Depuis plusieurs mois, les jeunes Français de moins de 25 ans vivant à l’étranger ne peuvent réaliser leur « Journée Défense et Citoyenneté » (JDC). Or, elle est pourtant obligatoire en cas de retour sur le territoire national. Aussi, pour le moment, les consulats ou ambassades adressent à ce public une attestation de report. Mais au-delà de cette obligation, c’est également tout un message sur la citoyenneté et les institutions françaises qui n’arrive pas à destination de nos jeunes expatriés. Pour combler ce manque, l’association « Français du Monde adfe Tunisie » a décidé d’organiser deux journées intitulées « Parcours citoyen ». Avec en filigrane un message envoyé aux autorités françaises : oui il est possible d’organiser une JDC à l’étranger.
« Citoyen des deux rives – Parcours Citoyen » : pourquoi, où, qui, quand, comment ?
Tout d’abord, nous vous rappelons à qui s’adressent en priorité ces journées, et nous vous indiquons les modalités d’inscription, ainsi que les lieux de réunions.
L’objectif de cet événement « Citoyen des deux rives – Parcours Citoyen » est avant tout de faire découvrir aux jeunes le fonctionnement des institutions politiques en France, de leur permettre de rencontrer des élus, et aussi de leur proposer une expérience pratique autour du débat d’idées.
Ces journées se dérouleront durant les vacances scolaires, à Tunis et à Sousse. Le vendredi 1er novembre, de 9h à 17h à l’Institut Français de Tunis (20-22 avenue de Paris), et le samedi 2 novembre, de 9h à 17h, à l’Institut Français de Sousse (15 rue Hamed El Ghazali).
Ces journées s’adressent en priorité à tous les jeunes Français, de 11 ans à 15 ans, résidant en Tunisie. Des cadeaux seront offerts et une attestation de formation sera remise en fin de journée. L’inscription est gratuite. Remplir le formulaire d’inscription en cliquant sur le bouton ci-dessous :
Interview des organisateurs de l’événement « Citoyen des deux rives – Parcours Citoyen »
Lesfrancais.press a rencontré les organisateurs de cet événement pour qu’ils nous partagent leurs ambitions et objectifs. Jean-Claude Kraft, président de l’association Français-du-monde en Tunisie, et Martine Vautrin Djedidi, conseillère élue des Français en Tunisie et Libye.
Jean-Claude Kraft, président de Français du monde - adfe - Tunisie : « Nous espérons contribuer (…) à maintenir ce lien pas toujours facile entre les jeunes et la France »
Lesfrancais.press : « Jean-Claude Kraft, pourriez-vous nous présenter "Citoyen des deux rives-Parcours citoyen", quel est l'objectif de cet événement ? »
Jean-Claude Kraft : « « Citoyen des 2 rives » est né d’une rencontre avec Nathalie Guzzo et Bernard Virelaude de l’association MOZEACT. Nous avons réfléchi ensemble à comment travailler sur l’axe citoyenneté, raison d’être de leurs interventions.
Nous avons alors décidé de créer une journée qui se rapproche de la « Journée Défense et citoyenneté » (JDC), tout en apportant à travers son animation et ses contenus, des interactions sur tous les sujets qui construisent la citoyenneté d’un adulte en devenir : l’engagement, la participation, le sens des valeurs, la solidarité… »
Lesfrancais.press : « C'est dans cette perspective que vous organisez le 1er et 2 novembre prochain, à Tunis et à Sousse, deux journées pour semer "une graine de citoyen" ? Et, concrètement, cela se passera comment ? »
Jean-Claude Kraft : « La journée se compose de quatre modules parlant de défense avec l’attaché de défense de l’ambassade de France en Tunisie, avec des intervenants du dispositif « hors les murs » du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), et bien évidemment une expression de la diplomatie locale portée par la Vice-Consul pour cette cession, des institutions avec la participation du député de la circonscription et d’un sénateur*.
« Comment travailler ensemble pour arriver à un consensus »
Jean-Claude Kraft, président Français-du-monde - adfe – Tunisie
Tout ceci autour d’ateliers sur « comment travailler ensemble pour arriver à un consensus »… Sujet bien d’actualité à un niveau national. Enfin, les conseillers élus des Français de l’étranger, leurs fonctions et missions et les associations de Français actives sur le territoire tunisien, dont évidemment Français du monde adfe Tunisie qui existe depuis 1982.
