Les États-Unis et l’Union européenne n’ont pas adopté les mêmes politiques économiques face à la pandémie. Les États-Unis ont opté pour un large programme de dépenses publiques quand la zone euro privilégie une politique de crédits peu chers.
Les États-Unis ont accru de 15 points de PIB leur déficit public. Le plan de Joe Biden de 1 900 milliards d’euros (qui s’ajoute aux mesures prise sous l’administration Trump) représente 10% du PIB. Le plan français de relance s’élève à 100 milliards d’euros, soit 4% du PIB.
L’Union européenne n’est pas un pays unifié. Elle est composée d’États dont certains ont une tradition de rigueur en matière budgétaire quand d’autres sont plus enclins au déficit. Le plan de relance de 750 milliards d’euros a été décidé après de longs et difficiles débats. Le processus de ratification étant complexe, sa mise en œuvre interviendra certainement à partir du deuxième semestre 2021. La part revenant à la France est de 40 milliards d’euros et servira à financer le plan national de relance.
La monnaie est le point d’ancrage des États membres avec la Banque Centrale Européenne qui joue un rôle de fédérateur et de garant en dernier ressort du système. Dans ce contexte, il n’est pas illogique que la politique monétaire y tienne une place plus importante qu’aux États-Unis. La stratégie de la Réserve Fédérale semble être aujourd’hui d’accompagner la reprise de l’économie, ou la perspective de reprise dans le futur, par une politique monétaire un peu moins expansionniste : freinage des achats de dette, acceptation de taux d’intérêt à long terme un peu plus élevés.
La Reserve fédérale plus prudente
Depuis la fin de la première vague, la Réserve Fédérale opte pour une politique plus prudente que celle de la Banque Centrale Européenne. Depuis le troisième trimestre de 2020, elle a ralenti les rachats d’obligations. La base monétaire a été, depuis le mois de juillet dernier, stabilisée autour de 7 000 milliards de dollars, contre 4 000 milliards de dollars en janvier 2020.
La banque centrale américaine laisse les taux d’intérêt réels à long terme se redresser légèrement. Après s’être abaissés à 0,6 % au deuxième trimestre 2020, ils sont depuis le quatrième trimestre 2020 repassés au-dessus en ce qui concerne les obligations de l’État fédéral à 10 ans. La courbe des taux est moins aplatie qu’en Europe. Il n’en demeure pas moins que les taux restent à des niveaux très faibles par rapport à la croissance attendue. Les taux réels restent toujours négatifs pour les emprunts d’État à 10 ans.
La Banque centrale européenne poursuit depuis le début de la pandémie son programme de rachats d’obligations. La base monétaire est passée de 3 200 à 5 000 milliards d’euros de mars 2020 à janvier 2021. Les achats d’obligations ont été importants entre avril et août, jusqu’à 400 milliards d’euros mensuels. Après une baisse à l’automne, ils sont en forte augmentation depuis le mois de décembre, autour de 250 milliards d’euros mensuel.
Les taux d’intérêt au cœur de la zone euro demeurent à des niveaux historiquement bas. Le taux moyen des obligations d’État à 10 ans pour la zone euro est nul depuis le troisième trimestre 2020 quand celui pour l’obligation d’État allemand est négatif de 0,5 %. L’écart avec les États-Unis est d’un point à un point et demi pour l’Allemagne, ce qui est conséquent.
Baisse du dollar anticipée
Les investisseurs anticipent une inflation plus forte aux États-Unis qu’en Europe ainsi qu’une dépréciation du dollar en raison de l’important programme de dépenses publiques décidé par Joe Biden. La politique américaine préserve la santé des établissements financiers et des épargnants. La sortie de crise sera de ce fait plus facile aux États-Unis, ces derniers s’appuyant moins sur les outils non conventionnels de la politique monétaire.
Le choix de laisser les taux d’intérêt augmenter est également lié à la nécessité d’attirer une partie de l’épargne internationale afin de financer l’abondant déficit américain. Il est également facilité par le rôle du dollar au sein de l’économie mondiale (plus de 60 % des réserves de change sont en dollars).
Croissance : avantage US
Sur le terrain de la croissance, la politique américaine sort pour le moment gagnante avec un recul plus faible du PIB en 2020 et un rebond effectif depuis le troisième semestre même si un ralentissement est constaté depuis le mois de décembre.
La bonne tenue de l’économie américaine n’est pas imputable exclusivement à l’association politique monétaire/politique budgétaire, elle s’explique par le poids des entreprises du numérique. Le plan de relance est critiqué aux États-Unis par son ampleur jugée excessive. Plusieurs experts s’inquiètent de ses potentiels effets inflationnistes. L’économie américaine serait dans l’incapacité de répondre aux stimuli de la demande qui risquent d’accroître le volume des importations en provenance notamment de Chine.
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