La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, s’est rendue ce mardi en Arménie avec l’objectif de renforcer les liens avec les autorités du pays confrontées à l’afflux de réfugiés en provenance du Haut-Karabakh et qui redoutent des opérations militaires azerbaïdjanaise sur leur territoire.
Un lien fort entre la France et l’Arménie
Le sujet est sensible en France, pays d’accueil de nombreux Arméniens et qui compterait entre 400.000 et 600.000 habitants d’ascendance arménienne dont certains reprochent à la France de ne pas avoir suffisamment agi depuis la prise de l’enclave montagneuse par Bakou après une opération militaire éclair le 19 septembre.
« Il y a également un volet bilatéral, de relations politiques évidemment, pour conforter l’Arménie, dont chacun peut mesurer aussi l’isolement », a déclaré une source diplomatique française.
La France a déjà fourni 12,5 millions d’euros d’aide humanitaire et le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu a déclaré samedi que la France était disposée à fournir une assistance militaire si l’Arménie en faisait la demande.
Paris a également apporté son soutien à l’idée de sanctions contre Bakou, mais l’idée se heurte à la réticence de plusieurs pays européens très dépendants du gaz azerbaïdjanais.
« L’Arménie a besoin de garanties en matière de sécurité. Peu importe qui les fournit, qu’il s’agisse du Royaume-Uni, de la France, des Etats-Unis, c’est extrêmement important », a dit un diplomate arménien avant la visite de Catherine Colonna.
Catherine Colonna
Mobilisation de la communauté arménienne en France
Alors que des rassemblements en soutien aux Arméniens se multiplient, notamment en France, Catherine Colonna avait déjà tenu à rappeler le soutien du gouvernement à Erevan.
Le 26 septembre, lors des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, cette dernière indiquait «qu’aucun pays» n’aidait «davantage l’Arménie que la France», rappelant que «toutes les réunions du Conseil de sécurité des Nations unies» s’étaient «tenues à l’initiative de la France».
Cette situation diplomatique préoccupe également Emmanuel Macron. Le 24 septembre, lors d’un entretien accordé à nos confrères de France 2, le chef de l’Etat s’était inquiété d’une possible offensive militaire de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie, soulignant que Bakou «menaçait l’intégrité territoriale» d’Erevan.
Depuis le 19 septembre, et l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan sur l’enclave du Haut-Karabakh, plus de 100.000 Arméniens de cette région montagneuse ont fui pour trouver refuge en Arménie. Au total, près de 600 morts sont à déplorer dans le sillage de cette opération militaire.
Face à cette situation, l’Arménie a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l’ONU, des mesures urgentes pour protéger les habitants de l’enclave.
Les Français en Arménie
En Arménie, il existe un attachement à la langue française qui s’explique en partie par une francophilie présente de longue date au sein des élites arméniennes. Ainsi, au dix-neuvième siècle, les théoriciens du nationalisme arménien se sont beaucoup inspirés des philosophes des Lumières français et de la Révolution française.
Cette bienveillance envers notre culture a toujours été un pont entre nos peuples. Ainsi pour prévenir une invasion azérie dans le sud du pays, mais aussi pour dissuader Bakou, et assurer l’Arménie de son soutien, Catherine Colonna, la ministre française des Affaires étrangères, a annoncé ce 26 septembre à l’Assemblée nationale l’ouverture d’une antenne consulaire dans la région. Paris va «également renforcer sa coopération de défense avec l’Arménie. […] Un attaché de défense sera présent à l’ambassade de France à Erevan», a ajouté la locataire du quai d’Orsay.
Car s’il y a peu de Français sur place, moins de 5000, il y a près de 400 000 arméniens en France.
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