Le miracle n’a pas eu lieu. Simon Gautier, ce jeune Français de l’étranger de 27 ans disparu sur un sentier de randonnée dans le sud de l’Italie près de la ville de Policastro, a été retrouvé mort dans un ravin ce dimanche 18 août dans la soirée.
L’information, confirmée par sa propre mère fait suite à plus d’une semaine d’espoir, mais aussi de polémiques.
Espoirs déçus et polémiques
Espoir d’abord car Simon Gautier était jeune, sportif, plein de vie. Espoir aussi car il était parti avec de l’eau et des vivres pour plusieurs jours, qu’il paraissait calme quand il a été, brièvement, en contact téléphonique avec les services de secours italiens. Espoir enfin car sa famille et ses proches eux-mêmes étaient optimistes, le député des Français d’Italie (entre autres) Meyer Habib envoyait ses prières et l’Ambassade indiquait être en contact constant avec les services italiens qu’elle saluait.
Polémiques cependant dès la disparition de Simon Gautier. Une fois le corps du jeune homme autopsié, il sera possible de répondre à plusieurs interrogations. De quoi est-il mort et surtout quand est-il mort? En effet les médias italiens les premiers ont soulignés que les secours ont mis plusieurs heures à s’engager, et que malgré l’appel téléphonique de M. Gautier, ils n’ont jamais été en mesure de le géolocaliser. Ses proches, qui sont venus par dizaines assister les secours tout comme de nombreux bergers italiens sur place, ont également estimé que les moyens mis en place étaient insuffisants, et ce alors que la zone à couvrir est immense et très escarpée.
La géolocalisation au coeur des polémiques
L’un des problèmes majeurs, nous l’avons évoqué, est celui de la géolocalisation. Grâce à l’Advance Mobile Location, dsponible sur les téléphones Apple et Google, existe un envoi automatique des coordonnées GPS de la personne aux secours contactés par SMS. Ce système, qui existe depuis 2014 doit être adopté dans toute l’UE mais l’Italie, comme la France par ailleurs, ne l’a pas encore mis en place.
Les opérateurs de téléphonie peuvent également être sollicités mais une procédure administrative, qui peut durer plusieurs jours, doit être mise en place. Enfin, cela s’appuie, quand le portable finit par s’éteindre comme dans le cas de M. Gautier, sur des antennes relais rares dans cette région, rendant la géolocalisation plus aléatoire.
Le délai d’intervention qui interpelle
Une autre polémique porte sur le temps prit pour lancer les recherches. Simon Gautier a appelé les secours le 9 août à 9 heures. Les carabiniers italiens de la ville de Lagonegro n’ont lancé les recherches qu’au crépuscule du jour, à l’initiative de la commune de San Giovanni et ce n’est que le lendemain à la mi-journée, 28 heures plus tard, qu’un hélicoptère a été mobilisé. Ce n’est qu’une semaine plus tard que les extraits de vidéosurveillance du jeune homme ont été diffusées permettant le recueil de témoignages pourtant essentiels.
La zone, vaste, fut-elle couverte insuffisament?
Un autre problème concerne la zone couverte par les moyens de secours: une zone particulièrement vaste de 140 km2 de pentes, de sentiers, de ravins et de côtes. Pour la mère de Simon Gautier, les moyens pour la couvrir étaient insufisants, elle notait par ailleurs que les efforts pour apercevoir son fils reposaient par ailleurs sur « une quinzaine de ses amis ».
« Malgré leur bonne volonté et leur aide, les secours italiens ne sont pas assez nombreux pour explorer ce secteur. Et leurs drones et hélicoptères ne peuvent pas repérer Simon s’il est tombé dans une crevasse« , affirmait-elle encore, demandant à la France et l’Italie d »envoyer des pompiers formés à la haute montagne, des spéléologues« .
Les services diplomatiques présentent leur condoléances, le député s’interroge
Le Ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères a formulé ses condoléances à la famille et aux proches
de Simon Gautier dans un communiqué. Il a également remercié les autorités italiennes pour leur mobilisation. Le Quai d’Orsay avait dans un précédent communiqué publié vendredi déjà fait part de ses remerciements aux autorités italiennes, avant la découverte tragique: « Les autorités italiennes, que nous remercions pour leur grande mobilisation, déploient d’importants moyens matériels et humains, qui sont renforcés, afin de retrouver Simon Gautier dans une zone étendue et difficile d’accès: survols par hélicoptère et drones, recours à des équipes de spéléologues, mobilisation de volontaires, reconnaissance depuis la mer »
« Aurions-nous pu être plus rapides dans la mobilisation des secours ? Hélas sans doute » Meyer Habib, Député des Français d’Italie
Le député Habib s’interroge pour sa part. « Aurions-nous pu être plus rapides dans la mobilisation des secours ? Hélas sans doute » se demande M. Habib. La famille, outre des critiques contre les secours italiens, s’interrogeait sur la communication des services consulaires. Le Quai d’Orsay a indiqué avoir été en contact constants avec la famille et avec les autorités italiennes. La mère de M. Gautier regrettait cependant n’avoir que peu d’informations de la part du Consulat et de l’Ambassade à Rome.
Les médias, relais de la mobilisation des proches
Une des leçons de cette malheureuse histoire est le rôle qu’ont joué les médias
. D’abord italiens et très rapidement français, ils furent nombreux à relayer l’appel de détresse des proches, une médiatisation qui a sans nul doute joué dans la mobilisation des proches de Simon Gautier mais aussi d’Italiens sur place.
Cela n’aura pas été suffisant, mais ces différents facteurs, mobilisation de la famille et des médias, rôle des autorités diplomatiques, intensité des secours sur place, feront probablement l’objet de débats dans les prochains jours.
Laisser un commentaire