Chine, Europe, États-Unis : les limites du combat commercial 

Chine, Europe, États-Unis : les limites du combat commercial 

Depuis plusieurs années, la Chine a développé ses capacités de production, dans les secteurs de l’automobile, des batteries et de la sidérurgie. Ces capacités sont d’autant plus importantes que la demande intérieure est étale. Ces capacités importantes incitent les entreprises chinoises à exporter notamment en Europe et aux États-Unis. Cette conquête de parts de marché s’effectue au moment même où les pays de l’OCDE tentent de se ré-industrialiser. Ces derniers sont de plus en plus tentés d’instituer des barrières protectionnistes afin de protéger leur industrie. 

La Chine est confrontée à une situation d’excès de capacité de production industrielle en lien avec l’affaiblissement de la demande interne. Dans les années 2010, les gouvernements chinois ont parié sur le développement de celle-ci pour compenser la stagnation des exportations. La crise immobilière et le vieillissement démographique conduisent à une faible progression de la demande intérieure. Cette dernière est stable depuis 2020. Entre 2010 et 2023, la demande intérieure en produits manufacturiers a doublé quand la production a triplé. L’excédent de production a pour conséquence une diminution des prix des produits industriels sur le marché intérieur chinois. La baisse, dépasse 1 % en rythme annuel.

Surproduction chinoise 

L’écart croissant entre demande intérieure et production risque d’augmenter dans les prochaines années en raison du maintien d’un fort taux d’investissement (hors immobilier). L’investissement hors construction est en hausse de 8 % en rythme annuel au début de l’année 2024. L’investissement en machines et équipements progresse même de près de 20 %. 

Dans ces conditions, les entreprises chinoises tentent par tous les moyens d’accroître leurs exportations de biens. Celles-ci à destination de l’Union européenne atteignent 500 milliards de dollars en rythme annuel fin 2023, contre 400 milliards de dollars fin 2019. 

Les pays occidentaux sont amenés à protéger leur marché intérieur en multipliant les droits de douane ou les quotas. L’Union européenne essaie ainsi de limiter les importations de batteries et de voitures électriques, de cellules photovoltaïques et des éoliennes. Les États-Unis ont décidé d’accroître les droits de douane sur l’acier. Les Occidentaux accusent les entreprises chinoises de bénéficier d’aides publiques et de procéder à du dumping. L’Europe comme les États-Unis sont sur la défensive en recourant à des mesures traditionnellement mises en œuvre par les pays émergents ou en développement.

Europe–US-and-China

Les limites du protectionisme 

L’économie européenne est confrontée à un écart de coûts salariaux avec la Chine de 25 %. La productivité permettait jusqu’à maintenant de compenser cet écart mais elle a tendance à baisser en zone euro depuis 2017. Pour les secteurs à forte intensité technologique, la Chine a des niveaux de productivité proches de ceux de l’Europe. L’instauration de droits de douane en Europe comme aux États-Unis aboutit à augmenter les prix de vente et à pénaliser les consommateurs et la croissance. Elle risque de ralentir la diffusion du progrès technique et d’accroître un peu plus les niveaux de prix entre la Chine et les pays de l’OCDE. 

Le choix des sanctions bilatérales a pour conséquence de générer une spirale protectionniste qui nuit aux échanges internationaux et donc à la croissance. 

En cas de dumping avéré de la Chine, l’Union européenne comme les États-Unis auraient tout avantage à jouer la carte du multilatéralisme et de l’Organisation Mondiale du Commerce. En multipliant les mesures protectionnistes, les pays occidentaux suscitent l’hostilité croissante des pays du Sud qui se voient privés de débouchés commerciaux.

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