56% des Français souhaitent une cohabitation… 64% ne veulent donc pas d’une victoire de LaRem aux législatives. La démonstration d’un système politique français en fin de course ?
Un frein institutionnel
Depuis la mise en place du quinquennat en octobre 2000, aucun président élu n’a essuyé de défaite aux législatives. Cette réforme constitutionnelle, venue enterrer le septennat, avait justement pour objectif d’éviter le risque de cohabitation. L’alignement des calendriers électoraux – l’élection présidentielle est désormais systématiquement suivie des élections législatives – a ainsi contribué à minimiser l’hypothèse de majorités discordantes entre l’Elysée et l’Assemblée.
« Quand arrive le scrutin législatif, il est encore saturé par la dynamique présidentielle. Les présidents bénéficient d’une forme de légitimisme de la part de leur électorat et du découragement des électeurs des candidats qui ont perdu »
Olivier Rouquan, politologue et chercheur associé au Centre d’études et de recherches de sciences administratives et politiques (Cersa) à l’université Panthéon-Assas.
Si ce cadre institutionnel minimise les possibilités de cohabitation, deux sondages publiés dimanche démontrent que les Français, eux, y sont favorables. Selon l’enquête menée par l’institut OpinionWay pour Europe 1 et CNews, 63 % des sondés souhaitent qu’Emmanuel Macron « ne dispose pas d’une majorité et soit contraint à une cohabitation ». Et ils sont 56 % à exprimer le même souhait selon un sondage Ipsos Sopra-Steria. « Mais c’était déjà le cas en 2017 », tempère Olivier Rouquan. A l’époque, près d’un Français sur deux (49 %) espérait que les législatives donnent « une autre majorité à l’Assemblée » que celle qui avait élu Emmanuel Macron président, selon une étude Kantar Sofres-OnePoint, réalisée pour RTL, Le Figaro et LCI.
Un indispensable jeu d’alliances
Pour obtenir une majorité de députés à l’Assemblée – il faut en réunir au minimum 289 – les partis d’opposition vont devoir franchir de nombreux obstacles. « Le Parti socialiste et les Républicains se sont certes effondrés à la présidentielle, mais ils restent encore bien implantés au niveau local. Si LFI semble avoir pris le leadership auprès des électeurs de la gauche modérée et radicale, cet avantage est loin d’être consolidé localement », estime Jessica Sainty, enseignante-chercheuse en sciences politiques à l’université d’Avignon. Conscient des enjeux, le parti de Jean-Luc Mélenchon a d’ores et déjà engagé des discussions bilatérales avec EELV, le PCF et le NPA. Plus ouverte à la discussion qu’en 2017, LFI espère aboutir à un accord avant la fin avril avec un « programme partagé » par les différents partis de gauche.
Regardez le reportage de TV5MONDE
Dominique ROUSSEAU, juriste, professeur de droit constitutionnel, auteur du livre « Six thèses pour la démocratie continue » est avec nous ce soir pour en parler.
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