Le 19 janvier prochain, le congrès du Parti socialiste va dévoiler la nouvelle équipe en charge de la destinée de ce mouvement politique. Les 300 Français de l’étranger, membres de la fédération dirigée par l’élue des Français de Belgique, Cécilia Gondard, ont été invités à participer, eux aussi, au vote militant. Du fait de leur éclatement, comme pour les législatives, le mode de participation choisi fut celui du vote en ligne. Mais patatras, ce jeudi 12 janvier, le vote des socialistes établis à l’étranger a été annulé après qu’un fichier contenant les identifiants de tous les adhérents a circulé parmi les scrutateurs.
Olivier Faure en tête mais…
Le premier secrétaire sortant est arrivé en tête du premier tour du congrès du Parti socialiste (PS), où il joue sa réélection pour les trois prochaines années. Le député de Seine-et-Marne, titulaire du poste depuis 2018, a obtenu autour de 50 % des voix des militants à l’issue de ce scrutin interne, selon des résultats communiqués par le parti, jeudi 12 janvier, à 23 h 30.
Derrière lui, Nicolas Mayer-Rossignol est crédité de 30,5 % des voix, et Hélène Geoffroy de 19 %. Ces chiffres sont issus du dépouillement d’environ 14 000 bulletins. Censés être représentatifs de la tendance finale, ils sont cependant contestés par les équipes de Nicolas Mayer-Rossignol, qui octroient au premier secrétaire 48,2 % des voix, 31,4 % au maire de Rouen et 20,5 % à la maire de Vaulx-en-Velin (Rhône).
On le voit, les scores sont serrés et contestés, même si la fédération des Français de l’étranger ne compte que 300 votants, ils pouvaient faire la différence.
Hypermaster, en défaut !
Car oui les Français de l’étranger ont finalement pu voter, comment ? En utilisant la plateforme intégrée au site du Parti socialiste français, mais alors que les scores nationaux sont connus, ces résultats ne devraient pas être pris en compte.
Une situation qui s’explique par une bourde de l’opérateur externe choisi par Cécilia Gondard, la présidente de la fédération et son bureau, pour mener à bien ce vote. Dans un courrier d’excuses que notre rédaction a pu consulter, la plateforme internet de vote en ligne évoque une option créée pour un autre client qui aurait été étendue par erreur à l’ensemble des votes en cours.
« Une fonction de la liste des participants consiste à permettre de l’exporter, pour une utilisation en dehors de la plateforme de vote. Afin de répondre à une demande spécifique d’une organisation utilisatrice de la plateforme, ces mots de passe étaient affichés en clair sur cet export. Cette exigence a été propagée à l’ensemble de la plateforme, et non à la seule opération concernée, comme cela aurait dû être fait.«
Lionel Guetta, gérant d’Hypermaster
Concrètement, les scrutateurs avaient donc accès, via une manipulation, pas si complexe, à l’ensemble des identifiants et mots de passe des votants. Ainsi, avec de mauvaises attentions, il était donc possible de voter en lieu et place des militants. Même si aucun cas avéré n’a été démontré, la sincérité du vote n’étant plus garantie, la direction nationale du PS a préféré annuler ces résultats.
Dans la précipitation, ce vendredi 13 janvier à minuit, un système intégré au site du Parti socialiste a été ouvert pour permettre de voter aux militants résidant hors de France. Cependant, à l’heure où nous écrivons ces lignes, il nous est indiqué qu’ils ne seront pas comptabilisés.
Une organisation défaillante ?
A quelques semaines du renouvellement des instances de la fédération socialiste des Français de l’étranger (15 février), la gestion de celle-ci par Cécilia Gondard et son équipe est remise en cause par ses opposants, dont Boris Faure (son prédécesseur) et Mehdi Benlahcen (candidat malheureux au Sénat en 2021 comme numéro 2 de Ségolène Royal).
Pour l’ancien président de la « fédé », Boris Faure (aussi journaliste pour Lesfrancais.press), ce couac informatique peut remettre en cause l’utilisation du vote en ligne pourtant indispensable pour permettre aux Français de l’étranger dont les lieux de résidence sont éclatés sur la planète de participer.
« On s’est battu pour le vote électronique et cette erreur risque de décrédibiliser le choix du mode de scrutin alors qu’il est indispensable«
Boris Faure, ancien président de la fédération socialiste des Français de l’étranger
Même constat pour Mehdi Benlahcen qui invite les dirigeants de la fédération a recréer un lien de confiance tant avec la direction nationale qu’avec les militants.
« On a besoin de rétablir le lien de confiance dans cette fédération »
Mehdi Benlahcen, membre du CA Français du monde-adfe, mandataire du mouvement Eurofondation
De son côté, la présidente de la fédération socialiste des Français de l’étranger, Cécilia Gondard, réfute tout défaut d’organisation. En effet, cette dernière avait fait le choix d’Hypermaster, une société qui affiche sur son site une longue ancienneté mais après quelques recherches, on constate que le numéro de SIRET communiqué sur son site est celui d’une société désormais radiée. En continuant les investigations, on finit par identifier une nouvelle société mais dont les garanties sont bien moins importantes.
Alors pourquoi être allé chercher un tel opérateur alors qu’il existe une solution intégrée et déployée par le Parti socialiste sur son site ? Car tout simplement, de l’aveu de tous, membres de la fédération des Français de l’étranger, ancienne direction, opposants ou bureau actuel, l’information ne leur avait pas été communiquée.
Le second tour et les élections internes
Cette option ouvre donc un nouveau champ des possibles pour la fédération socialiste des Français de l’étranger. Officiellement, aucune décision n’a encore été prise pour le second tour, mais comme l’indique Cécilia Gondard, ce vote ne sera pas géré par Hypermaster. Vu les délais, la seule solution est de privilégier la plateforme du PS. Mais encore faut-il qu’elle fonctionne ? A midi, ce vendredi 13 janvier, tous les votants n’avaient pas reçu leur identifiant ou leur mot de passe.
Une problématique qui sera sûrement au coeur des préparatifs des élections internes de février. Surtout que Cécilia Gondard, si elle est réélue, s’est engagée à faire désigner la tête de liste qui représentera le Parti socialiste aux élections sénatoriales d’automne 2023.
Laisser un commentaire