Et la liberté, bordel !

Et la liberté, bordel !

« Viva la libertad, carajo » est le cri de guerre du nouveau Président argentin, Javier Milei, «premier Président libéral libertaire de l’histoire de l’humanité », qui parle à son chien, qu’il pense être assis à la droite de dieu. Quels que soient ses défauts, il a jeté le péronisme à la poubelle. De gauche, de droite, militaire ou démocrate, le péronisme a ruiné l’Argentine par la démagogie et la corruption. Là comme ailleurs, l’étatisme profite aux cercles de connivence, appauvrit la classe moyenne, enferme les pauvres dans la trappe à pauvreté. Plus il y a de bureaucratie, plus il y a de tampons, plus il y a de corruption.

Plus il y a de bureaucratie, plus il y a de tampons, plus il y a de corruption.  

Les Argentins ont enfin compris que les démagogues péronistes, sous couvert nationalisme et « justice sociale », à coups d’aides, et de subventions, les pillaient depuis des lustres. Leurs armes préférées : l’inflation et la banqueroute (neuf faillites), en accusant les méchants américains. Les initiés, eux, au cœur de l’Etat, sont devenus très riches. Des corrompus, il y en a partout, plus ou moins. Ils se font attraper, plus ou moins. Des libéraux, c’est plus rare.

Javier Milei, le 12 septembre en déplacement à La Plata en Argentine et sa tronçonneuse, symbolisant les coupes à venir dans la dépense publique. | NATACHA PISARENKO/AP/SIPA

Aux Pays-Bas, hélas, le libéral Mark Rutte, le meilleur dirigeant qu’ait connu l’Europe depuis vingt ans, ayant démissionné, un xénophobe prorusse, conforme à l’extrême droite européenne, a gagné les élections. Il veut que les Pays-Bas quittent l’Union européenne. Ce pays modèle, sans déficit, en plein emploi, où les services publics marchent, par peur de l’étranger, de l’islamisme, se donne à quelqu’un qui veut interdire le Coran et fermer les frontières, alors que la réussite des Pays Bas vient de son ouverture au monde.

Milei ne réussira sans doute pas, mais Wilders échouera. Parce qu’une révolution est en cours. Certes, les forces antilibérales, illibérales, antidémocrates s’agitent. Sous des formes très différentes, dans les universités américaines comme à Moscou. L’ancien Premier ministre de Poutine, devenu son opposant libéral, Mikhaïl Kassianov, a été jugé « agent de l’étranger ». Une jeune artiste russe, Alexandra Skotchilenko, qui posait des étiquettes contre la guerre dans un supermarché a été condamnée à sept ans de prison. Ministres et haut gradés chinois disparaissent. L’amicale des dictateurs se gorge de conflits et investit dans les prisons.

Mais il est un mouvement irrésistible, porté par l’aspiration de tout un chacun, partout sur la planète, de vivre mieux. Malgré les crises et les bêtises, les dirigeants ineptes, les peurs et les haines. Il suffit d’ouvrir les yeux sur le passé récent.

Le message anti-immigration de Geert Wilders comprenant la fermeture des frontières et l’expulsion des immigrés illégaux, semble avoir trouvé un écho auprès des électeurs néerlandais.  [Yves Herman / REUTERS]

Un exploit inédit dans la misérable histoire de l’humanité.  

Ces vingt dernières années, l’extrême pauvreté a diminué de 29% à 8,4% de la population mondiale, quand celle-ci augmentait d’1.5 milliards de personnes. Un exploit inédit dans la misérable histoire de l’humanité. Que ceux qui méprisent le progrès se rappellent le cannibalisme pas, au siècle dernier, durant des famines qui firent des millions de morts : Ukraine, Chine, Bengale, Biafra…

Entre 1990 et 2020, la proportion d’enfants morts avant l’âge de 5 ans a chuté de 9,3 % à 3,7 %. L’espérance de vie mondiale est passée de 64 ans à 73 ans. L’alphabétisation des plus de quinze ans a grimpé de 75% en 1990 à 87% en 2020. 2 milliards de personnes vivaient avec moins de 2 dollars par jour en 1990, 500 millions en 2019. Toujours trop ? C’est pour cela qu’il ne faut pas se tromper. La liberté est le meilleur moyen de combattre la misère. L’appliquer sans mentir, la dénigrer, la pervertir.

Capitalisme est un mot qui laisse croire que le capital fait la richesse, alors que c’est le crédit: le pari sur l’avenir. Le capitalisme est forcément financier parce qu’il fonctionne à crédit. Créance sur l’avenir, il ne marche qu’associé à la possibilité d’agir, suppose des libertés d’action.

Les pays les plus égalitaires sont les démocraties libérales européennes.  

Partout on crie aux inégalités, selon les cours de Bourse, mais en vingt ans, l’indice Gini, mesure des inégalités dans le monde, est passé de 70 à 60 : la tendance de fond est à la baisse. Et les pays les plus égalitaires sont les démocraties libérales européennes.

