Chaos législatif, mépris démocratique. Ainsi, au petit matin, un amendement surprise fut annoncé. Il repousse, on ne sait pour qui, ni où, ni quand, les élections consulaires, pour cause d’« urgence sanitaire ». Après plus d’un an de pandémie, des centaines d’élection de par le monde, en urgence, sans même avertir les Parlementaires de ce qu’ils auront à voter, le gouvernement se donne le droit de suspendre, dans telle ou telle circonscription, le vote des Français de l’étranger.
L’état de droit, c’est, théoriquement, l’Etat soumis au droit, le droit de principes universels, celui des citoyens. Ce n’est pas le simple respect de la règle, car celle-ci peut être contraire aux droits imprescriptibles de l’homme, dit la Constitution. Les droits de l’homme ne sont pas un sentimentalisme faiblard, mais des exigences qui obligent le pouvoir, les pouvoirs, à ne pas faire n’importe quoi. Hélas, le n’importe quoi législatif est partout et bon marché.
Le socle de tout pouvoir, toute autorité, c’est le citoyen. Car on pouvait penser que la République française, ses traditions, ses dirigeants, son administration, avaient quelque notion de ce qui se fait et ce qui ne se fait pas en matière de Droit. Et bien non : la pandémie, virus de folie, autorise à faire n’importe quoi. Y compris en catimini.
Ce n’est pas grave : il ne s’agit que d’élections
On dira : « ce n’est pas grave, il ne s’agit que d’élections ». Celles des Français de l’étranger par surcroit. Personne ne s’en apercevra, pas même eux, rit-on dans les bureaux. C’est donc bien plus grave : au mépris du droit ajoutez le mépris des citoyens.
Mépris des élus aussi, évidemment. Aucun parlementaire n’avait été informé de cet amendement, pas même ceux de la majorité. Ils ont voté quant même. Ils ne savent pas ce qu’ils ont voté, puisque l’administration indiquera les circonscriptions dans lesquelles le vote sera repoussé, le … 21 mai. C’est à dire le jour de l’ouverture du vote électronique. D’ici là, les candidats, et les électeurs, feront comme si.
Les élections seront suspendues ici ou là ; on attendra pour réunir l’assemblée des Français de l’étranger ; quant à l’élection des sénateurs, on s’arrangera.
Qui a décidé cela ? On n’a demandé l’avis de personne. On n’a informé personne. Vraisemblablement, la décision a été prise entre l’administration et quelques conseillers de cabinet, qui ont expliqué qu’on ne pouvait pas faire autrement. Et tous – ministres et parlementaires- de s’incliner.
Les élections ? Un pensum. La pandémie ? Une excuse.
Les élections ? Un pensum. La pandémie ? Une excuse. Il y a eu des dizaines d’élections dans le monde. Sous prétexte d’urgence sanitaire, la bureaucratie panique, réglemente, enferme, reporte, interdit. Après plus d’un an, on peut s’organiser, comme partout dans le monde. Bien sûr, il y a le vote par internet. Il y a le vote par correspondance, mais on l’a supprimé. Il y a le vote physique, mais on a aussi supprimé des bureaux de vote.
Les Français de l’étranger : des citoyens clandestins
Hier le Conseil d’Etat rejetait l’obligation de « motifs impérieux » imposés au Français de l’étranger pour retourner en France. Malgré cela, le gouvernement enjoint « les services » de ne pas retenir l’arrêt du Conseil d’Etat concernant les mariages. Bien sûr, à part ceux qui veulent se marier, cela n’intéresse personne. Le gouvernement s’assoit sur le droit. Pourquoi se gêner, surtout vis-à-vis des Expats, considérés par beaucoup comme des citoyens clandestins ? C’est ce que l’on pratique pour la fiscalité, comme l’écrit effrontément le rapport des ministres sir la fiscalité : il faut obliger les Expats à faire des recours pour que leurs droits soient respectés. Etat de droit ?
Alors les élections… L’administration dira le 21 si vous votez ou non.
Ne votez pas : on ferme !
De toute façon, les Expats votent si peu. Pour les encourager, on ferme les bureaux de vote : -21%. Et les lieux où voter : -22%, par rapport au scrutin de 2014. (JO n° 109 du 11 mai 2021) Tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne. Plus il y a d’Expats, plus on ferme.
En Suisse : -85%, en Belgique : – 63%, aux Etats-Unis : – 58%, en Allemagne -33%, en Israël, – 33%.
Tunisie, Inde, Maroc, Espagne, sont mieux lotis : peu de changement. Aucun rapport avec la carte de la pandémie. Serait ce en fonction de l’orientation supposée des électeurs ? Seul un mauvais esprit oserait y penser. Or d’esprit, bon ou mauvais, il y en a peu.
C’est plutôt une manie : on enferme les gens, on ferme ce qu’on peut : bureaux de vote, consulats (difficile désormais d’avoir quelqu’un au téléphone dans un consulat, tout dépend des consuls), le vote par correspondance, mais on multiplie les obligations, attestations, contrôles.
Le souverain : le citoyen
Comment respecter l’Etat quand on se moque du souverain : le citoyen ? Les citoyens réunis, c’est le peuple. La base de la légitimité, celle de faire des lois, c’est le vote.
L’Etat manifeste le mépris le plus banal pour l’élection. L’Etat se met de plus en plus hors la loi. Comment respecter la règle de droit quand l’Etat la manipule ?
Tout cela ne semble pas bien grave. Mille petits mépris se remarquent à peine. C’est justement quand ce n’est pas grave, quand on se permet de petites salissures, que les précédents prolifèrent, que les taches restent et moisissent.
Vu de Paris, les élections des Français de l’étranger ne sont pas une grande affaire. Et pour l’administration, qui a pris le pouvoir sur les ministres, c’est un dérangement. Alors, vous ne voyez pas que vous dérangez tout le monde ?
Laurent Dominati
A. Ambassadeur de France
A.Député de Paris
Président de la société éditrice du site Lesfrancais.press
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Mais notre inénarrable candidate de la REM, Pascale Richard, aux Etats Unis, suppléante de notre Sénateur fantôme Roland Lescure affiche sans rire une liste d »ambitions plus comiques les unes que les autres. La dernière ? Un « Projet de création d’une “forêt des Français d’Amérique du Nord en France afin de créer des puits de carbone pour compenser” les voyages transatlantiques » Non, non, ce n’est pas un canular. On marche, mais sur la tête, dans son parti !
Roland who?
Quand il s’agit des prélèvements à la source on ne dérange plus. C’est bizarre…
Et puis pour les élections présidentielles et législatives on verra bien si on dérange…
De toutes façons, je ne dérangerai plus car je ne suis pas un cobaye prêt pour la mutation génétique de ce fait la France n’est pas prête de me revoir de sitôt.