« Citoyen des deux rives » reconnecte les jeunes français à leur pays d’origine

« Citoyen des deux rives » reconnecte les jeunes français à leur pays d’origine

Parce que les parcours d’expatriés dessinent des nouvelles appartenances, il est parfois important de retisser du lien avec son pays d’origine. C’est l’ambition que porte l’action « Citoyen des deux rives », un projet initié par Nathalie Guzzo et Bernard Virelaude, co‑fondateurs de Mozeact. À travers des journées participatives, ils tentent de répondre à l’absence d’organisation de la JDC (Journée citoyenneté et défense) chez les jeunes Français de l’étranger. Au cours de ce podcast, les initiateurs de ce concept nous partagent ainsi leurs objectifs et leur expérience grandeur nature en Tunisie.

Écouter le podcast avec Nathalie Guzzo et Bernard Virelaude

Le décrochage des jeunes expatriés avec la France

Invités de notre rédaction, Nathalie Guzzo et Bernard Virelaude, co‑fondateurs de Mozeact, racontent une aventure née de divers déplacements à travers le monde. Après avoir rencontré la communauté française dans une quinzaine de pays, un constat s’est imposé : la crainte d’un décrochage des jeunes visàvis de la France. Parents, associations et, surtout, élus des Français de l’étranger décrivent des adolescents qui passent de pays en pays, ne connaissent l’Hexagone qu’au rythme des vacances, et manquent de clés pour comprendre ses institutions, sa place dans le monde et les enjeux du moment.

« On n’est pas là pour apprendre aux jeunes que la France fait mieux que tout le monde, on est là pour expliquer aux jeunes comment fonctionnent nos pays »

Nathalie Guzzo, Citoyen des deux rives

Point de départ symbolique, mais pas unique : le quasi-absence de l’organisation de la Journée défense et citoyenneté (JDC) en présentiel pour les jeunes établis hors de France, notamment après le Covid. Sans prétendre « remplacer » la JDC, le projet « Citoyens des deux rives » entend fournir des repères concrets, adapté aux réalités locales des pays de résidence tout en valorisant également la double appartenance.

Citoyen des deux rives : l’expérience en Tunisie

Portée en Tunisie par l’ADFE–Français du monde, à l’initiative de Martine Vautrin Djedidi, élue des Français établis dans le pays, une première édition a vu le jour. Des jeunes franco‑tunisiens de 11 à 20 ans, au‑delà des seuls élèves du réseau AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) ont ainsi participé à la journée « Citoyen des deux rives ».

Martine Vautrin Djedidi et Karim Ben Cheikh - Atelier sur les institutions françaises
Martine Vautrin Djedidi, conseillère des Français en Tunisie et Libye, et Karim Ben Cheikh député des Français de l'étranger, 9e circonscription - Atelier sur les institutions françaises au cours de la rencontre "Citoyen des deux rives" à Tunis de l'étranger

Au programme, un dispositif mêlant interventions institutionnelles (attaché de défense, consule générale, ambassadrice) et témoignages sur les métiers de la diplomatie en lien avec le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), mais aussi des ateliers animés par un député et aussi un sénateur venus expliciter, très concrètement, le rôle du parlementaire. Dans ce podcast, nos invités reviennent sur cette expérience et partagent les retours des différents participants.

Alors que le climat entre la France et la Tunisie s’est tendu dernièrement ce type d’initiatives peuvent-elles favoriser le dialogue ou, au contraire, crisper les autorités ? Pour Nathalie Guzzo : « On n’est pas là pour apprendre aux jeunes que la France fait mieux que tout le monde, on est là pour expliquer aux jeunes comment fonctionnent nos pays ».

Quel avenir pour « Citoyen des deux rives » ?

Forte de l’expérience tunisienne, l’équipe explore désormais de nouveaux terrains pour organiser « Citoyen des deux rives » dans d’autres pays, à commencer par l’Irlande. Rien, toutefois, ne sera transposé à l’identique. Ce qui a fonctionné à Tunis ne sera pas un copié‑collé à Londres ou à Dublin. Nos interlocuteurs rappelant que chaque communauté en fonction de son pays de résidence possède aussi ses codes.

« Si l’État n’arrive pas à monter un format qui puisse aller au-delà de ce qui est fait actuellement, pourquoi pas le confier à d’autres »

Nathalie Guzzo, Citoyen des deux rives

Si l’organisation de la JDC évolue actuellement en France et pourrait, à terme, se redéployer à l’étranger, « Citoyen des deux rives » joue la complémentarité. Toutefois, « Si l’État n’arrive pas à monter un format qui puisse aller au-delà de ce qui est fait actuellement, pourquoi pas le confier à d’autres », précise Nathalie Guzzo. Cette dernière explique également qu’elle « n’est pas dans une démarche commerciale, on est une entreprise engagée, nous ce qu’on veut c’est dupliquer. (…) le format (…) on le donne bien volontiers aux associations », indique-t-elle.

Atelier sur le rôle du député
Atelier sur le rôle du député lors de la journée Citoyen des deux rives à Tunis

Des dossiers liés au STAFE (Dispositif de soutien au tissu associatif des Français à l’étranger) ont aussi été déposés. Il s’agit de pouvoir ainsi obtenir une participation financière de la France pour aider à l’organisation de ces journées, en lien avec les associations françaises situées en dehors du territoire national. Une forme de partenariat public-privé pourrait-il ainsi se développer ?

Auteur/Autrice

  • Jérémy Michel est rédacteur en chef adjoint du média Lesfrancais.press. Il est également coach en développement personnel et formateur en communication. Jérémy a auparavant travaillé au sein de diverses institutions politiques françaises et européennes. Il a aussi été en charge des affaires publiques d’un grand groupe spécialisé dans la santé.

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