À une très large majorité, les militants socialistes ont entériné jeudi soir (5 octobre) la décision de présenter une liste autonome aux prochaines élections européennes, rejoignant ainsi le PCF et EELV, douchant les derniers espoirs des insoumis.
La décision était attendue, elle est désormais officielle : le Parti socialiste (PS) ira, lui aussi, seul aux élections européennes de 2024.
Il y a un mois, le bureau national — qui regroupe les cadres du PS — avait validé cette orientation à l’unanimité. Les résultats définitifs du vote des militants de jeudi ne sont pas connus à l’heure de la publication de cet article, mais dans plusieurs sections locales ils avoisinent les 90 %, indique-t-on à Euractiv.
Jeudi soir, le PS communiquait à l’AFP des chiffres similaires, « sur plus de 60 % des bulletins dépouillés ».
Ces résultats montrent également une forme d’unité au sein du parti, alors que plusieurs courants coexistent et se sont frontalement opposés depuis le congrès de janvier 2023. L’essentiel des divisions se concentre sur le rapport à la NUPES, alliance qui a acté un rapprochement avec La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale.
Le Premier secrétaire du parti, Olivier Faure, catalogué comme pro-NUPES, a défendu vendredi matin la décision de ses militants.
Sur Sud radio, il a assuré que « nous avons besoin d’une Europe qui prend conscience de sa force et de ses responsabilités » et qui « assure sa propre souveraineté ».
Alors que les socialistes sont la seule formation de gauche à participer à la majorité parlementaire d’Ursula von der Leyen, il en a vanté le bilan : l’UE « a suspendu le pacte de stabilité, produit une dette commune, le Green Deal ».
« L’Europe change peut-être de logiciel », espère-t-il, au moment où « la droite, l’extrême droite font tout pour revenir en arrière : concurrence, libre-échange incontrôlé et austérité ».
Interrogé sur le soutien à l’Ukraine, il a assuré que son parti n’avait aucune ambiguïté et que les livraisons d’armes devaient être poursuivies. Cela est nécessaire non seulement pour les Ukrainiens, mais « aussi pour l’Europe » et sa sécurité, a estimé M. Faure.
Quant au nucléaire, ligne de fracture importante avec les écologistes et les insoumis, il appelle à « accepter l’idée » que l’énergie nucléaire, « décarbonée » est nécessaire à la transition. Il a par exemple fustigé « l’erreur colossale » de l’Allemagne, qui a décidé de rouvrir les centrales à charbon. L’objectif reste de tenter une sortie du nucléaire lorsque les énergies renouvelables seront arrivées « à maturité ». Dans l’immédiat, le nucléaire sert à décarboner l’économie.
Quelle tête de liste ?
Les Verts et les communistes avaient déjà validé le principe d’une liste autonome et choisi leurs têtes de liste. Les insoumis, toujours à la recherche d’un compromis pour une liste unique, avaient désigné Manon Aubry comme « coordinatrice » de la campagne et l’avaient chargée de poursuivre les efforts pour rechercher l’union des gauches.
Le PS n’a, quant à lui, pas encore choisi sa tête de liste. Il pourrait s’agir de l’eurodéputé sortant Raphaël Glucksmann (du parti Place publique), qui avait déjà conduit la liste socialiste en 2019. En annonçant sa propre candidature, il avait déjà rejeté l’idée d’une liste incluant les Insoumis et les communistes, en raison de divergences de fond.
Les différents partis de gauche doivent se retrouver le 19 octobre prochain, à l’initiative de la candidate écologiste Marie Toussaint. Dans un récent entretien accordé à Euractiv, elle assurait vouloir conclure « un pacte de non-agression » entre les formations de gauche : « Nous sommes séparés, mais pas divisés », assure l’élue européenne, qui refuse de « [céder] à la guerre des gauches ».