Selon Eurostat, la France appartient au groupe des 10 pays d’Europe dont la consommation effective par habitant est supérieure à la moyenne (Luxembourg, Allemagne, Autriche, Danemark, Royaume-Uni, Finlande, Pays-Bas, Belgique, Suède et France). En moyenne, en parité de pouvoir d’achat, le consommateur français dépense 7% de plus que la moyenne de l’Union européenne. Le Luxembourg et l’Allemagne se détachent plus nettement de la moyenne (respectivement de 32% et 21%). L’Italie et l’Espagne se situent en dessous de la moyenne (respectivement -2% et -10%).
Dans la majorité des pays de l’Europe Centrale et Orientale (Peco), notamment la Croatie, la Hongrie, la Lettonie et la Roumanie, la consommation par habitant est nettement inférieure à la moyenne (de -30% à -37%). La Bulgarie a le niveau le plus faible (-44%).
En restreignant la comparaison à des pays plus homogènes, la France a une consommation par tête légèrement supérieure à la moyenne des 15 premiers pays entrés dans l’Union (UE15), +1% et à celle des pays de la zone euro, +3%.
Plus du cinquième des dépenses des ménages socialisées
Plus du cinquième des dépenses des ménages est socialisé en France. Ce sont les dépenses prises en charge par les pouvoirs publics en matière de santé, d’éducation et de logement. Leur poids est plus important que dans l’ensemble de l’Union : 22% contre 19%. Cette socialisation n’est pas sans conséquence sur le niveau de certains postes du budget familial. Ainsi, les Français dépensent nettement plus que leurs voisins pour leur santé. Cette consommation dépasse de 28% la moyenne de l’Union. La France n’est dépassée que par trois pays, la Belgique, l’Allemagne et le Danemark. Ce poids des dépenses de santé n’est pas la conséquence de prix médicaux (avant remboursement) élevés car ces derniers sont inférieurs à la moyenne européenne. Cette consommation est certainement favorisée par un reste à charge très faible et par des pratiques de soins peu économes en médicaments.
Les Français consomment plus que leurs voisins pour l’éducation de leurs enfants. Ce poste de dépenses pris essentiellement en charge par les pouvoirs publics est supérieur de 14% à la moyenne communautaire. Elle se situe devant celle du Royaume-Uni (6% au-dessus de la moyenne). Elle est beaucoup plus élevée que celles de l’Allemagne, de l’Espagne et de l’Italie. Le taux de fécondité plus élevé de la France explique également ces écarts.
Sans surprise, au regard du coût de l’immobilier et malgré le fait que 58% des Français soient propriétaires de leur résidence principale, les dépenses de logement sont supérieures de 10% à la moyenne, presque à égalité avec l’Italie, mais devant l’Allemagne (5% au-dessus de la moyenne) et surtout devant le Royaume-Uni et l’Espagne qui se situent sous la moyenne (respectivement de 6% et 11%).
La consommation par tête en énergie liée au logement va du simple au triple au sein de l’Union et dépend en partie des conditions climatiques. En France, elle est supérieure de 15% à la moyenne. Les consommations liées aux transports (y compris les achats de véhicules) dépassent de 9% la moyenne de l’Union. La France se place ainsi au troisième rang derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni (29% et 24% au-dessus de la moyenne). Elle est devant l’Italie et l’Espagne (autour de la moyenne). Les Français privilégient les petites cylindrées, comme les Espagnols et les Italiens. En revanche, la France se situe au-dessous de la moyenne européenne pour le nombre de véhicules par habitant.
Pour les loisirs, la communication avant l’hôtellerie
En France, pour les biens et services de communication, la consommation par habitant dépasse de 12% la moyenne de l’Union, loin devant l’Italie, le Royaume-Uni et surtout l’Espagne, mais nettement derrière l’Allemagne. En revanche, la consommation par habitant en hôtellerie, cafés et restaurants est inférieure de 20% à la moyenne. Elle est trois fois plus élevée en Espagne qu’en Allemagne. Ces chiffres sont à relativiser du fait des erreurs de comptabilisation sur les nuitées et les repas des non-résidents.
