La croissance française devrait fortement ralentir en 2023, avec des risques de récession cet hiver, a estimé la Banque de France le 15 septembre.
La hausse du produit intérieur brut (PIB) va fortement décélérer, de 2,6% en 2022 à 0,5% en 2023, principalement en raison de la crise énergétique, selon le scénario de référence retenu pour les projections macroéconomiques sur trois ans de la banque centrale, qui prévoient un rebond de 1,8% en 2024.
Mais en raison de la volatilité des prix de l’énergie, l’incertitude est tellement forte pour la fin de 2022 et le début de 2023 que la Banque de France publie pour l’année prochaine une fourchette de l’évolution du PIB comprise entre + 0,8% et – 0,5%.
Elle n’exclut pas une « récession technique » de « deux ou trois trimestres de baisse du PIB aux alentours de l’hiver 2022-23″, a indiqué son directeur général, Olivier Garnier, lors d’une conférence de presse.
Quel que soit le scénario retenu pour l’an prochain, la Banque de France se montre plus pessimiste que le gouvernement, qui prévoit 2,7% de croissance pour cette année et 1% pour l’an prochain, en tablant sur la résilience de l’économie française.
Pour la banque centrale, on a « une résilience qui est meilleure que prévu au cours de la plus grande partie de 2022; un net ralentissement à partir de l’hiver prochain », dont l’ampleur est « entourée d’incertitudes très larges » et enfin « une reprise de l’expansion économique en 2024″.
Cette incertitude touche aussi le niveau de l’inflation qui, après avoir atteint 5,8% cette année, évoluera l’an prochain dans une fourchette comprise entre 4,2% et 6,9%, selon les projections.
Dans le scénario de référence, la Banque de France estime la hausse des prix pour l’an prochain à 4,7%.
Pour 2024, l’inflation reviendrait à 2,7%, alors que les incertitudes sont moins fortes à cette échéance pourtant plus lointaine, selon Olivier Garnier.
« Même si la guerre (en Ukraine, NDLR) devait malheureusement perdurer, les prix de l’énergie finiront inévitablement par se stabiliser voire baisser », estime dans le quotidien La Croix le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
« Poison économique »
Pour mesurer l’inflation, la Banque de France utilise l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui permet la comparaison entre pays européens et accorde une place plus importante aux prix de l’énergie que l’indice des prix à la consommation (IPC) utilisé par l’Insee et le gouvernement français.
En août sur un an, l’IPC a progressé de 5,9% et l’IPCH de 6,6%, a rapporté jeudi l’Insee.
« La hausse des prix des biens alimentaires et des produits manufacturés ne se normaliserait que progressivement et demeurerait élevée en 2023″, tandis que le renchérissement des services serait tiré par la progression des salaires mais contenu par le plafonnement de l’indice de référence des loyers à 3,5% entre juillet 2022 et juin 2023.
« Les salaires augmentent, légitimement, mais nous ne voyons pas à ce stade de spirale » inflationniste, observe M. Villeroy de Galhau, qui réitère dans La Croix sa détermination à lutter contre l’inflation, alors que la Banque centrale européenne vient de procéder à un relèvement historique de 0,75 point de pourcentage de ses principaux taux d’intérêt, au risque de brider l’activité.
« Une inflation durablement trop élevée ne serait pas seulement un poison social pour les ménages, ce serait un poison économique, qui rendrait l’environnement beaucoup plus incertain, et empêcherait donc l’investissement et la croissance », souligne le gouverneur de la Banque de France.
Le niveau élevé de l’inflation pèse sur le pouvoir des ménages, qui devrait reculer de 0,3% cette année, et même de 0,5% quand on le mesure par habitant. Il resterait stable l’an prochain (0,2% et 0,0% par habitant) et repartirait à la hausse en 2024 (+1,6% et 1,4% par habitant), selon les projections trisannuelles.
Le ralentissement de l’activité aura enfin un effet sur l’emploi, selon la Banque de France, qui estime qu’avec de « moindres créations en 2023, malgré un net ralentissement de la population active, le taux de chômage remonterait un peu pour se stabiliser au voisinage de 8% en 2024″.
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