Élections anticipées en Allemagne en février 2025

Élections anticipées en Allemagne en février 2025

La vie politique allemande prend des notes françaises. Les deux puissances motrices de l’Union européenne se retrouvent avec des gouvernements pour l’un en difficile gestation et pour l’autre démissionnaire. En effet, le chancelier allemand Olaf Scholz a perdu ce lundi un vote de confiance au Bundestag, un résultat voulu par le chancelier qui ouvre formellement la voie à des élections législatives anticipées en février.

Pour obtenir la dissolution du Parlement, permettant la tenue de législatives anticipées, le chancelier a posé la question de confiance au Bundestag. Depuis l’après-guerre, quatre chanceliers seulement ont posé la question de confiance au Bundestag, souvent pour provoquer des élections. Parmi les députés présents à la chambre basse du parlement, 394 ont voté contre la confiance tandis que 207 ont voté pour, avec 116 abstentions, a annoncé la présidente du Bundestag. Olaf Scholz va désormais demander au chef de l’Etat Frank-Walter Steimeier de dissoudre le Bundestag afin de permettre la tenue du scrutin le 23 février dans la première économie européenne.

Un sabordage planifié

Ce sabordage planifié de Scholz, au pouvoir depuis fin 2021, s’inscrit dans la grave crise que traverse la première économie européenne, autrefois modèle de stabilité politique, au moment même où son partenaire privilégié dans l’UE, la France, est également affaibli.

Allemagne, panne conjoncturelle ou structurelle ?
Le chancelier allemand Olaf Scholz à Strasbourg

La coalition gouvernementale hétéroclite avait implosé le 6 novembre, après le limogeage du ministre des Finances libéral en raison de différends insurmontables sur la politique économique et budgétaire. Olaf Scholz dirige depuis un gouvernement minoritaire entre son parti social-démocrate (SPD) et les Verts, dont l’action législative est paralysée.

Une majorité de droite ?

Malgré son impopularité chronique et l’échec de sa coalition, l’imperturbable dirigeant social-démocrate veut croire en ses chances d’un second mandat, pour un scrutin prévu le 23 février. A ce stade, les sondages lui accordent peu d’espoir et l’Allemagne se dirige vers une alternance politique avec le camp conservateur CDU /CSU, mené par Friedrich Merz et donné nettement gagnant, fort de 30 à 33 % des intentions de vote. Le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) est crédité de 17 à 19,5 %, mais les autres formations excluent toute coopération avec lui. Le SPD engrangerait 15 % à 17 % des voix, les Verts de 11,5 % à 14 %.

Mais le chancelier a déjà prouvé sa capacité à déjouer les pronostics en remportant les élections en 2021, contre toute attente. Et il veut renouveler la performance en rassurant par son expérience dans un contexte géopolitique mondial tourmenté et plongé dans l’inconnu par l’élection de Donald Trump. Les sociaux-démocrates ne perdent d’ailleurs pas une occasion de souligner l’inexpérience de Friedrich Merz, mis sur la touche autrefois par l’ancienne chancelière Angela Merkel (entre 2005 et 2021) et qui n’a jamais occupé de poste de ministre ou de maire.

Si la guerre en Ukraine jouera un rôle important dans les débats, la campagne va d’abord « tourner autour des questions économiques et sociales », estime Claire Demesmay, chercheuse associée au centre Marc-Bloch de Berlin. L’Allemagne est « en proie au doute, le modèle allemand est en crise », souligne la chercheuse.

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