Les périodes troubles génèrent au sein des populations des problèmes psychologiques qui peuvent être graves. L’historienne, Laure Murat, en 2011, dans son livre « L’Homme qui se prenait pour Napoléon » soulignait que la Révolution et le Premier Empire avaient été marqués par une augmentation du nombre de personnes atteintes de troubles psychiques. L’épidémie de covid-19 avec ses confinements, ses mesures de contrôle de la population, et l’augmentation du nombre de décès, ont tout pour être une source potentielle de problèmes d’ordre psychiatrique.
Les suicides augmentent pendant les récessions
Il avait été déjà noté que lors de l’épidémie de Sars de 2003, le taux de suicide avait augmenté tout particulièrement chez les femmes âgées de Hong Kong. De nombreuses études ont prouvé que le nombre de suicides augmente pendant les récessions. Sur la base de ces précédents, une étude australienne, au début de l’épidémie, avait évoqué un risque d’augmentation du nombre de suicides de 25 % en raison de l’épidémie de covid-19.
Pour le moment, les faits contredisent les prévisions. Le nombre de suicides n’aurait augmenté que de 2 à 5 %. En Australie, pays certes peu touché par la pandémie, le nombre de suicides a même diminué. En revanche, au Japon, une hausse a été constatée non pas au début de la première vague mais au mois de décembre. La lassitude ou l’impuissance seraient plus dangereuse que le confinement ou que la peur de la maladie. Le Premier Ministre japonais a nommé un ministre en charge de la solitude pour faire face à ce problème. Au premier trimestre de 2021, le taux de suicide du Japon est revenu à son niveau d’avant la pandémie.
Un constat de baisse des suicides pendant la pandémie
Les chiffres récents d’autres pays ne montrent pas non plus de signes d’un pic de suicides. Au Royaume-Uni, une baisse des suicides de 12 % en 2020 a été constatée. Aux Etats-Unis, selon un article d’universitaire du Center for Disease Control and Prevention, les suicides auraient diminué de 6 % en 2020. Cette stabilité du nombre de suicides pourrait s’expliquer par le fait que les angoisses liées à l’épidémie sont largement partagées. Le suicide nait du désespoir individuel, du sentiment d’incompréhension, d’une défaillance totale de l’altérité. L’engagement massif des pouvoirs publics, les polémiques multiples relayées par les médias et les réseaux sociaux transforment cette pandémie en drame collectif permanent.
Un transfert de responsabilité est réalisé sur les dirigeants devenus responsables de la santé de chacun. Si une partie de la population a été confrontée à un stress plus important, l’autre dans le cadre du télétravail ou ayant migré en-dehors des agglomérations a bénéficié de conditions de vie plus agréables.
Lié au pouvoir d’achat
Le maintien du pouvoir d’achat a, en outre, jusqu’à maintenant, permis d’éviter de nombreux drames financiers. La situation serait tout autre au sein des pays en développement, qui sont moins en mesure d’amortir les chocs économiques. Peu ont des statistiques sur le suicide. Le Malawi a néanmoins signalé une augmentation de 52 % des suicides l’année dernière.
Plusieurs pays africains seraient également confrontés à une progression du nombre de suicides essentiellement provoqués par la montée de la pauvreté. Les pouvoirs publics face à la détresse de certaines catégories de la population, en France comme dans d’autres pays européens, ont adopté des dispositifs de soutien d’accompagnement psychologique sans précédent. A la fin du mois de janvier, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un « chèque psy » en faveur des étudiants. Selon la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal, chaque semaine 3 000 étudiants consultent un psychiatre dans la cadre de ce dispositif.
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