Européennes 2024 : le séisme

Européennes 2024 : le séisme

Ce 09 juin, plus de 360 millions d’Européens ont voté pour élire leurs représentants au Parlement européen. Côté français, près de 49,5 millions d’électeurs étaient attendus dont plus d’1 million d’expatriés. À la fermeture des bureaux de vote sur le continent européen où dans les pays où résident des Français, la première surprise fut sur le plan de la mobilisation. Plus importante que prévu avec plus de 52% des électeurs qui se sont déplacés, la France fait partie des pays où on a le plus voté (moyenne européenne à 42%). Mais les résultats ne s’en sont pas trouvés bouleversés et ont confirmé les sondages publiés dans notre pays ces derniers jours.

Ainsi, le RN arrive largement en tête avec 33% des suffrages exprimés, suivi de Valérie Hayer pour Renaissance (parti présidentiel) qui subit tout de même un vote sanction avec seulement un peu plus de 15% des voix. Il manqua quelques voix à Raphael Glucksman (PS) pour s’imposer comme second, son score s’établissant à 14,5% des bulletins. Mais chez les Français de l’étranger, le podium est totalement différent, Jordan Bardella et le RN n’ont toujours pas convaincu les expatriés de voter pour eux.

Pour autant, ce résultat aura de lourdes conséquences, puisqu’Emmanuel Macron a annoncé à 21h la dissolution de l’Assemblée nationale. Ainsi tous les Français sont convoqués le 30 juin et le 07 juillet mais ceux résidant à l’étranger le seront, comme à l’usage 1 semaine à l’avance pour le premier tour, soit le 23 juin. Soit dans 15 jours…La campagne commence demain.

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Dissolution de l’Assemblée nationale

C’est historique. Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale ce soir, après la défaite de la liste de sa majorité, arrivée loin derrière celle du Rassemblement national.

Pour le président des Républicains Éric Ciotti, l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est « la seule solution » à l’issue des élections européennes. Tandis que Le vice-président RN de l’Assemblée nationale Sébastien Chenu a assuré que le RN est « prêt« , actant la décision du Chef de l’État.

Mais c’est surtout dans son camp qu’on est inquiet. Comme le député Renaissance Clément Beaune qui estime que la dissolution de l’Assemblée nationale prononcée ce soir par Emmanuel Macron « est effectivement une dissolution à risque« . Mais pour Le patron du Modem François Bayrou, c’est une bonne décision pour « sortir le pays du marasme« .

Renaissance résiste chez les Français de l’étranger

Emmanuel Macron pourra compter aux élections législatives sur les expatriés. À chaque élection, ils ont voté massivement pour le chef de l’État et même lors de ces européennes, souvent, le parti présidentiel est arrivé en tête, avec un résultat global de 21,99% suivi par le PS à 18,76% et LFI avec 13,89%. Ensuite, Europe Ecologie comptabilise 12,18% des voix. Le grand gagnant de l’hexagone, Jordan Bardella, ne réunit que 8,30% des bulletins juste devant François Xavier Bellamy (LR) à 8,28%. Notons que Marion Maréchal n’aura pas réussi à faire aussi bien qu’Eric Zemmour lors de la présidentielle puisqu’elle termine derrière le RN à 7,67% (Eric Zemmour avait obtenu 8,67% des suffrages des Français de l’étranger).

Mais pour Marion Maréchal, le salut est venu des expatriés résidant en Israël, dans les bureaux de vote, elle arrive en tête avec 42,15% des bulletins. Un résultat qui peut s’expliquer par une faible mobilisation puisque la participation s’établit à 7,34%.

Derrière, c’est la gauche « traditionnelle » qui se maintient, confirmant les résultats des consulaires. En sera-t-il de même pour les Législatives ? Rien n’est moins sûr comme l’ont démontré les résultats de juin 2022 envoyant 9 députés de la majorité présidentielle sur 11 à l’Assemblée nationale. Pour autant, il va falloir mobiliser car le vote en ligne ne sera sûrement pas possible vu les délais.

L’anomalie russe

Seule exception par les Français de l’étranger, ceux installés dans la Russie de Vladimir Poutine. Dans le bureau de vote ouvert dans la capitale russe, le Rassemblement national arrive en tête, comme lors des derniers scrutins, avec 24,94% des voix. Le plus surprenant est de voir la liste menée par Jordan Bardella suivie par trois autres listes d’extrême droite.

La liste « Frexit » de François Asselineau arrive deuxième (18,83 %), celle de Marion Maréchal, troisième (13,23 %), et le militant antivaccin Florian Philippot est quatrième (9,67 %). Cependant, ces résultats sont à prendre avec des pincettes car seulement 398 Français ont voté sur 2386 inscrits.

Écouter le podcast sur les élections européennes

La coalition PPE/S&D reconduite

Pour revenir aux élections européennes, si, parfois, dans les pays les résultats détonnent, c’est la stabilité au niveau du continent qui prévaut puisque le PPE (regroupant les partis de la droite « républicaine ») et le S&D (regroupant les partis socialistes et leurs alliés proches) disposent d’un socle suffisant pour reconduire leur coalition (la projection, ci-dessous, est basée sur les résultats provisoires connus à 23h ce 09 juin 2024). Tour d’horizon des résultats marquants en Europe.  

