Emmanuel Macron au chevet de Marseille

Emmanuel Macron au chevet de Marseille

« Marseille en grand »

Emmanuel Macron débute mercredi 1er septembre une visite de trois jours dans la cité phocéenne, ponctuée jeudi par la présentation d’un plan d’action pour la deuxième ville de France, en proie à de nombreux maux. Au programme : des mesures pour les transports et les écoles de la ville, ou encore la lutte contre la criminalité. Le tout avec la volonté de ne pas donner l’impression de s’imposer. « Paris ne vient pas gérer Marseille », assure l’Elysée.

Sept ministres seront du déplacement aux côtés du Président de la République, dont Gérald Darmanin, Barbara Pompili et Jean-Michel Blanquer. Franceinfo revient en détail sur les raisons de ce déplacement.

La rénovation d’écoles « dans un état pitoyable »

Le montant nécessaire est déjà évoqué par le maire socialiste de la ville. Il faudra selon lui 1,2 milliard d’euros pour rénover « presque 300 écoles » sur les 500 que compte Marseille. 

« Les écoles sont dans un état indigne. Il y a des écoles où il pleut, où il y a des rats. Dans les infirmeries, il y a de l’amiante (…) Quand je regardais les écoles, j’avais honte et c’est normal »

Benoît Payan, interrogé par BFMTV mardi. 

Largement pointé du doigt par un rapport de la Cour des comptes publié en 2019, l’état des écoles marseillaises est depuis plusieurs mois au cœur des préoccupations de l’exécutif local. Un premier volet a été initié par la municipalité, élue en 2020 : 30 millions d’euros pour des travaux d’urgence, puis 85 millions engagés lors du vote du premier budget, en avril, pour un programme de réhabilitation de 11 écoles.

Si Benoît Payan attend une participation conséquente du gouvernement, il n’attend pas pour autant un chèque en blanc.

« Je veux [l’Etat] comme partenaire, pas comme financeur »

Benoît Payan dans une interview à l’AFP.

Lors de son déplacement, Emmanuel Macron se rendra dans une école du 13e arrondissement de la ville, jeudi, pour la rentrée scolaire. Il doit ensuite prendre la parole pour détailler les mesures prises pour contribuer à la réhabilitation de plusieurs établissements.

La lutte contre le trafic de drogue et les règlements de comptes

Quinze personnes ont trouvé la mort dans des règlements de comptes à Marseille depuis le début de l’année. Parmi elles, un adolescent de 14 ans, victime d’un tir de Kalachnikov aux abords d’un point de deal, le 18 août. 

« C’est insensé qu’à Marseille, il soit plus facile de se procurer une arme que de trouver une boulangerie. C’est peut-être exagéré pour certains, mais moi qui vis dans les quartiers Nord, je peux vous dire que c’est vrai »

Amine, adolescent de 17 ans dont le frère est mort dans un règlement de comptes en décembre 2020.

Pas question de minimiser l’ampleur du problème du côté de la mairie : « On parle de trafics internationaux, on parle de mafias et de cartels », a reconnu Benoît Payan sur BFMTV, qui prône la création d’un parquet spécialisé contre le trafic de drogue.

Au sein de la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille (Jirs), « il y a huit juges d’instruction pour 10 millions d’habitants, vous pensez que ça suffit ? » 

Benoît Payan dans une interview à BFMTV

Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a annoncé le 25 août l’arrivée de nouveaux magistrats à Marseille, mais pour les syndicats, cela semble irréel : « Je ne sais pas où le ministre va aller chercher des effectifs »s’interrogeait sur franceinfo la vice-présidente de l’Union syndicale des magistrats, Cécile Mamelin.

Pour lutter contre les réseaux criminels, le ministre de l’Intérieur a promis en février dernier 300 policiers supplémentaires à Marseille d’ici 2023, dont 100 sont arrivés cette année dans les Bouches-du-Rhône, en plus de deux compagnies de CRS (120 membres) désormais basées en permanence dans la ville. Benoît Payan évoque toutefois le besoin de 800 policiers supplémentaires pour lutter efficacement contre ces réseaux installés dans la ville.

La réhabilitation des logements insalubres

Un rapport (PDF) remis en 2015 au ministère du Logement tirait déjà la sonnette d’alarme sur l’état du parc immobilier marseillais. Il dénombrait 40 000 taudis à Marseille, soit 100 000 personnes concernées sur 860 000 habitants. En novembre 2018, la mort de huit personnes dans l’effondrement d’un immeuble rue d’Aubagne, à deux pas du Vieux-Port, avait rappelé l’état de délabrement avancé d’une partie des habitats.

Après ce drame, Etat et collectivités ont signé un plan d’action pour répartir les 600 millions d’euros promis contre l’habitat indigne, avec une stratégie à 15 ans pour 1 000 hectares du centre-ville. Mais la première phase de ce projet, de 217 millions d’euros, vise quatre îlots dégradés seulement, soit 7 hectares. Encore bien loin du compte.

Le développement des transports publics

Deux lignes de métro, trois lignes de tramway, 93 lignes de bus et 130 km de pistes cyclables (contre 750 pour l’agglomération lyonnaise), voilà ce dont disposent les 860 000 Marseillais pour se déplacer. Pour comprendre à quel point ces transports publics sont sous-dimensionnés, il suffit de les comparer à leurs homologues d’autres grandes villes. Selon l’Union des transports publics, la deuxième ville de France ne compte que 1 129 kilomètres de lignes de bus, tramway et métro, contre 3 886 à Lyon par exemple. Sans parler des 16 lignes de métro parisiennes et du maillage du réseau RATP dans une ville pourtant deux fois moins étendue.

Les quartiers Nord (soit les 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements), dans lesquels vivent près d’un tiers de la population marseillaise, ne sont desservis que par quatre arrêts de métro. Une extension de 900 mètres de la ligne 2 du réseau a notamment mis cinq ans avant de voir le jour. 

« Marseille, qui est une ville qui fait cinq fois Lyon en surface, a deux lignes de métro inaugurées il y a 40 ans. Une grande métropole en Europe n’a pas été capable de faire une ligne de métro [de plus] en 40 ans ! » 

Benoît Payan dans une interview à l’AFP.

Emmanuel Macron présidera jeudi un déjeuner de travail consacré au plan de transport.

La préservation du patrimoine naturel du parc des Calanques

Si le programme du chef de l’Etat à Marseille s’est alourdi ces dernières semaines, son déplacement dans les Bouches-du-Rhône était prévu de longue date, à l’occasion du Congrès mondial de la nature, où il assistera vendredi après-midi à la cérémonie d’ouverture.

Plus tôt dans la journée, il doit se rendre dans le parc national des Calanques, victime d’une surfréquentation qui met en danger la biodiversité de ses 50 000 hectares. La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, doit faire le déplacement à ses côtés.

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