La journée se terminera par la remise d’une attestation, qui n’est pas à ce jour équivalente à celle d’une JDC réalisée en France, mais nous avons bon espoir qu’en constatant la qualité du travail réalisé, les instances rentrent en matière sur le sujet et que ce projet fasse des petits un peu partout. »
(*Intervenants : Marjorie Thomas, Vice consule de France, Kandida Muhuri, rédactrice en chef de France diplomatie, Karim Ben Cheïkh, député des Français du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, et Jean Yves Leconte, ancien sénateur)
Lesfrancais.press : « C'est aussi une façon de faire vivre la langue française en Tunisie ? »
Jean-Claude Kraft : « Nous espérons ainsi contribuer bien au-delà de l’unique promotion de la langue française, à maintenir ce lien pas toujours facile entre les jeunes et la France… même si de nos jours, ils sont tout d’abord des citoyens du monde, ils n’en restent pas moins les détenteurs de notre avenir… continuons à semer… modestement mais avec conviction. »
Martine Vautrin Djedidi, conseillère élue des Français en Tunisie et Libye : « La France et la langue française ne peuvent plus se contenter de considérer leurs places en Tunisie comme par le passé. Rien n'est acquis. »
Lesfrancais.press : « Martine Vautrin Djedidi, vous regrettez que le consulat de France ou l'ambassade n'organisent plus la "Journée Défense et citoyenneté" (JDC) en Tunisie, cet événement "Citoyen des deux rives", organisé les 1er et 2 novembre 2024, c'est aussi un message que vous envoyez aux autorités françaises ? »
Martine Vautrin Djedidi : « Il est effectivement regrettable, et mes collègues et moi-même l’avons exprimé auprès de l’administration du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), que cette journée ait été supprimée pour d’assez obscures raisons de moyens alors même qu’en Tunisie nous disposons d’implantations françaises pour la réaliser. La présence du, ou de la, consul-e général-e et de l’attaché de défense est certes requise mais c’est une journée dans l’année. Et nos ministères disposent de supports de communication.
La JDC était l’occasion pour de jeunes double nationaux souvent non scolarisés dans nos établissements de se « sentir Français » pour la première fois remarque qui m’avait été faite par un participant. Donc oui, c’est aussi un message que nous envoyons alors même qu’il n’est pas rare que les Français de et à l’étranger ne soient pas toujours considérés comme des Français à part entière. »
Lesfrancais.press : « La place de la France est-elle en recul chez nos jeunes ressortissants en Tunisie ? »
Martine Vautrin Djedidi : « Vaste et grave sujet à l’heure où la place et les positions internationales de la France, en Tunisie et ailleurs, sont objets de débats.
La France est-elle en recul auprès de nos jeunes ? Difficile de répondre globalement à cette question. Chacun d’entre eux vit différemment cette appartenance, il n’y a pas fort heureusement d’identité idéale ou définie par les textes, surtout bien évidemment chez les doubles nationaux, largement majoritaires, qui n’y ont jamais vécu.
« La JDC était l'occasion pour de jeunes double nationaux souvent non scolarisés dans nos établissements de se "sentir Français ».
Martine Vautrin Djedidi, conseillère élue des Français en Tunisie et Libye
Ceci explique peut-être le faible taux de participation aux élections. En tout état de cause, la France et la langue française ne peuvent plus se contenter de considérer leurs places en Tunisie comme par le passé. Rien n’est acquis. »
Lesfrancais.press : « Vous êtes Conseillère élue des Français des Français de Tunisie et de Libye, plus généralement, quelles sont actuellement les préoccupations principales de nos compatriotes vivant dans votre circonscription ? »
Martine Vautrin Djedidi : « Les préoccupations principales de nos compatriotes diffèrent assez peu de leurs homologues en France : pouvoir d’achat, santé, protection sociale, prise en charge des dépendances, avenir de leurs enfants.
« Contribuer à semer comme le font les associations et les élus "des graines de citoyen " »
Martine Vautrin Djedidi, conseillère élue des Français en Tunisie et Libye
Et en marge, dans ces familles multiculturelles, la mobilité. À cette différence près, que, malgré les aides sociales possibles, et non automatiques, bourses scolaires et allocations consulaires, un Français hors de France n’a pas tout à fait les mêmes droits qu’en France. Notre ambition reste modeste : il s’agit de contribuer à semer comme le font les associations et les élus « des graines de citoyen «
Auteur/Autrice
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Jérémy Michel a travaillé de nombreuses années pour des élus et a coordonné les affaires publiques européennes d'une grande entreprise française. Installé à Bruxelles depuis 2000, il est actuellement coach et consultant.
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