Enlèvement parental : un Français en grève de la faim à Tokyo

Enlèvement parental : un Français en grève de la faim à Tokyo

À quelques mètres du Stade national de Tokyo, qui accueillera – le 23 juillet prochain – la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, les soutiens se relaient jusqu’à tard le soir auprès de Vincent Fichot. Ce père de famille, installé au Japon depuis quinze ans, a commencé samedi dernier une grève de la faim pour protester contre l’enlèvement de ses deux enfants, par leur mère japonaise.

“Je ne sais même pas si mes enfants sont en vie”

Depuis le 10 août 2018, Vincent Fichot – ressortissant français et ancien salarié d’une banque japonaise – reste sans la moindre nouvelle de son fils Tsubasa et de sa fille Kaede, aujourd’hui âgés de six et quatre ans.

Ça a commencé comme une journée normale, je me suis levé, j’ai pris ma douche. Mon petit garçon s’est réveillé, il voulait jouer avec moi avant que je parte au travail, puis je lui ai fait un bisou et je l’ai remis au lit. Quand je suis rentré chez moi, le soir vers 18 heures, la maison avait complètement été vidée”

raconte Vincent Fichot, assis sur un tapis de sport qui lui sert de matelas.

Son épouse japonaise – qui n’a jamais accepté l’idée d’un divorce à l’amiable à la suite de problèmes de couple – est partie avec ses deux enfants. Au Japon, la garde partagée en cas de séparation n’a aucune valeur légale et les enlèvements par l’un des deux parents sont courants. Les principales victimes : 150 000 enfants mineurs chaque année dans l’archipel, selon les chiffres d’associations.

Je n’ai plus aucunes nouvelles de mes enfants depuis trois ans : je ne sais pas à quoi ils ressemblent, où ils sont, je ne sais même pas s’ils sont en vie”,

assure Vincent Fichot, alors dans son cinquième jour de jeûne.

Depuis leur enlèvement, le père de famille n’a cessé de se battre en multipliant les démarches avec l’administration, la justice et la police japonaise. Sans succès.

La police m’a dit que ce qu’avait fait mon ex-femme n’était pas considéré comme un crime au Japon, mais que si j’essayais de récupérer mes enfants, c’est moi qu’on mettrait en prison

se remémore Vincent Fichot.

Rejeté par les autorités nippones, il s’en remet alors à la justice française, aux instances européennes. Une résolution est même votée en 2019 aux Nations unies qui “demande au Japon d’arrêter d’enlever des enfants européens sur son territoire.” Une sollicitation qui restera sans actions concrètes, et ce, malgré des discussions entre Emmanuel Macron et l’ex-Premier ministre Shinzo Abe au cours de la même année.  

L’enlèvement parental, une pratique courante au Japon

Devant la gare de Sendagaya, là où Vincent Fichot a installé ses banderoles, nombreux sont ceux qui s’arrêtent pour lui tendre une bouteille d’eau.

Mon cas n’est pas unique, de nombreuses personnes dans la même situation viennent me voir. Et ce n’est plus seulement l’affaire des pères, il y a aussi de plus en plus de mères japonaises qui n’ont pas revu leurs enfants depuis des années

Conscients de cette problématique, les parents japonais savent alors qu’ils ont plus de chance de pouvoir garder une relation avec leur enfant s’ils sont les premiers à l’enlever.

Une pratique courante sur laquelle les autorités ferment volontairement les yeux. Cette grève de la faim – Vincent Fichot l’assure – n’est pas “un geste de désespoir, c’est quelque chose de très réfléchi.” Depuis six mois, le père de famille prépare cette action, suite logique du combat qu’il mène sans relâche pour récupérer la garde de ses deux enfants“Les Japonais refusent toute coopération depuis des années sur ce sujet. Aujourd’hui, il faut que la France comprenne qu’il va y avoir des conséquences face à son manque d’actions concrètes envers les autorités japonaises”, explique Vincent Fichot, déterminé à poursuivre son action jusqu’à mettre sa vie en danger. 

La communauté française du Japon et les conseillers consulaires se sont rapidement mobilisés auprès du père de famille, en venant lui témoigner son soutien depuis samedi dernier.

J’ai énormément de soutien. Des gens viennent me voir tous les jours et viennent parfois de très loin

exprime Vincent Fichot.

À quelques jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le Français souhaite attirer l’attention d’Emmanuel Macron – en visite à Tokyo vendredi prochain – sur son combat, dans l’espoir de retrouver ses enfants après des années de vie séparés.

Avec cette action, la France va devoir choisir entre continuer de protéger ses relations avec le Japon ou d’avoir un papa qui meurt devant le Stade olympique et devant les médias.”

Vincent Fichot.

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