En 2021, La France a connu une croissance sans précédent depuis 50 ans. Il s’agit de la réplique inversée de la contraction tout aussi historique de 2020. La progression du PIB de 7 % est en soi rassurante et témoigne de la résilience de l’économie française après le brutal arrêt sur image intervenu lors du premier confinement. Elle est avant tout le résultat de l’effort consenti par les pouvoirs publics pour préserver le niveau de vie des ménages et maintenir en état les entreprises. Elle témoigne de la validité de certaines lois économiques d’inspiration keynésienne, l’injection de liquidités permettant de soutenir l’activité.
Pour autant, il convient de rester mesuré face aux résultats économiques de l’année 2021. La consommation n’a fait que retrouver son niveau d’avant-crise. Malgré la forte amélioration du marché de l’emploi, les ménages demeurent prudents en cette période de fortes incertitudes. Ils n’ont pas réellement pioché dans leur épargne « covid », une épargne de plus de 150 milliards d’euros. Celle-ci reste en grande partie logée sur les comptes courants dont l’encours dépasse les 500 milliards d’euros et sur les livrets d’épargne réglementés ou non.
Les Français préservés des effets économiques de la crise sanitaire
La production française reste encore en-deçà de son niveau d’avant-crise. Le déficit de production de biens s’élevait à 5,6 % et il est même de 27 % pour les matériels de transport. Le commerce extérieur français reste, par ailleurs, le talon d’Achille de la France avec des exportations qui augmentent bien plus vite que les importations. Enfin, il convient de ne pas oublier que la croissance 2021 a été obtenue au prix d’un déficit public imposant qui alimente une dette publique gargantuesque. Celle-ci dépasse désormais 115 % du PIB.
Au regard du contexte, les Français peuvent se réjouir d’avoir été, pour une large majorité d’entre eux, préservés des effets économiques de la crise sanitaire, mais cela ne présage pas de l’évolution des prochaines années. Si 2022 devrait être une année de transition, il devrait en être autrement en 2023 et 2024, avec notamment la fixation de nouveaux critères budgétaires européens, nécessaires pour assurer la pérennité de l’euro.
La réduction des déficits ne sera pas indolore
La réduction des déficits ne sera pas indolore d’autant que les besoins de financement pour la retraite, la dépendance, la santé, l’éducation ou la transition énergétique explosent. Les pouvoirs publics seront contraints d’effectuer de délicats arbitrages. Pour contrecarrer les effets de l’assainissement budgétaire et ceux de l’inflation, les ménages puiseront-ils dans leur bas de laine ? Dans le passé, dans des contextes similaires, ces derniers ont plutôt eu tendance à renforcer leur épargne de précaution par crainte d’une détérioration de la situation économique et sociale.
Les crises accélèrent les mutations économiques
Les crises et en particulier celles provoquées par les épidémies accélèrent toujours les mutations économiques tout en générant une forte instabilité dont l’inflation est l’une des premières manifestations. La numérisation et la décarbonation des activités provoquent des changements rapides. Le retour de l’inflation rebat les cartes avec, à la clef, de nombreux perdants, parmi ceux dont les revenus ne sont pas indexés.
Si en 2022, année électorale oblige, les ménages ne devraient pas souffrir de mesures pénalisantes pour leur niveau de vie, rien n’est garanti pour les années à venir d’autant plus que la France devra rapidement limiter l’ampleur de son déficit extérieur. Une amélioration de la compétitivité peut passer par l’obtention de gains de productivité ou par un ralentissement de la demande intérieure et une forte maîtrise des coûts notamment salariaux. Souhaitons que la première solution s’impose !
Laisser un commentaire