Est apparue une nouvelle révolution « capitaliste » : Celle de la connaissance, de l’information, du digital. Plus de personnes ont eu accès à l’éducation, ont créé des richesses, ont pu les vendre dans le monde. 

Quand le Covid a bloqué le commerce mondial, par la panique étatique, le monde s’est appauvri, surtout les pauvres des pays pauvres. Les pays riches ont eu recours à la dette. Le recours au protectionnisme s’est légitimé. Or le protectionnisme ne réduit pas la pauvreté, il augmente les taxes et le prix des biens. Il appauvrit les pauvres des pays riches et ceux des pays pauvres. Mais la démagogie du nationalisme,  du « je vous protège », « je vous subventionne », marche. Péronisme.

La richesse vient de la concurrence par l’innovation : Les nouveaux produits, les nouvelles technologies, les nouvelles énergies. Le meilleur rapport qualité prix, chaque acheteur le cherche dans n’importe quel bazar de la planète ou sur internet. Sauf quand il y a monopole, rente, avec la protection du pouvoir, soi-disant pour le bien de tous. Le tampon.

Un gouvernement ne peut pas savoir quelle technologie développer. C’était vrai hier, c’est vrai pour les énergies renouvelables comme pour le digital. Le succès suppose expérimentations, tâtonnements, échecs, paris, hasards, inventeurs,  entrepreneurs.

La réponse à la crise écologique ne viendra pas de la planification étatique. Au contraire, de libertés nouvelles pour produire autrement et inventer.  

La réponse à la crise écologique ne viendra pas de la planification étatique. Au contraire, de libertés nouvelles pour produire autrement et inventer. Encore moins de la « décroissance ». Les plus pauvres en paieraient le prix, ils le refuseront, dans les pays riches comme dans les pays pauvres. La transition énergétique a besoin au contraire d’une « surcroissance », parce qu’elle exige d’énormes investissements, des capitaux qui ne peuvent être dégagés que par la création de richesse.

Cette nouvelle croissance, plus performante, moins coûteuse en énergie, se met en route, encore freinée par la résistance des peurs et des conflits ; par le manque de formation. Là encore, les remèdes aux déficits de l’enseignement ne viendront pas d’un ministère, d’en haut, mais d’en bas : des libertés nouvelles pour étudier et enseigner.

Si l’on veut lutter contre la pauvreté, augmenter le pouvoir d’achat, réussir la transition énergétique, il suffit de regarder, qui a le plus progressé, et pourquoi.

Irlande : Pour accroître les recettes fiscales, baisser les impôts.

L’Irlande était un des pays les plus pauvres de l’UE. Elle a baissé les impôts sur les sociétés de 40% à 12.5%. La baisse des taux n’a pas diminué les recettes fiscales, elle les a augmentées : L’impôt sur les sociétés, (au taux de 12.5%), représente 3.6% du PIB irlandais. En France, (au taux de 25%), seulement 2.6%. En Irlande, le PIB par habitant est de plus de 100.000$ par habitant, contre 50.000$ en France. La croissance l’an dernier était de 12.5%. Insolents. La France reste devant l’Irlande pour ses dépenses publiques (58% contre 25%), et ses dépenses sociales : 700 milliards, record mondial, 15% des dépenses sociales du monde. Mais qui a le plus gagné, le travailleur irlandais ou français ? Je ne parle pas des chômeurs : il n’y en a plus de chômage en Irlande.

Ceux qui veulent le Smic à 2000 euros devraient admirer la révolution capitaliste suisse plutôt que la révolution bolivarienne.  

En Allemagne, le salaire moyen est 11% plus haut qu’en France. Ce n’était pas le cas il y a vingt ans. Aux Pays-Bas, +20%, en Suisse, +40%. Il y a trente ans, les Suisses étaient au même niveau qu’en France. Ceux qui veulent porter le Smic à 2000 euros devraient admirer la révolution capitaliste suisse ou irlandaise plutôt que la révolution bolivarienne. Au Venezuela,  entre 2010 et 2020, le revenu moyen a baissé de 75%. Logiquement, le pays serait devenu un des plus inégalitaires d’Amérique latine (selon l’étude Encovi[1]), du monde.

Tous les pays ont le choix, à condition de pouvoir changer de gouvernement, base minimale d’une démocratie. Les Français aussi. Et si, au lieu de se tourner vers l’Etat pour réparer les fermetures éclair et les chaussures, comme le propose le gouvernement avec ses « bonus réparation », avec labels, tampons et formulaires, au nom l’économie circulaire, ils osaient la liberté ? On peut rêver, Carajo !

Laurent Dominati
Laurent Dominati

Laurent Dominati

a. Ambassadeur de France

a. Député de Paris

Président de la société éditrice du site Lesfrancais.press

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire