La croissance économique est-elle devenue l’ennemi de l’humanité ? Elle renvoie à la société de la consommation, du gaspillage et de la pollution. Pour le monde de l’après épidémie, nombreux sont ceux qui appellent de leurs vœux une économie plus frugale voire une croissance « zéro ». D’autres estiment que, de toute façon, nous n’échapperons pas à la stagnation séculaire. Les époques tourmentées marquées par des crises à répétition engendrent des peurs millénaristes et le fatalisme.
La crise s’accompagne d’une grande nationalisation indirecte des activités
Face au choc de l’épidémie, tous les gouvernements essaient de sauver l’économie. L’argent gratuit ou presque distribué par les banques centrales donne l’impression que tous les problèmes peuvent être résolus en se soustrayant aux règles de l’économie traditionnelle et en particulier au travail. Les dépenses de retraite, de santé, d’éducation peuvent être financées sans limite grâce à la planche à billets. Les revenus des ménages peuvent être à l’infini socialisés donnant ainsi corps au revenu universel. Les entreprises peuvent s’endetter pour maintenir coûte que coûte leurs activités et leurs emplois. La crise s’accompagne d’une grande nationalisation indirecte des activités.
Ce déversement sans limite d’argent entre en contradiction avec le principe de la rareté des ressources. Un retour sur terre est prévisible à plus ou moins brève échéance. Dans le passé, les banqueroutes ont été légions ; elles ont débouché sur des corrections sévères de revenus, de richesses, que ce soit au niveau des Etats ou des individus.
Le retour de la croissance est la seule voie
Pour éviter un atterrissage brutal et un appauvrissement généralisé, le retour de la croissance est la seule voie. Depuis une dizaine d’années, l’accumulation des crises, la montée du populisme, la défiance à l’encontre des dirigeants au sein des pays dits avancés proviennent d’une stagnation des revenus. La croissance dont la formule précise reste à établir est un savant cocktail associant du travail, du capital, de la productivité, un cadre réglementaire propice et stable ainsi qu’une ouverture sur l’extérieur tant sur le plan des idées qu’en matière d’échanges.
Pour s’épanouir, la croissance a un réel besoin de concurrence. Or, depuis une trentaine d’années, cette dernière s’étiole. Dans des pays comme la France, elle n’a jamais eu bonne presse. Elle est même assimilée à tort à la loi de la jungle. Le malthusianisme et la tentation corporatiste sont un réel leitmotiv.
La concurrence a mauvaise presse
La concurrence est mise à mal par la digitalisation qui a entraîné l’apparition d’entreprises tentaculaires, en situation quasi monopolistique. En position de rentiers, elles accumulent des bénéfices hors normes. La mondialisation favorise également la concentration à tort ou à raison. Elle incite les pouvoirs publics à encourager la constitution de champions nationaux, de grands groupes supposés sauver l’emploi.
En période de crise, le recours au colbertisme, au corporatisme est une tentation même si les résultats escomptés sont rarement au rendez-vous. L’affadissement de la concurrence s’accompagne d’une baisse de la diffusion du progrès technique et donc de la croissance. Les salariés comme les consommateurs en sont les premières victimes. Un nombre réduit d’entreprises affaiblit les capacités de négociation des employés et entraîne bien souvent une augmentation des prix des biens et des services.
Contre les oligopoles
Face à la concentration économique qui concerne tous les grands secteurs, les gouvernements tant au niveau européen que mondial auraient tout intérêt à moderniser et renforcer les mécanismes de lutte contre les oligopoles. La restauration d’une croissance forte et durable passe par la densification du tissu économique et non par son appauvrissement ou son rétrécissement
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