La France doit « sortir du déni » et se préparer à un réchauffement climatique de 4 °C à la fin du siècle. C’est l’appel, depuis plusieurs mois, du ministre de la transition écologique, Christophe Béchu. Le gouvernement a décidé d’ouvrir une consultation nationale, ce jour, mardi 23 mai, sur cette hypothèse et sur ses conséquences pour la population, les filières économiques et les collectivités territoriales.
Français de l’étranger, vous êtes des citoyens à part entière, participez vous aussi à la consultation nationale en partageant vos expériences dans vos pays de résidence.
+4 degrés en France
Lorsque l’on parle d’un réchauffement à +4 degrés, il s’agit d’un réchauffement au niveau de la métropole française, et non un chiffre représentant le globe en entier. Il est important de rappeler que l’Europe fait d’ailleurs partie des régions qui se réchauffent le plus rapidement d’après l’OMM. Une France réchauffée donc à +4 degrés est un scénario dit « modéré », et ne représente pas la totalité du monde qui lui se réchaufferait dans ce scénario de +3 degrés. Mais concrètement quelles conséquences ?
Canicules, sécheresses, et événements extrêmes en cascade
Le pourtour méditerranéen est une région particulièrement vulnérable au changement climatique, plus globalement le Sud du pays. Les précipitations estivales pourraient y diminuer jusqu’à 30 % dans le Sud-Est, réduisant la quantité d’eau disponible. Les sécheresses pourraient durer 10 mois autour de l’arc méditerranéen, ce qui aurait des conséquences dramatiques sur les secteurs agricoles, industriels et domestiques.
Les canicules deviendront plus fréquentes, plus intenses et plus longues. La tristement célèbre canicule de 2003 aurait la possibilité de se produire quasiment chaque été, devenant donc la norme. Puisque le nombre de jours « anormalement chauds » penchera vers une augmentation sur l’ensemble du territoire. Notons que les vagues de chaleur sont des événements météorologiques naturels, mais le changement climatique amplifie leur intensité et leur fréquence.
Les événements météorologiques extrêmes, à l’image des précipitations très fortes ou encore des tempêtes hivernales, vont s’amplifier. Les épisodes de pluies intenses pourraient devenir plus fréquents et plus forts, une augmentation prévue de 5 à 30 % en fonction des régions. Causant donc des inondations subites, impactant les infrastructures, les écosystèmes et la santé humaine.
Les orages ne deviendront pas plus fréquents, ils seront même en légère diminution dans la région méditerranéenne. Cependant, les prévisions tablent plutôt sur une intensification potentielle des précipitations lors d’orages, donc une sévérité de ces systèmes accrue.
Des régions pourront devenir difficilement vivables l’été
En raison de l’augmentation des températures, la quantité d’humidité dans l’air augmentera. Ce qui pose des problèmes graves sur la santé, notamment durant les périodes de fortes chaleurs. L’hyperthermie est une condition médicale dans laquelle le corps est en surchauffe. Si l’humidité est trop présente dans l’air, le corps ne peut pas se rafraîchir en utilisant la transpiration, empêchant ce processus.
L’on risque d’être exposé à des jours dangereux, voire mortels, ce qui veut dire que ces conditions seront réunies et représenteront une véritable menace pour la santé des individus. Bien que les régions à l’équateur sont largement plus exposées, l’arc méditerranéen ne reste pas en marge avec entre 1 à 10 journées à risque sur l’ensemble d’une année.
Apparition de virus et bactéries
À notre ère, des maladies telles que la dengue, le chikungunya sont déjà présentes, mais le changement climatique peut exacerber les risques de transmission de ces maladies et augmenter leur prévalence. Principalement à cause de l’augmentation de la température et de la modification des précipitations, les moustiques porteurs de ces maladies auront plus la possibilité de se développer et se reproduire.
Créant alors de nouvelles zones de reproduction… Les impacts sont multiples, déjà une augmentation des décès suite à la contraction de ces maladies. Aussi des coûts de santé supplémentaires. Si une épidémie survient, elle peut vite saturer nos hôpitaux, à l’image de ce qui a pu être observé durant la pandémie de Covid-19.
La pollution et les maladies liées à l’eau aggravées par le changement climatique
Les maladies respiratoires telles que l’asthme et la maladie pulmonaire obstructive chronique seront plus intensifiées par la pollution de l’air et les températures élevées. Les maladies liées à l’eau (telles que la diarrhée et le choléra), qui peuvent être causées par la contamination de l’eau potable due aux inondations et aux sécheresses, risquent d’être favorisées par ces conditions météorologiques défavorables.
Le maïs, le soja et le blé en première ligne
Les plantes comme le maïs et le blé sont celles qui nécessitent une grande quantité d’eau, et à cause des sécheresses à répétition, cela pourrait réduire les rendements et la qualité des légumes. En 2020, la France a produit environ 14 millions de tonnes de maïs, ce qui la place au quatrième rang des producteurs européens.
De plus, l’augmentation des températures favoriserait le développement et l’installation de maladies et de nuisibles. En particulier les vignobles, très sensibles aux températures nocturnes chaudes, réduisant la qualité des fruits et des raisins. Les cultures à cycle court pourraient également être touchées par des phénomènes météorologiques extrêmes tels que des orages de grêle et des vents violents, réduisant également leurs rendements.
Des villes comme Calais ou Dunkerque les pieds régulièrement dans l’eau
Les océans pourraient monter de 0.62 centimètre à 1.02 mètre d’après l’Agence européenne pour l’environnement. Ces valeurs ne doivent pas vous dire grand-chose, et pourtant, dans ce scénario une mer arrivée à un tel niveau mettrait les villes de Calais, Dunkerque ou même de nombreuses régions côtières atlantiques en grande difficulté.
Par exemple lors de fortes tempêtes, le risque de submersion marine et d’inondations est multiplié. Ces régions côtières du pays sont très peuplées et sont situées à une altitude très proche du niveau de la mer, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux conséquences de la montée du niveau de la mer, comme l’érosion du littoral, la submersion marine et la perte d’habitats naturels. Il est donc primordial d’adapter les zones côtières à ces risques.
Les objectifs du gouvernement
Alors que les impacts du dérèglement climatique sont déjà manifestes en France et vont s’aggraver, le ministère souhaite définir une trajectoire de référence pour l’adaptation au réchauffement, qui servira de base aux futures politiques et permettra de les renforcer. Cette discussion doit contribuer à la mise à jour du prochain plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), qui devrait être publié à la fin de l’année.
L’objectif du gouvernement est d’harmoniser les politiques d’adaptation à ce changement, avec le scénario le plus pessimiste possible, pour qu’elles soient cohérentes. Cela concerne notamment les infrastructures publiques, les réseaux d’eau qui vont devoir drainer des quantités plus importantes. Cela concerne également les routes qu’il faut protéger à tout prix pour laisser passer les secours.