Alors que les enjeux climatiques font partie intégrante du programme des candidats à l’élection présidentielle française, tous appellent à ce que les entreprises du numérique participent pleinement à la transition environnementale.
Numérique et obsolescence programmée
La part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre en France était de 2 % en 2019, et pourrait bien atteindre 6,7 % d’ici à 2040, selon un rapport du Sénat paru en 2020.
C’est fort de ce constat — parfois nuancé tant il est complexe parfois de chiffrer les externalités positives que la tech peut produire dans la lutte contre le réchauffement climatique — que les candidats à l’élection présidentielle entendent bien agir.
« L’économie numérique n’est pas une économie en plus, c’est une économie qui est en train de structurer nos sociétés », a déclaré le candidat écologiste, Yannick Jadot, appelant à « penser les technologies en fonction de leur impact ».
Dans son programme, l’eurodéputé indique notamment vouloir instaurer un « budget carbone pour le numérique » et mieux informer les consommateurs pour qu’ils puissent faire les bons choix au moment d’acheter un nouvel équipement.
« On ne croit pas à l’écologie des petits gestes », défend pour sa part Jill-Maud Royer, responsable du volet numérique de la campagne de Jean-Luc Mélenchon. « Il y a des usages qui posent un problème, ce sont ces usages qu’il faut réguler et pas culpabiliser les gens sur la quantité de streaming qu’ils regardent », explique-t-elle à EURACTIV.
M. Jadot et M. Mélenchon appellent tous les deux à faire de la lutte contre l’obsolescence programmée une priorité, alors que la fabrication des terminaux est responsable à hauteur de 70 % du bilan carbone du numérique, toujours selon les sénateurs.
Les deux hommes veulent également mieux encadrer les data centres, avec des normes plus restrictives sur leur production électrique ou en les incitant à réutiliser la chaleur qu’ils produisent.
« On peut probablement trouver une bonne entente avec les industriels » car leurs dépenses énergétiques représentent leurs principaux coûts, estime Mme Royer.
L’impact des data centres est-il si dramatique ? Pas si sûr selon une récente étude de l’Agence internationale de l’énergie qui estime certes qu’ils sont responsables de 1 % de la demande mondiale en électricité, mais que cette proportion est restée stable ces dernières années, alors que le trafic a lui explosé.
Réemploi et reconditionnement
Les programmes des candidates Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, quant à eux, font la part belle au réemploi et au reconditionnement.
L’actuelle maire socialiste de Paris proposera d’accélérer la filière française, contribuant au passage au mouvement de réindustrialisation du pays qu’elle appelle de ses vœux, en lui faisant bénéficier d’un taux réduit de TVA.
Valérie Pécresse souhaite, elle, créer un « chèque récupération » (10 € pour les téléphones, 50 € pour les ordinateurs) pour inciter les particuliers à ramener les équipements qu’ils n’utilisent plus et alimenter le marché.
« Il y a un potentiel de filière industrielle dans le reconditionnement du matériel informatique », explique à EURACTIV Nelly Garnier, conseillère régionale et porte-parole de la campagne de Valérie Pécresse pour les questions numériques. « L’idée du chèque récupération est de créer un effet d’appel pour lancer du volume », précise-t-elle, soulignant qu’il existait déjà des usines en France prêtes à répondre à l’appel.
« Nous imposerons l’ouverture du marché des pièces détachées et des manuels techniques aux constructeurs (comme pour l’automobile) », peut-on également lire dans le programme de la candidate les Républicains.
Laisser un commentaire