En Allemagne, l’opposition conservatrice l’emporte, Olaf Scholz sanctionné et l’extrême droite en progression.

Sans surprise, les conservateurs (CDU/CSU) arrivent en tête en Allemagne, pays de l’Union européenne (UE) qui comptera le plus d’eurodéputés à l’issue de ces élections (96 sur 720). Selon les premières estimations, publiées peu après la fermeture des bureaux de vote à 18 heures par l’institut Infratest Dimap sur la chaîne ARD, ils obtiendraient 29,5 % des voix, soit 0,6 point de plus qu’en 2019.

Sans surprise non plus au vu des derniers sondages, les trois partis de la coalition du chancelier social-démocrate, Olaf Scholz (SPD), reculent. Avec 14 % (− 1,8 point par rapport à 2019), le SPD obtient le plus mauvais résultat de son histoire à l’échelle nationale. Les Verts, qui avaient obtenu 20,5 % des voix il y a cinq ans, ne recueilleraient que 12 %. Quant aux libéraux-démocrates (FDP), ils sont donnés à 5 % (− 0,4).

Avec 16,5 % des voix, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) progresse par rapport à 2019 (11 %), obtenant son meilleur résultat à l’échelle nationale depuis sa création en 2013. Son score est toutefois moins élevé que celui que lui prédisaient les sondages il y a quelques mois : à la mi-février, une enquête de l’institut INSA le créditait de 22 % des intentions de vote.

En Autriche, percée historique de l’extrême droite, selon les sondages à la sortie des urnes

Selon les sondages faits à la sortie des urnes par la télévision publique autrichienne, publiés à 17 heures, à la fermeture des bureaux de vote, le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) réalise une percée historique en obtenant 27 % des voix. C’est la première fois que le FPÖ est en première position dans des élections autrichiennes. Ce score historique est obtenu alors même que le parti a adopté une ligne radicale depuis 2020, très proche de celle du parti AfD en Allemagne.

Derrière le FPÖ, les conservateurs du ÖVP arrivent en deuxième position avec 23,5 % des voix, suivis des sociaux-démocrates du SPÖ avec 23 %, puis des Verts et des libéraux du parti NEOS, à égalité avec 10,5 %. Il s’agit du résultat de sondages à la sortie des urnes, le résultat des dépouillements ne sera pas publié avant 23 heures.

En Croatie, les conservateurs vainqueurs et une très large abstention

Selon les sondages sortis des urnes, les conservateurs du premier ministre Andrej Plenkovic arrivent en tête en Croatie avec 33,8 % des voix et devraient envoyer six eurodéputés siéger au groupe Parti populaire européen (PPE) au Parlement de Strasbourg, contre quatre dans le Parlement sortant.

Derrière, les sociaux-démocrates arrivent en deuxième position et conservent quatre sièges, tandis que l’extrême droite du Mouvement patriotique et les écologistes de Nous pouvons ! obtiennent chacun un siège. À noter une participation très faible, avec seulement 15 % des électeurs qui s’étaient déplacés à 17 heures.

Le parti du premier ministre finlandais arrive en tête du scrutin, l’extrême droite enregistre une forte baisse

Grosse surprise en Finlande : le parti des Vrais Finlandais, arrivés en deuxième position aux élections législatives en avril 2023 et membres de la coalition gouvernementale, accuse un très gros recul. Alors que 58 % des bulletins étaient dépouillés à 19 h 30 (20 h 30, à Helsinki), le parti d’extrême droite totalisait 6,7 % des voix, soit une baisse de 7 points par rapport au scrutin de 2019. Cette gifle peut s’expliquer par la politique d’austérité menée par le gouvernement, très impopulaire auprès des électeurs de la formation.

La formation du premier ministre, Petteri Orpo, le Parti de coalition nationale, arrive en tête, avec 24,9 % des suffrages, mais le plus grand gagnant du scrutin devrait être l’Alliance de gauche, qui se classe deuxième et obtient 18,3 % des voix (contre 6,89 % en 2019), devant le Parti social-démocrate, en troisième position avec 15,5 % des voix. La Ligue verte n’est créditée que de 11 % des votes, contre 16 % lors des dernières élections européennes.

En Grèce, la droite de Kyriakos Mitsotakis arrive en tête, devant le parti de gauche Syriza

Nouvelle Démocratie (ND), le parti de droite du premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, est arrivé en tête des élections européennes dimanche en Grèce, avec entre 28 % et 32 % des voix, selon des sondages réalisés à la sortie des urnes et publiés par la chaîne ERT.

Le chef du gouvernement, réélu avec une majorité absolue il y a un an, rate toutefois son objectif de rassembler 33 % des votes, comme il l’avait répété durant la campagne électorale. C’est le score qu’avait enregistré ND lors du dernier scrutin européen en 2019.

Le parti de gauche Syriza, dirigé par Stefanos Kasselakis, un ancien trader longtemps installé aux Etats-Unis, arrive en deuxième position avec entre 15,2 % à 18,2 % des voix. Derrière lui, le Mouvement socialiste panhellénique (Pasok) obtient entre 10,9 % et 13,9 % des suffrages, selon ces sondages de la chaîne publique grecque. Le parti nationaliste Solution grecque décroche entre 7,6 % et 10 % des voix, derrière le Parti communiste de Grèce (7,9 %-10,3 %).

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