Les Français dépensent plus pour les produits alimentaires et l’alcool
La consommation par habitant en produits alimentaires et boissons non alcoolisées est supérieure de 4% à la moyenne de l’Union. Les pratiques alimentaires sont variables d’un pays à l’autre. Un Français achète trois fois moins de poisson qu’un Portugais, mais deux fois plus qu’un Allemand et sept fois plus qu’un Hongrois. En France, les consommations de « lait, fromage et œufs » ainsi que de « pain et céréales » sont particulièrement élevées (respectivement 17% et 8% au-dessus de la moyenne). La consommation par habitant en boissons alcoolisées est supérieure de 31% à la moyenne et représente plus du double de celles de l’Italie ou de l’Espagne. La France est notamment l’un des plus gros consommateurs de vin. Cet écart n’est pas exclusivement lié au volume consommé. L’acheteur français opte plus que ses partenaires européens pour des boissons plus coûteuses.
Une consommation plus faible en habillement
Pays de la mode, les Français réalisent pour autant des économies pour se vêtir. Ainsi, le poste « vêtements et chaussures » par habitant est inférieur de 23% à la moyenne (de 19% pour les chaussures et 25% pour les vêtements). Un Français consomme environ deux fois moins de ces biens qu’un habitant du Royaume-Uni ou de l’Italie. Son niveau de consommation est équivalent à ceux des Estoniens, des Maltais et des Slovènes.
L’intérieur des logements délaissé par les Français
En France, le volume de consommation par tête dans l’ameublement, l’équipement et l’entretien de la maison est inférieur de 9% à la moyenne de l’Union.
La France, un pays cher ?
Au sein de l’Union européenne, la France se situe, selon l’INSEE, au dixième rang de pour le niveau relatif de prix, soit 7% au-dessus de la moyenne. Les deux pays les plus proches sont l’Allemagne et la Belgique (respectivement 4% et 13% au-dessus de la moyenne). La France se caractérise par les prix élevés des hôtels, cafés et restaurants (18% au-dessus de la moyenne). Les prix de l’alimentation et des boissons non alcoolisées dépassent également de 15% la moyenne communautaire. Notre pays est le deuxième pays le plus cher d’Europe pour les « fruits, légumes et pommes de terre » et le troisième pour la viande (dans les deux cas environ 30% au-dessus de la moyenne).
Pour les prix du tabac, qui dépendent fortement de la fiscalité, la France occupe le troisième rang, 41% au-dessus de la moyenne, mais loin derrière le Royaume-Uni et l’Irlande où les prix atteignent le double de la moyenne. En revanche, les boissons alcoolisées bénéficient d’un traitement de faveur avec des prix français inférieurs de 6% à la moyenne.
Les prix de la consommation en logement (y compris eau, électricité, gaz) sont supérieurs de 13% à la moyenne, malgré un prix de l’énergie domestique équivalent à la moyenne (notamment grâce à un prix de l’électricité plus faible). Les prix de la santé et de la communication sont légèrement inférieurs à la moyenne (de 2 à 3%). La concurrence entre opérateurs et la généralisation d’offres groupées contribuent à modérer les prix dans les télécommunications en France. La faible concurrence des circuits de distribution peut expliquer des prix plus chers dans certains domaines dont l’alimentation.
Par ailleurs, les Français sont plus enclins à dépenser pour des produits alimentaires de qualité, ce qui conduit à une hausse des prix. La socialisation d’une partie non négligeable du panier des ménages favorise une certaine inflation ; le logement en est un exemple. Pour la santé, la pression des pouvoirs publics sur les prix génère plusieurs effets pervers. Elle entraîne des pénuries, les laboratoires pharmaceutiques préférant servir en priorité les pays où les prix sont moins contraints. Les prix bas en vigueur en France incitent à une surconsommation ayant des effets néfastes sur les finances publiques et sur la santé des patients.
Laisser un commentaire