Pour l’OCDE, la crise sanitaire pourrait avoir des effets non négligeables sur le niveau des pensions dans les prochaines années après avoir créé un décalage de deux ans dans le processus de création de richesses et ralenti la progression de la masse salariale. En revanche, l’organisation souligne que les retraités n’ont pas, sauf rares exceptions, été financièrement touchés par la crise. Elle indique que le nombre de retraités a néanmoins diminué de 0,8%, ceux-ci étant les principales victimes de l’épidémie en cours.
L’OCDE plaide pour des mécanismes d’ajustement automatique des retraites
Sur le long terme, cette dernière a peu d’incidence sur la progression du nombre de retraités. Malgré la réduction de l’espérance de vie engendrée par la covid-19, au sein de l’OCDE, le vieillissement des pays occidentaux se poursuit, en effet, à vive allure. D’ici 2035, sans réforme, les dépenses de retraite augmenteront de 3,5 % du PIB au sein des États membres. Dans les pays d’Europe du Sud, d’Europe orientale ainsi qu’au Japon et en Corée, les populations d’âge actif se contracteront d’au moins 25 %.
Dans son rapport annuel sur les pensions, l’OCDE souligne que depuis plusieurs années, peu de pays ont adopté des mesures d’âge en raison d’une crispation de la population sur ce sujet. Les Pays-Bas et l’Irlande ont décidé de reporter ou d’abandonner le report de l’âge initialement prévu. La Suède a prévu néanmoins de relever l’âge minimum de la retraite pour les pensions publiques contributives et prévoir de l’indexer sur l’espérance de vie. Le Danemark, l’Italie ou la Lituanie ont élargi les mécanismes de retraite anticipée. Plusieurs États dont l’Allemagne ont amélioré le niveau des petites pensions.
L’âge normal de la retraite continue de reculer en moyenne de deux ans
Compte tenu des mesures prises dans le passé, l’âge normal de la retraite devrait continuer de reculer, en moyenne de deux ans au sein de l’OCDE, d’ici 2060. Cet âge sera de 69 ans au Danemark, en Estonie, en Italie et aux Pays-Bas.
Deux tiers des États de l’OCDE ont mis en place des mécanismes d’ajustement automatique afin de limiter le recours à des réformes anxiogènes. En fonction de l’évolution d’indicateurs financiers, économiques ou démographiques, des dispositifs de compensation s’appliquent automatiquement. Le recul de l’âge de la retraite, l’allongement de la durée de cotisation, les modalités d’indexation, les taux de cotisations, etc., figurent parmi les facteurs pouvant être ajustés pour rétablir l’équilibre financier.
Parmi les États ayant mis en œuvre de tels mécanismes :
– 6 se sont dotés de régimes notionnels (prise en compte de l’espérance de vie pour calculer le montant des pensions) ;
– 6 ont opté pour des systèmes dans lesquels l’âge de liquidation des droits varie en fonction de l’espérance de vie ;
– pour 7 autres, c’est le montant des prestations qui peut varier.
La Suède conjugue un mécanisme qui prend en compte l’espérance de vie et un système de rééquilibrage des comptes financiers. La Finlande a adopté un ajustement automatique qui repose à la fois sur l’âge de liquidation et sur le montant des pensions.
La France n’a pris aucune mesure significative sur les retraites lors de ces deux dernières années
Dans son rapport, l’OCDE a indiqué que la France n’a pris aucune mesure significative sur les retraites lors de ces deux dernières années. L’organisation indique que l’absence de dispositif de correction automatique des déséquilibres financiers constitue une faiblesse pour le système de retraites français. L’adoption d’un tel dispositif passe, pour l’organisation internationale, par une plus grande convergence des 42 régimes existants. Cette dernière estime que le mode de calcul des pensions sur la base des six derniers mois pour les régimes de la fonction publique ou sur les vingt-cinq meilleures années pour le régime général n’est pas tenable. Au sein de l’OCDE, seuls sept pays ont maintenu de telles règles.
L’Organisation indique que les dépenses de retraite hexagonales se sont accrues de 2,2 points de PIB depuis 2000, contre 1,5 point en moyenne chez les pays membres, malgré plusieurs réformes engagées depuis 1993. Après 2035, date à laquelle l’augmentation de la durée de cotisation à 43 ans sera achevée, plus aucun mécanisme ne fera monter l’âge moyen de départ. Les économistes de l’OCDE estiment qu’ « un âge minimum qui serait maintenu à 62 ans (60 ans pour le dispositif carrières longues) paraît très bas ». À partir du milieu de l’actuelle décennie, les générations les plus importantes des années 1960 commenceront à partir à la retraite quand, au même moment, les premières générations du baby-boom arriveront dans la période à risques pour la dépendance. L’accumulation de ces deux facteurs mettra sous pression les finances publiques.
Les années défilant inexorablement, le mur des contraintes se rapproche désormais à grande vitesse. Les pouvoirs publics devront gérer les problèmes d’organisation du système de santé, l’accueil des personnes dépendantes et les dépenses de retraite. Ce défi impose sans nul doute une modernisation des systèmes de pilotage des régimes sociaux avec une clarification des prises en charge.
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