Duel pour le consul général de France à Alger

Duel pour le consul général de France à Alger

Le poste de consul général de France à Alger, l’un des plus exposés, a été ouvert aux candidatures le 10 septembre 2021. La succession, provoquée par le départ annoncé de Marc Sédille, a fait l’objet d’un bras de fer entre Gérald Darmanin et Catherine Colonna, numéro deux et trois du gouvernement. Vu de la Place Beauvau, la délivrance de visas, notamment, commande la vigilance de l’administration chargée de la sécurité intérieure. Selon la Lettre A, une candidate a été proposée par le ministre de l’intérieur : Isabelle Fradin-Thirode. Un profil idéal, selon lui, puisque cette diplomate est l’épouse de Louis-Xavier Thirode, un de ses plus proches collaborateurs.

Or, même si Isabelle Fradin-Thirode peut se prévaloir d’une carrière variée marquée notamment par quatre années en tant que consule adjointe à Alger et de trois années comme consule générale à Tunis, elle a fait l’objet d’un tir de barrage. Au point que ce poste stratégique devrait finalement lui échapper. Selon les informations de la Lettre A, Isabelle Fradin-Thirode s’apprête à être mutée dans la préfectorale.

En attendant, c’est Matthieu Pimont, arrivé à Alger, tout récemment comme numéro 2, qui assume en attendant les fonctions dévolues au consul général dans ce pays où la communauté française est encore marquée par la colonisation et les guerres du XXème siècle, sans oublier les relations tendues entre les gouvernements que la visite d’Emmanuel Macron en septembre a tenté d’apaiser.

La communauté française en Algérie

Le nombre de Français inscrits sur le registre consulaire à Alger est de près de 42 000 citoyens. Cependant, ils sont nombreux à disposer de la nationalité française tout en n’étant pas inscrits sur les livres des consulats de France situés en Algérie.

Parmi les inscrits, il y a bien évidemment les « expatriés d’entreprises », soit les cadres envoyés par les grandes entreprises auprès des filiales des groupes français, mais aussi ceux démarchés par les sociétés algériennes pour venir étoffer leurs équipes.

Deuxième gros bataillon de Français enregistrés auprès de l’administration française : les anciens combattants. Héritage de la colonisation et de la seconde guerre mondiale, 30 000 Français ou Algériens sont éligibles à la carte d’anciens combattants et la plupart touchent une retraite de l’armée française. Ceux qui disposent de la double nationalité, un gros tiers, ont l’obligation de s’identifier et de fournir un certificat de vie aux autorités françaises, ces impératifs expliquent leur forte proportion parmi les inscrits au registre consulaire.

Les relations franco-algériennes

Depuis des décennies, les relations franco-algériennes n’ont été qu’une succession de périodes de tensions et de réconciliations plus ou moins longues. La visite de trois jours que vient d’effectuer Emmanuel Macron en Algérie a le mérite de mettre un terme à plusieurs mois de crise diplomatique.

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et son homologue français, ont signé une déclaration commune appelant à une « nouvelle dynamique irréversible ». Si l’irréversibilité est sujette à caution, l’élan, lui, semble réel, et guidé par la volonté partagée de repartir sur de nouvelles bases.

Qui deviendra consul de France à Alger ?

Face à la candidate de Gérald Darmanin, éconduite, le Quai d’Orsay avait avancé d’autres candidatures, pour l’instant sans succès. Myriam Achari, ex-patronne de la Direction des immeubles et de la logistique (DIL), jusqu’à sa mise à l’écart à la suite de tensions au sein de son service (LLA du 04/07/22), avait signalé son intérêt pour le poste. Patrick Poinsot, ancien consul à Annaba et Constantine, était sur le point d’être nommé, avant d’être finalement retenu à son poste de chef du centre de services des ressources humaines du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, qu’il occupe depuis septembre 2019.  Matthieu Pimont voit donc sa mission d’intérim se prolonger.

Auteur/Autrice

  • Samir Kahred

    Samir Kahred a suivi ses parents dont le père était ingénieur dans une succursale du groupe Bouygues. Après une scolarité au Lycée français et des études au Caire, il devient journaliste pour des médias locaux et correspond pour lesfrancais.press

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