondiale.

Le sexe est-il une affaire de civilisation ?

Back to basics : La guerre à la Cancel culture passe par le sexe. Mélange de vulgarité et de puritanisme, le suprémachisme succède à MeToo.

Le sexe est-il une affaire de civilisation ? Aucun doute. La fracture entre l’Occident et les autres parties du monde est marquée par le statut des femmes. La révolution industrielle, qu’on devrait cesser d’appeler ainsi tant elle fut avant tout une révolution religieuse, provoqua, entre autres libérations, une révolution radicale, celle des femmes. De l’accouchement sans douleur au vote, de l’égalité des droits à la libération sexuelle, l’Occident est le seul moment qui a connu un tel bouleversement dans la condition des femmes. Et cette révolution n’est pas terminée, elle est en cours. Si, comme aux États-Unis, elle connaît des à-coups et reculs, cela prouve que c’est une révolution fondamentale, voire fondatrice. Une révolution qui change les relations entre hommes et femmes, bouleverse le mariage et les structures familiales, légitime les ex « déviants sexuels », reconnaît le droit au plaisir, y compris celui des femmes.

De nombreux régimes jugent l’Occident décadent, en raison de sa « féminisation », signe de faiblesse. La reconnaissance – et donc la promotion- de l’homosexualité en est la signature, logique. La querelle du Genre, avec les excès et les ridicules du wokisme, achève le verdict. Pour l’Église orthodoxe, les Frères musulmans, les communistes néoconfucianistes chinois, le fruit est mûr, il va tomber : Ève a pourri le paradis européen. Trump et Vance acquiescent.

© Envato

Les femmes sont libérées ? Et elles lisent. Quoi ? Des romans érotiques ! Le vrai danger, ce n’est ni la Russie, ni le radicalisme islamique, c’est l’affranchissement féminin, un virus européen.

Selon The Guardian, les ventes de littérature érotiques auraient doublé aux États-Unis entre 2020 et 2024.  Une littérature crue, où l’on nomme par leur nom, vulgaire, les objets du désir. Les « Bijoux indiscrets » sont volubiles. Selon The Economist, depuis l’an 2000, l’apparition du terme «orgasme » a quintuplé, celui du « clitoris » a été multiplié par quatorze. L’ère victorienne, sauf en Afghanistan, est morte. Qui achète et lit cette littérature autrefois mise l’Index ? La majorité des lecteurs sont … des lectrices ! Et les auteurs ? Des autrices !  Fermez le ban.

Selon Apollinaire, c’est Napoléon qui avait créé « l’Enfer » à la bibliothèque nationale, ce refuge des livres qui devaient être brûlés, et qui mis au secret.

Derrière le divorce de l’Amérique et de l’Europe une histoire de sexe.

Après les mots, les robots.  À la guerre, les drones révolutionnent le champ de bataille. Au lit, les sextoys sont rois. En 2020, la moitié de la population française a déjà utilisé un sextoy. La proportion n’était que de 9% en 2007 (IFOP). En 2024, un quart des Français possède le sien. L’ingéniosité française s’illustre : Le Womanizer,  sextoy inventé par Patrick Pruvot, un Français, s’est vendu, sans publicité, par le bouche à oreille, à des millions d’exemplaires. Tusk, un génie ? Laissez-nous rire. Un frustré plutôt. Plutôt Pruvot !

Derrière le divorce de l’Amérique et de l’Europe une histoire de sexe : Les États-Unis sont les héritiers des puritains. L’affiliation à la religion y reste beaucoup plus forte qu’en Europe. Les Européens sont les enfants des libertins. Nulle part au monde l’incroyance n’est autant affirmée qu’en Europe. Là où l’Amérique crie liberté, elle pense notamment à la liberté religieuse. Les différences entre l’Europe du Nord protestante et celle du sud catholique compliquent le paysage, mais partout la libération sexuelle a triomphé. La réaction masculiniste, est difficilement compréhensible en Europe, dans l’Europe latine comme dans les pays nordiques.

L’impérialisme machiste américain est bien compris partout ailleurs dans le monde. Ce qui explique la popularité de Trump en Inde, en Chine, en Afrique, alors qu’il l’est peu en Europe.

L’Europe est une anomalie. La guerre, sa possibilité, est un prétexte pour la faire aux femmes. Dès qu’un conflit survient, les femmes sont premières victimes. Mais dès que la légitimité d’un recours à la violence survient, alors les femmes la subissent. Légitimer la guerre comme un moyen normal de régler les conflits légitime partout la violence comme mode de vie.

Toute menace est suivie d’effet. La coutume de la dot de mariée, en inde, fait 7000 morts par an selon l’ONU. Les familles paient, quand elles peuvent, malgré la loi.

Une femme meurt toutes les 10 minutes, victime dans son foyer. Faut-il interdire la famille ?  

Le dernier rapport de l’ONU compte 85 000 féminicides dans le monde en 2023. Féminicide, vieux mot français, désigne le meurtre d’une femme parce que c’est une femme. C’est le genre de mot qui est sur la liste des trumpistes, celui qui déclenche l’arrêt des subventions dans une université. Ne pas nommer, ne pas savoir, ne pas reconnaître. 51 000 meurtres, de femmes parce qu’elles sont femmes ou filles, soit 60 %, sont  commis par leur compagnon ou un membre de la famille. Chaque jour, 140 femmes ou filles meurent au foyer, une femme toutes les 10 minutes.Faut-il interdire la famille ?

Le taux de féminicide dans le monde est de 1,1 pour 100 000. Il varie selon les continents : 2,5 en Afrique, 1, 6 en Russie, 1,4 dans les Amériques, 0,8 en Asie et 0,6 en Europe.

Les viols, les violences : des armes de guerre, des récompenses.

L’Europe est bien un cas à part. Pourtant, les taux d’homicides, hommes et femmes, varient plus fortement entre les continents. Les hommes s’entretuent plus qu’ils ne tuent les femmes. (80% des victimes de meurtres sont des hommes). Bref, la violence est mâle. Dans toute guerre, la guerre faite aux femmes s’accroît, à tel point que les viols, les violences faites aux femmes et aux enfants, sont considérés comme des armes de guerre. Elles sont plus que cela : des récompenses. La guerre est une licence, le fait de sortir du droit.

Beaucoup pensent que toute paix vaut mieux que n’importe quelle guerre. À une condition seulement ; que la paix ne soit pas la consécration de la violation du droit. Aujourd’hui, il existe une sorte d’accord pour utiliser le bellicisme à la fois comme une arme légitime dans les relations entre les Nations, et une arme interne dans une guerre faite aux femmes.

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Si l’Europe est à part dans le concert des nations, c’est une identité qu’il vaut la peine de défendre.

Et c’est là l’enjeu de tout combat comme de toute politique, un enjeu de civilisation. Si l’enjeu n’est pas la civilisation, quel est-il ? La place des femmes, le contrôle de la sexualité (des hommes et des femmes) par une autorité, un juge ou un prêtre, n’est-ce pas le cœur de toute civilisation ? Si l’Europe est à part dans le concert des nations et dans l’histoire du monde, c’est une identité qu’il vaut la peine de défendre, face aux « modèles » iraniens, indiens, chinois ou africains. La bataille, en grande partie, se passe aux États-Unis, déchirée, comme d’habitude. Voilà un enjeu qui vaut la peine, au-delà de Trump et des Wokistes, d’y réfléchir, et qui est de la responsabilité de chacun, puisqu’il passe par le comportement de chacun.

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